Contenu du sommaire : L'extrême droite en Europe

Revue Hérodote Mir@bel
Numéro no 144, 1er trimestre 2012
Titre du numéro L'extrême droite en Europe
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Extrême droite en Europe : une analyse géopolitique - Béatrice Giblin p. 3-17 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La montée électorale dès le début des années 1980 du Front national, créé en 1972, a fait de la France une exception en Europe. On sait que ce n'est plus le cas et que, dans nombre de pays européens, non seulement les partis d'extrême droite obtiennent désormais des scores comparables à ceux du FN, et parfois supérieurs, mais aussi que le système électoral leur permet de faire partie de coalitions gouvernementales, pour constituer des majorités de droite. Le vote en faveur des partis d'extrême droite dans nombre de pays européens a pour cause principale le rejet de l'immigration musulmane, vue désormais comme faisant peser une menace sur l'identité nationale et les valeurs de la Nation. Dans le contexte actuel de la mondialisation économique, rendue responsable des délocalisations des entreprises industrielles et donc du chômage, l'étranger sert de bouc émissaire. Ces ressorts communs à la montée de l'extrême droite en Europe n'effacent pas les particularités des situations nationales. C'est pourquoi nous avons choisi de présenter diverses situations européennes pour mieux les comprendre, sans oublier de nous intéresser à la Russie.
    Far-right in Europe : a geopolitical analysis The early electoral rise of the French Front National (FN), as early as the 1980s while created in 1972, was an exception in Europe. It is not the case anymore and far right parties score as high in numerous European countries, and sometimes higher. Moreover, the electoral system allows them to participate in government coalitions in order to build right wing majorities.
    The rejection of Muslim immigration is the main reason for these scores because it is seen as threat for the national identities and values. In a context of economic globalization, the foreigner is made responsible for industries relocations and unemployment. While these forces are shared across Europe, there are specific national features. This is why we chose to present different European situations, including Russia, to better understand the phenomenon.
  • Les temps du vote Front national et de ses représentations - Bernard Alidières p. 18-37 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Il s'agit de montrer que, si l'« insécurisation » est un facteur d'explication du vote FN dans les milieux populaires, ce phénomène n'est pas récent et doit être envisagé sur un temps plus long. En 1984, la percée électorale du FN avait déjà été précédée d'une forte hausse de l'insécurité. Or, dans les analyses du vote FN, cette question a été délaissée ou réduite à l'évocation d'un fantasme sans lien avec la hausse des délits. Ce type de représentation a eu une influence durable sur la gauche et contribué au maintien d'un déficit politique face au FN au moins jusqu'en 1997. Il faut considérer aussi les différents temps de l'offre frontiste. Dans les années 1990, la fidélisation de l'électorat s'opère avec le maintien du vote FN au second tour des élections territoriales, ce qui permet au FN d'exercer son « pouvoir de nuisance » aux dépens de la droite. Puis, la scission Mégret-Le Pen a eu des effets durables : de 1999 à 2009, le vote FN a régressé à tous les types de scrutin (sauf en avril 2002) et son « pouvoir de nuisance » disparaît. De nombreux électeurs du FN ont rejoint les « abstentionnistes intermittents », un électorat que Marine Le Pen, à l'instar de la droite et de la gauche, devra convaincre en 2012.
    The stages of the Front National vote and its representations The rising feeling of insecurity among the working-class is one explanation of the Front National vote but needs to be understood on a long-term basis. In 1984, a strong increase of insecurity already preceded the Front National breakthrough. And yet, this question was eluded or reduced to the evocation of a fantasy disconnected with the rise of misdemeanors. This kind of representation has had a long-standing influence on the left and was a major factor in the perpetuation of a political deficit against the FN, at least until 1997. The different stages of the Front National's offer needs to be considered as well. In the 1990s, the FN exercised its nuisance power against the right and thus, secured the loyalty of its electoral base. Then, the schism between Mégret and Le Pen had long-standing consequences : from 1999 to 2009 (except in April 2002), the FN scores decreased and its nuisance power disappeared. Numerous FN voters joined intermittent abstainers, a voter base that Marine Le Pen needs to convince in 2012, as the other candidates from the left and the right alike do.
