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Titre Grandir entre pairs à l'école. Ségrégation ethnique et reproduction sociale dans le système éducatif français
Auteur Felouzis Georges, Perroton Joëlle
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 180, décembre 2009 Ecole ségrégative, école reproductive
Page 92-100
Résumé Cet article défend l'idée d'une complexification des modes de reproduction sociale par l'école en montrant le poids des groupes de pairs dans les processus de socialisation des adolescents. L'enjeu est aujourd'hui le contrôle, par les familles, de ce processus et l'un des moyens de mettre en œuvre ce contrôle, toujours relatif, est le choix de l'établissement de scolarisation. Les réformes successives du système éducatif français, et la massification scolaire qui en a résulté, ont entraîné l'émergence d'un « collège démocratisé » dans lequel les parcours se diversifient principalement en fonction des établissements. Ce processus se concrétise par une spécialisation ethnique et sociale des collèges. Cette ségrégation scolaire transforme l'ensemble des modalités de la reproduction sociale par l'École. D'abord par son ampleur, elle produit une segmentation de l'offre éducative qui participe de la reproduction sociale. Celle-ci prend deux voies. Tout d'abord, les conditions de reproduction du capital scolaire passent en partie par l'établissement qui tend à jouer le rôle que jouaient précédemment les filières. La reproduction sociale passe ensuite par les habitus sociaux dont l'école est devenue un des modes privilégiés de conservation et de reproduction. Dans un tel contexte, la reproduction des habitus passe en partie par les établissements scolaires qui jouent un rôle central dans la constitution des groupes de pairs, des rencontres et des relations d'adolescents eux-mêmes au principe de la formation et de la reproduction des habitus sociaux.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The successive reforms of the French educational system and the ensuing massification of education have led to the emergence of a “democratized junior high school” in which trajectories vary essentially with the institutions. This process takes a concrete form with the social and ethnic specialization of junior high schools. This segregation transforms the entire range of mechanisms ensuring social reproduction at school. Its magnitude generates a segmentation of the educational offer that contributes to social reproduction, which takes two forms. First, the conditions for the reproduction of educational capital depend partly on the school itself, which tends to play the role previously played by the specialized curricula (filières). Social reproduction also takes place through social habituses, the preservation and reproduction of which has come to depend directly on schools. In this context, the reproduction of habituses partly escapes the control of the families and is ensured by the schools, which play a central role in the constitution of groups of peers, encounters and relationships between teenagers that are the very principle of the formation and reproduction of social habituses. In the end, this article suggests that school-mediated social reproduction is taking increasingly complex forms and shows the importance of peer groups in the process of teenage socialization. What is today at stake is the capacity of families to control this process, and one of the means by which this control, which is always relative, takes place is the choice of the schooling institution.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_180_0092