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Titre Une "discrimination informelle" ? Usages du concept de mixité sociale dans la gestion des attributions de logements HLM
Auteur Sylvie Tissot
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 159, septembre 2005 Politique des espaces urbains
Rubrique / Thématique
Politique des espaces urbains
Page 54
Résumé La notion de « mixité sociale » est devenue en France un des mots d'ordre de l'action publique. Elle désigne par exemple l'objectif de certains dispositifs de gestion concertée d'attribution de logements sociaux: c'est ainsi le cas des chartes communales du logement, signées, comme dans la ville de Montreuil en 1997, par les organismes HLM, la municipalité et la préfecture. Ce type de dispositifs contribue dans bien des cas à organiser et à légitimer une sélection des candidats qui repose sur la mise à l'écart d'un certain type de ménages, souvent pauvres et issus de l'immigration post-coloniale. L'existence de ces dispositifs ne s'explique pas seulement par le consensus croissant qui existe aujourd'hui sur les bienfaits de la coexistence, dans un même espace, de populations diversifiées, et sur la nécessité d'organiser cette coexistence par une politique de peuplement. Ce type de gestion s'explique aussi par un jeu d'intérêts dans lequel le recours au principe de mixité sociale constitue une arme dans la lutte pour le contrôle du système d'attribution de logements. Toutefois, dans ce contexte de concurrences aiguisées, la catégorie de mixité sociale s'institutionnalise sous la forme d'une norme « faible ». Catégorie d'amalgame et de brouillage, catégorie faiblement objectivée, elle est devenue l'outil de pratiques discriminatoires qui s'opèrent sur le mode secret de l'arrangement plutôt que sur un mode complètement rationalisé.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The notion of “social diversity” has become a catchword in French urban policy. It designates for instance the purpose of some mechanisms of concerted management in the attribution of local authority housing: such is the case with the communal charters of housing signed by the public housing authorities, the municipality and the prefecture of the suburban town of Montreuil (near Paris) in 1997. This system contributes in many cases to organizing and legitimizing a selection of candidates based on the disqualification of certain household types, often poor or coming from a post-colonial immigrant background. The existence of such mechanisms is not to be explained solely by today's growing consensus over the benefits of having diversified populations coexisting in the same area, or the necessity of organizing such coexistence through a population policy. This kind of management also stems from the interplay of various interests, in which invoking the principle of social diversity is a weapon in the struggle for control of the system of housing attribution. In this context of heightened competition the category of social diversity is becoming institutionalized in the form of a “weak” norm. A fuzzy, mixed-bag category with little objective basis, it has become the tool of discriminatory practices carried out as little publicized arrangements rather than rationalized administrative decisions.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_159_0054