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Titre L'anesthésie française entre reconnaissance et stigmates
Auteur Yann Faure
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 156-157 mars 2005 La spécialisation de la médecine
Rubrique / Thématique
La spécialisation de la médecine XIXe-XXe siècles
Page 98
Résumé Cet article vise à éclairer le déplacement des positions occupées dans le champ médical par l'anesthésie réanimation, spécialité consacrée tardivement, mais devenue en peu d'années la première en effectifs. Encore dépréciée par une partie des autres catégories de praticiens, elle attire aujourd'hui des lauréats de l'internat gratifiés académiquement et à qui elle semble promettre carrières ouvertes et revenus confortables. Ces paradoxes s'expliquent par la trajectoire singulière de l'anesthésie, pratique définie au milieu du XIXe, attachée à un objet médicalement peu légitime et portée par des agents faiblement reconnus ou contestés. Confrontée aux résistances de la chirurgie, pôle dominant du champ, et à ses agents peu disposés au partage du pouvoir lié à la décision médicale, l'anesthésie profite d'un contexte plus favorable à son développement depuis les années 1970. Entre les progrès scientifiques et l'émergence de conceptions sur la sécurité des soins, les anesthésistes réanimateurs ont inventé des formes de mobilisations sociales modernes et efficaces. L'observation de terrain menée actuellement suggère que si le dédain initial s'affaiblit, la domination des chirurgiens sur ceux qui se perçoivent encore comme d'« humbles prestataires de service » s'atténue sans s'éteindre.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article aims to throw light on the displacement of the positions held in the medical field by anaesthesia-intensive care, a speciality recognized only late in the game, but which has become in a short number of years the one with the most practitioners. Still disparaged by a part of other practitioner categories, it does attract honours appointees to hospital internships who seem to see in it open-ended careers and a comfortable living. These paradoxes are to be explained by the extraordinary career of anaesthesia, a practice defined in the mid-XIXth century, attached to a barely legitimate medical object and exercised by agents poorly recognized or contested. Confronted with the resistance of surgery, dominant axis in the field, and its agents, little disposed to the sharing of power in matters of medical decision, anaesthesia benefits from a context more favourable to its development since the 1970's. Between scientific progress and the emergence of conceptions about the safety of treatment, anaesthetist-intensive care givers have invented forms of social mobilization that are both modern and effective. Present observation of the terrain suggests that if the initial disdain has weakened, the domination of surgeons over those who still see themselves as “humble service providers” is subsiding though not dying out.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_156_0098