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Titre Le droit de la sécurité internationale. Le terrorisme et l'empire sécuritaire de l'après-11 septembre 2001
Auteur Scheppele Kim Lane
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 173, juin 2008 Pacifier et punir (1)
Page 28-43
Résumé À l'âge impérial classique, les pays situés au centre du pouvoir faisaient la conquête de territoires qu'ils administraient ensuite directement. Aujourd'hui, la manipulation à distance de ressources matérielles et humaines n'a pas cessé, mais elle fait désormais l'objet de nouvelles formes de gestion. Depuis le 11 septembre 2001, la « guerre globale contre le terrorisme » a conduit les centres représentant la « civilisation » à contrôler les périphéries d'où émane la menace. Les États dominants – et les États-Unis en premier lieu – ont utilisé les institutions transnationales afin d'orienter les politiques locales partout dans le monde, en s'appuyant sur les États moins puissants pour se charger des tâches les plus répressives contre eux-mêmes. La guerre contre le terrorisme est aussi menée de façon centralisée à travers une série de résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, où les États de la périphérie ne sont que marginalement représentés. Ces résolutions aboutissent à un ensemble de politiques et de directives que les États les moins puissants ne peuvent ignorer qu'à leurs dépens. Ces nouvelles directives exigent des États de la périphérie qu'ils prennent des mesures radicales afin de contrer la menace terroriste sur leur territoire et qu'ils érigent des barrières face aux flux transnationaux de personnes et de fonds. Il n'est guère surprenant que ces mesures aient eu des effets répressifs sur certaines populations, sur les oppositions politiques, et sur les structures constitutionnelles émergentes de protection des droits. Parce que la guerre contre le terrorisme est menée à travers une série de batailles internes aux États, plutôt que comme une guerre entre États, le cadre juridique dans lequel elle s'inscrit n'est pas le droit de la guerre, mais le droit des états d'urgence. On peut ainsi considérer la nouvelle formation impériale comme un état d'urgence international.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In the classic days of empire, countries at the core of power and influence in the world conquered and managed territories directly. To day long-distance manipulation of substantial resources and populations has not diminished, however. It is being handled in new ways. Since 9/11, the “global war on terror” (GWOT) has created new needs for the centers of “civilization” to control the peripheries from which the threat come. Powerful states – the US lead among them – have used transnational institutions to direct local policy around the world by leaning on less powerful states to do the most repressive things to themselves. The GWOT is being fought centrally through a series of UN Security Council resolutions, where peripheral states have little representation. These UN resolutions result in a series of policies and directives that less powerful states ignore at their peril. These new orders require peripheral states to take radical steps to curb terrorist threats at home and act as barriers to the transnational flows of people and money. Not surprisingly, these domestic actions have had repressive effects on particular populations, on the expression of political dissent, and on the budding constitutional structures of rights protection in many less-powerful states. Because the GWOT is fought as a series of battles within states more than it is fought as a war among states, the legal framework for the GWOT is not the law of war, but rather the law of emergency. The new imperial formation can be seen, then, as an international state of emergency.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_173_0028