  • L'extrême droite en Hongrie. Racines, culture, espace - Balázs Ablonczy, Bálint Ablonczy p. 38-59 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le score aux élections européennes de 2009 (14,77% des voix) et aux élections législatives de 2010 (16,67% des voix au premier tour) de Jobbik Magyarországért Mozgalom (Mouvement pour une Hongrie meilleure, communément appelé Jobbik) en Hongrie avait attiré l'attention internationale sur l'émergence d'une nouvelle droite radicale dans la région. Au bout d'une crise politique qui a envenimé la situation politique hongroise depuis 2006 et la crise économique mondiale aidant, 855000 électeurs hongrois (sur environ 5 millions de votants) se sont prononcés en faveur d'une option politique totalement étrangère aux valeurs déclarées de l'Union européenne. Il serait tentant de parler d'un phénomène inédit, spécifiquement hongrois, sans racine et sans commune mesure avec des forces politiques similaires d'autres pays, et d'établir une affiliation directe des « démons du passé ». Dans cet essai nous tenterons de démontrer que la résurgence de ces idées est le fruit de processus socioéconomiques et culturels complexes ayant trait aux événements récents tout aussi bien qu'à certaines spécificités de l'histoire des idées politiques en Hongrie, et à certaines questions qui n'ont pas été posées depuis la transition démocratique de 1990.
    The far right in Hungary : roots, culture and space In Hungary, the results of the 2009 European election (14,77%) and the 2010 legislative election (16,67%) of the Jobbik Magyarországért Mozgalom (called Jobbik) attracted international attention on the emergence of a new radical right. After a political crisis that poisoned the Hungarian political relationships since 2006, and in the context of the world economic crisis, 855000 voters (out of a total of approximately 5 millions) favored a political option totally opposed to the EU declared values. We could easily understand this phenomenon as specifically Hungarian, with no roots and no comparable force abroad and to link it to the “old demons”. In this article, we demonstrate that the resurgence of these ideas is the result of complex economic and social processes related to recent historical events, as well as specificities of the Hungarian political ideas history, and unasked questions since the 1990 democratic transition.
  • L'extrême droite allemande : une stratégie de communication moderne - Delphine Iost p. 60-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Aujourd'hui encore, la société allemande reste profondément marquée par le traumatisme du génocide des Juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale et les organisations politiques ouvertement racistes et xénophobes n'ont pas voix au chapitre dans les médias de masse. Afin de contourner cette mise au ban médiatique, l'extrême droite allemande a développé une stratégie d'utilisation ciblée des outils de communication moderne (musique, Internet) afin de s'adresser à un public jeune. Outre cette occupation d'un espace virtuel, le Parti national-démocrate (NPD) et son organisation de jeunesse (JN) s'investissent massivement dans l'organisation d'une série de manifestations, véritables démonstrations de force dans l'espace public. Cette évolution ne reste toutefois pas sans rencontrer de résistance et les citoyens sont nombreux à se mobiliser contre ces apparitions publiques. Par le biais de contre-manifestations, mais aussi par une réflexion plus profonde sur les moyens à mettre en place au quotidien, nombreux sont ceux qui s'organisent pour protester contre l'extrême droite.
    The German far right : a modern strategy of communication The German society is still deeply traumatized by the Second World war Holocaust so the openly racist and xenophobic political organizations do not have a say in the mass media. In order to get round this ostracization from the media, the German far right developed a modern communication strategy (music, Internet) to target young people. In addition to this presence in the virtual space, the NDP (National-Democrat Party) and its youth organization (JN) invest a great deal in a series of events, real demonstrations of power in public spaces. However, this evolution meets resistance from the population. Through counter-demonstrations, but also a deep reflection on the actions to put into place on a daily basis, numerous citizens mobilize against these far right public apparitions.
