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Titre Région et conscience régionale en France
Auteur Christophe Charle
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro vol. 35, no. 1, 1980
Page 37-43
Résumé Région et conscience régionale en France. Cette note critique évoque, à propos du colloque Région et régionalisme, tenu à Strasbourg en 1974, les différents problèmes posés par l'usage de cette notion dans l'historiographie française. Le régionalisme du 19ème siècle apparaît avant tout comme une tentative des notables pour perpétuer une culture locale élitiste, donc sans véritable dimension politique. Pour les couches populaires non francophones en revanche, l'acquisition de la langue dominante, qui a résulté plutôt des transformations sociales que de la politique scolaire, apparaissait comme une émancipation de l'emprise des notables. Aussi les forces sociales susceptibles d'animer un mouvement régionaliste étaient-elles limitées et le plus souvent prêtes à transiger avec le pouvoir central dans les domaines économique ou politique en fonction de leurs intérêts locaux bien compris. Les fondements d'une conscience régionale semblent donc être, hier et aujourd'hui, moins de nature politique que sociale ou idéologique. Les principaux facteurs d'une prise de conscience supralocale sont les mouvements migratoires qui rendent perceptibles les relations de dépendance, les stéréotypes régionaux qui créent une identité collective, les activités symboliques régionales (presse, sports) qui privilégient les structures d'appréhension de l'espace proche en gommant les autres types de conflits.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais French Regions and Regional Consciousness. This critical note examines, with reference to the 1974 Strasbourg conference on «Regions and Regionalism», the various problems raised by the use of these notions in French historiography. Nineteenth-century regionalism has to be seen as being essentially an attempt by the notables to perpetuate an elitist local culture, which therefore lacked any real political dimension. For the non-French-speaking lower classes, on the other hand, access to the dominant language, which they obtained through social changes rather than educational policy, meant a chance to escape from the hold of the notables. So the social forces capable of leading a regionalist movement were held in check and were generally prepared to compromise with the central authorities in accordance with their own understanding of their local interests. The bases of regional consciousness therefore seem, now as earlier, to be social or ideological rather than political. The main factors in the creation of supra-local consciousness are migratory movements, which bring to light relations of dependence, regional stereotypes, which create a collective identity, and regional symbolic activities (the press, sport), which favour the structures of awareness of the immediately surrounding area by effacing other types of conflicts.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1980_num_35_1_2098