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Titre La coproduction des grands hommes. Remarques sur les métamorphoses du regard politique
Auteur Darras Eric
Mir@bel Revue Le Temps des Médias
Numéro no 10, printemps 2008 Peopolisation et politique
Rubrique / Thématique
Dossier : Peopolisation et politique
Page 82-101
Résumé Les sociologues posent et se posent des questions de sociologie et non des questions d'actualité. Dès lors, il faut prendre garde non seulement au questionnement mais encore à la démarche et à l'emploi des mots comme du temps de la recherche en sciences sociales. La médiatisation des espaces privés des hommes politiques n'a que l'apparence de la nouveauté et s'explique d'abord par la réussite des stratégies de communication des principaux leaders politiques. La relation d'associés-rivaux entre journalistes et hommes politiques n'a pas été fondamentalement remise en cause même si tel l'arroseur arrosé, les espaces privés des principaux leaders politiques sont désormais mobilisés contre leur gré au profit d'une refonte en cours de l'idéologie professionnelle de l'objectivité journalistique qui concilie les contraintes anciennes et nouvelles du métier. La redéfinition de la valeur médiatique d'une information et au-delà de l'excellence journalistique s'opère sous l'effet de l'affinement des stratégies des sources politiques et des indicateurs d'audience mais encore du fait du déplacement des frontières du champ de l'information (notamment avec l'Internet) qui accélère le renouvellement des nouvelles. L'hypothèse de la toute puissance politique des médias reste invérifiée et sans doute indémontrable mais elle constitue bel et bien “une illusion bien fondée” selon l'expression de Durkheim, qui justifie certaines candidatures au détriment d'autres prétendants. En interne, au moment crucial de la candidature à la candidature, les sondeurs et les conseillers en communication assurent auprès des journalistes et des adhérents la conversion du capital politique de certains candidats en candidats « populaires » ou « médiatiques » (et non l'inverse comme le présente le sens commun) pour ainsi mieux assurer leur nomination.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The coverage of the private lives of political leaders in France is not as new as it appears. The aims and views of political sociologists in this regard differ from those of journalists and politicians. “People-oriented” political news can be explained with the mutual interest of politicians and journalists for increasing audiences. But the coverage of politicians' private lives can also change its connotation : what was positive yesterday might turn negative tomorrow. Such change is thought to testify to a renewal of “objectivity” in multiple democratic roles of watchdog journalism. The journalistic excellence is redefined in two directions : the relationship between journalists and political newsmakers is redefined by including the private life ; journalistic borders shift to include amateurs (ex. internet) that notably increase the journalistic work cadences. Nobody knows if people-oriented news exert any real impact on voters' behavior but the belief in “mediacracy” is performative (the conviction acts by itself : “a self-fulfilling prophecy” wrote Parsons, citing Durkheim). With the assistance of pollsters and communication advisors this belief can influence the selection process of candidates inside the dominant political parties leading to the investiture of so-called “popular” (journalists-choosen) candidates. A classical error consists in the retrospective reduction of the political achievements of a candidate to his (or her) successful communication strategies.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=TDM_010_0082