  • Les droites extrêmes et populistes dans les pays nordiques - Cyril Coulet p. 77-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les élections législatives suédoises en 2010 et finlandaises en 2011 ont consacré la percée politique des formations populistes de droite qui disposent désormais d'une représentation dans l'ensemble des parlements nationaux des pays nordiques. Ces dernières ont fait du rejet de l'altérité leur thématique de campagne principale. Cet article ambitionne de saisir les conditions favorisant l'émergence de ces formations ainsi que leurs spécificités par rapport aux mouvements d'extrême droite. Les déterminants du vote pour ces partis laissent apparaître que la densité des migrants est moins significative que la capacité de médiatisation des conflits de valeurs entre les migrants et leur société d'accueil. L'étude des politiques publiques révèle que l'influence politique des partis populistes de droite est plus importante que prévu.
    Populist and extreme-right parties in Nordic countries Swedish parliamentary elections in 2010 and Finnish parliamentary elections in 2011 have witnessed the electoral breakthrough of right populist parties. They currently enjoy a representation in all national parliaments in Scandinavia. This article aims at grasping the favoring conditions behind the rise of these political parties as well as their specific characteristics compared to far right movements. Determinants of voting behaviors for these parties reveal that migrants' density per se is less significant than the media coverage of conflicting values between migrants and their host society. A study of public policies reveals that the political influence of right populist parties is greater than expected.
  • Les transformations urbaines et l'émergence des partis populistes de la droite radicale en Europe. Le cas de la ville de La Haye - Wouter Van Gent, Sako Musterd p. 99-112 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article reprend trois explications traditionnelles de l'émergence des partis populistes de la droite radicale dans une perspective urbaine, et tente de comprendre les changements spatiaux à l'intérieur même de la ville. Nous avançons l'idée que ces changements sont plus importants que la composition sociale des différents quartiers, et qu'ils résultent de processus sociaux et spatiaux découlant de trois décennies de transformation urbaines dans les villes d'Europe. En examinant la géographie électorale des partis populistes de la droite radicale à La Haye en 2010, nous avons identifié trois types de quartiers différents ceux caractérisés par la diversité ethnique, l'isolement social et la protestation politique. En conclusion nous proposons quelques pistes de recherches.
    Urban transformation and support for radical right-wing populist parties This paper redefines three traditional explanations for supporting Radical Right-Wing Populist Parties (RRPP) from an urban perspective and aims at understanding spatial variations within the city. We argue that these variations reflect more than the social composition of neighbourhoods, but are also the result of socio-spatial processes which are related to three decades of urban transformation that have affected European cities. By examining the electoral geography of RRPP support in the Dutch city of Den Haag in 2010, we identify three different types of neighbourhoods based on ethnic competition, social isolation and policy protest. We conclude by suggesting an agenda for further research.
  • « Ceci n'est pas un parti » : le véhicule fantôme de l'anti-islamisme de Geert Wilders - Virginie Mamadouh, Herman van der Wusten p. 113-121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders est depuis les législatives de 2010 le troisième des Pays-Bas, qui plus est un partenaire indispensable du gouvernement minoritaire de la coalition des conservateurs du VVD et des chrétiens-démocrates du CDA. Cette contribution retrace le parcours politique de Geert Wilders depuis ses débuts comme assistant du groupe parlementaire de Frits Bolkestein en 1990. Elle retrace le succès de son parti (qui en vérité n'en est pas un puisqu'il n'a pas de membres), dans le contexte du débat sur l'immigration, l'intégration et l'islam, des assassinats politiques de Pim Fortuijn en 2002 et Theo van Gogh en 2004 et de la montée de mouvements populistes anti-islamistes aux Pays-Bas. Elle présente enfin les grands traits de la géographie électorale du PVV.
    « This is not a party » : Le véhicule fantôme de l'anti-islamisme de Geert Wilders The Party for freedom (PVV) of Geert Wilders is since the general election of 2010 the thord party in the Netherlands. Foremost it is the indispensable partner of the minority government of the coalition of the conservatives of the VVD and the Christian-democrats of the CDA. This presents the political trajectory of Geert Wilders since his beginnings as parliamentary assistant of the group of Frits Bolkestein in 1990. It situates the electoral success of his party which is not really a party as it has no member, in the context of the debates on immigration, integration and Islam, the political assassinations of Pim Fortuijn in 2002 and Theo van Gogh in 2004, and the rise of anti-Islamist populist movements in the Netherlands. Finally it reviews the main aspects of the electoral geography of the PVV.
  • Deux visions de l'extrême droite dans l'ex-Yougoslavie : les cas de la Slovénie et de la Serbie - Laurent Hassid p. 122-140 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans les deux anciennes républiques yougoslaves de Slovénie et de Serbie, indépendantes depuis 20 ans, l'extrême droite se manifeste de manière très différente. En Slovénie, le parti d'extrême droite, le SNS de Zmago Jelincic, n'est qu'un acteur secondaire du nationalisme, laissant le rôle essentiel au leader du parti conservateur (SDS) de Janez Jansa, Premier ministre de 2004 à 2008, comme l'a démontré l'exploitation politique de l'affaire des effacés. En Serbie, au contraire, le Parti radical de Vojislav Seselj a failli gagner des élections nationales à plusieurs reprises et des groupuscules, souvent violents, disséminés dans la société civile, se revendiquent d'extrême droite. L'indépendance du Kosovo en février 2008 a contribué à scinder l'extrême droite serbe avec la création du Parti progressiste dirigé par l'ancien dauphin de Seselj, Tomislav Nikolic, qui se présente désormais en chef d'un parti conservateur face au parti pro-européen du président Boris Tadic. Entre un parti conservateur slovène qui glisse vers un nationalisme excessif et l'extrême droite serbe qui se cherche une respectabilité, les débats autour de la nation restent primordiaux dans ces deux États balkaniques.
    Two visions of far right in Ex-Yugoslavia : Slovenia and Serbia cases In the former Yugoslav republics of Slovenia and Serbia, both independent since 1991, the right-wing extremism phenomenon takes on different characteristics. As the case of the Erased people desmonstrates in Slovenian nationalist discourse, Zmago Jelincic's Slovenian National Party plays a secondary role to the protagonist Prime Minister Janez Jansa between 2004 and 2008. By contrast, Vojislav Seselj's Serbian Radical Party came close to winning national elections on several occasions and violent grassroots groups habitually identify themselves as right-wing extremists. The emergence of an independent Kosovo in February 2008 contributed to a divide extremist right-wing factionalism in Serbia. The main factions that emerged are one led by Tomislav Nikolic, once in Seselj's Radical Serbian Party, who now presents himself as the leader of a conservative political movement against Boris Tadic's pro-European party. Given Slovenia's conservative party, which leans towards excessive nationalism, Serbia's extreme far-right, which presents itself as more moderate debates about the nation continue to be essential in the two Balkan states.
  • Le nouveau nationalisme en Russie - Anastasia Mitrofanova p. 141-153 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le nationalisme classique, apparu en Russie à la fin du XIXe siècle à l'issue de la désagrégation de l'idéologie panslaviste, était paradoxalement non ethnique. Ses idéologues préféraient évoquer non pas la « race russe » supérieure par essence mais bien la « nation russienne » qui incluait toutes les ethnies de l'empire. En revanche, le nouveau nationalisme, qui naît après la Seconde Guerre mondiale sous l'influence du national-socialisme germanique, est clairement d'inspiration ethnique. Dans ce nouveau nationalisme il faut distinguer deux tendances majeures : des organisations radicales paramilitaires imitant l'idéologie et la symbolique du néonazisme européen (cf. Parti populaire national), et des organisations modérées nationalistes non militarisées ayant pour but la conquête légale du pouvoir ou la quête d'influence sur le pouvoir en place. Ces nationalistes modérés sont apparus précisément afin de fédérer des couches larges de la population et des classes moyennes au détriment des radicaux et des marginaux, chasse gardée du nationalisme classique. Ils font de la lutte contre l'immigration illégale et musulmane leur cheval de bataille.
    The new nationalism in Russia Paradoxically, the traditional nationalism that appeared in Russia towards the end of the nineteenth century was non-ethnic. Its ideologists preferred to refer to the “Russian nation” (including all the ethnic groups of the Empire) instead of an essentially superior “Russian race”. On the other hand, after World War II and under the influence of the German national-socialism, the new nationalism is clearly of ethnic inspiration. In this new nationalism, one must distinguish two major trends : paramilitary radical organizations imitating the Nazi ideology and symbolism (Popular Party for instance), and non-military moderate nationalist organizations whose goal is to legally gain power and influence over the official power. These moderate nationalists precisely appeared to federate large numbers of people and the middle-class to the detriment of radicals, exclusive territory of the traditional nationalism. The fight against illegal immigration and Muslim immigration is their front preoccupation.
  • Les législatives de 2011 dans l'« archipel de la puissance » : prémices d'un pluralisme politique à la russe ? - Kevin Limonier p. 154-162 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Quelques mois après les « printemps arabes », les manifestations en Russie véhiculent des représentations fortes. Spectaculaires et inédites depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, ces mobilisations n'en demeurent pas moins très minoritaires à l'échelle nationale, et permettent mal de saisir l'ampleur et la nature de la contestation dont fait aujourd'hui l'objet Russie unie. En revanche, plus vaste et plus significative a été la remise en cause par la classe moyenne provinciale de la suprématie électorale du parti au pouvoir lors des législatives. Dans un pays où le niveau de vie est en hausse depuis une dizaine d'années, l'analyse de certains des territoires où se concentre cet électorat contestataire pourrait apporter d'utiles enseignements sur l'évolution du système politique russe.
    The 2011 general election in the « power archipelago » : the beginnings of a Russian political pluralism ? A few months after the « Arab spring », recent demonstrations in Russia carry some strong representations. Even if these mobilizations are spectacular and totally new since Vladimir Putin came into power, it remains a minority issue at nationwide level, which does not allow an extensive understanding of deep political changes happening in Russia today. Beside, reconsideration of United Russia's electoral supremacy by provincial middle class during Federal Duma elections has been a wider and more significant. In a country where the level of life is continuously increasing, analyzing such territories where these voters live could bring some useful information about Russia's political system evolution.
  • La forte croissance de Plataforma per Catalunya : À l'aube d'un nouveau national-populisme en Espagne ? - Hassen Guedioura p. 163-181 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'Espagne ne figure plus parmi les rares pays européens à être épargnés par la vague nationale-populiste qui touche le continent depuis le début de ce millénaire. La Plataforma per Catalunya (PxC), nouveau parti d'extrême droite violemment xénophobe ou plus spécifiquement « morophobe », enregistre une forte dynamique de croissance dans un contexte marqué par l'arrivée massive de travailleurs immigrés (1,4 million en 2001, ils sont presque 6 millions en 2011 ; environ 12% de la population – INE) et une crise économique durable faisant de cet État celui où le taux de chômage est le plus élevé d'Europe (20,4% – Eurostat 2011). Ce surgissement soudain de l'extrême droite n'en reste pas moins paradoxal car on a longtemps cru que ce pays serait immunisé face à un phénomène qui a toujours été marginal depuis l'avènement de la démocratie. Aussi parce qu'il a lieu en Catalogne, région autonome qui se projette comme un espace d'immigration et d'intégration. La réussite relative de PxC est le fruit d'une stratégie de conquête territoriale s'appuyant sur un ancrage local fort et qui saura tirer parti de ce contexte nouveau. Mais elle est surtout le produit d'une savante et complexe alchimie idéologique conçue par son leader, Josep Anglada i Rius, qui va réussir à adapter le discours des nouvelles formations européennes dites « identitaires » à la singularité géopolitique espagnole et catalane.
    The strong growth of Plataforma per Catalunya : The beginnings of a new national populism in Spain ? Spain was one of the few European countries where the rise of the extreme right movements was not a significant issue. Not anymore, not until now. Plataforma per Catalunya (PXP) is a new extreme right political party in the Spanish political scene. Racist, Xenophobic, mainly morophobic, this political party rises with considerable force in a specific context characterized by the massive arrival of immigrants workers (1,4 millions in 2001, almost 6 millions in 2011 ; representing around 12% of the total population- INE) and by an economic crisis. The unemployment rate is the highest one of Europe (20,4% — eurosat/2011). The irruption of the far right is nevertheless paradoxical since this type of phenomenon has been quite marginal since the implementation of a democratic regime in Spain. Furthermore, it seems even more baffling because the emergence of this trend occurs in Catalonia, a region traditionally considered as a place of immigration and integration. The success of the PXC is mainly the outcome of the parties' territorial conquest strategy based on local anchoring and the exploitation of the Spanish social and economic contexts. This success is also the product of a clever ideological alchemy orchestrated by the leader of the party, Josep Anglada i Rius, whom achieves to adapt the discourse of new formations in Europe called identities to the Spanish and Catalonian geopolitical idiosyncrasy.
  • L'extrême droite au Royaume-Uni : une réelle imprégnation idéologique dans l'espace politique et public au cours de la dernière décennie - Kevin Braouezec p. 182-204 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La dernière décennie a marqué un changement important dans la vie politique et dans les mentalités britanniques : les partis et courants extrêmes de droite ont effectué une vraie progression électorale et ont occupé une place notable dans l'espace politique britannique. Alors qu'historiquement la culture civique britannique faisait rempart contre la pensée extrémiste, les événements des années 2000 (attentats du 11 septembre 2005, attentats de Londres en 2005, crise financière) et l'émergence de formations politiques plutôt bien organisées comme le British National Party (BNP) et l'United Kingdom Party (UKIP) ont permis cette imprégnation idéologique et électorale de la pensée extrémiste anti-immigration et antieuropéenne au Royaume-Uni. Face à la montée de l'extrême droite en Europe et à la crise économqiue qui touche le continent, la société britannique qui vient de connaître ses plus fortes émeutes depuis trente ans est donc dans un moment important de son histoire.
    The far right in the United Kingdom : A real ideological settling i political and public space during the last decade The last decade has marked a significant change in the british political attitudes : current extreme parties of right have made a real electoral progress and occupied a significant place in British political space. While historically the British civic culture was a strong rampart against extremist ideology, the events of the 2000s (attacks of September 11 2001, bombs of London in 2005, financial crisis) and the emergence of political formations quite well structured such as the British National Party (BNP) and the United kingdom Party (UKIP) have participated in the ideological and electoral impregnation of anti-migration, anti-European and islamophobic thoughts accross the UK. With the rise of the extreme right in Europe and the economic crisis affecting the continent, the British society wich has just experienced its strongest riots in the last thirty years is now facing a pivotal moment in his history.
  • Lettre d'Athènes - Xavier Houdoy p. 205-208 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le LAOS, fondé en 2000, figure au sein de l'exécutif qui a vu le jour au lendemain de la chute du gouvernement de Georges Papandréou et doit assurer la transition politique du pays jusqu'aux législatives anticipées d'avril 2012. L'accession au pouvoir de ce parti peu représentatif a permis de dénouer la crise politique qui se dessinait, fruit d'une situation économique et financière de plus en plus difficile à gérer par les deux partis majoritaires. Au-delà, elle se fait le reflet de la profonde désillusion de la société grecque, qui désavoue massivement les deux partis majoritaires – PASOK et Nouvelle Démocratie – et dont une petite partie semble progressivement adhérer aux discours nationalistes et xénophobes tenus par une extrême droite qui monte en puissance.
    Letter from Athens The small party LAOS, founded in 2000, appears within the national unity coalition government that must ensure political interim of the country until the early general elections expected in April 2012. After the Socialists failure to manage the economic and financial crisis, its accession allowed to solve the political crisis which was taking shape. Furthermore, the emergence of LAOS also highlights the deep disillusion of a Greek society massively repudiating the two main parties (PASOK and New Democracy) and of which a small portion seems to gradually adhere to the nationalist and xenophobic speeches held by a rising far-right.
  • Hérodote a lu - p. 209-210 accès libre