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Titre La mobilisation des (net)travailleurs de la « Nouvelle économie » : gouvernement des hommes et contrainte d'autonomie
Auteur Estienne Yannick
Mir@bel Revue Etudes de Communication
Numéro no 28, 2005 Organisation, dispositif, sujet
Rubrique / Thématique
Dossier : Organisation, dispositif, sujet. Quelle approche critique de l'organisation post-disciplinaire??
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Résumé Après avoir connoté la nouveauté et alimenté beaucoup de fantasmes, les termes « start-up » ou « nouvelle économie » semblent désormais anachroniques. Pourquoi alors revenir aujourd'hui sur ce phénomène ? Nous nous proposons dans cet article d'étudier les principaux ressorts de la mobilisation des salariés des sociétés de l'Internet où le management veut être « fun ». Il s'agit ici de montrer en quoi la parenthèse enchantée de la « Nouvelle économie » fut un révélateur et un accélérateur des transformations du rapport à soi, au travail et à l'autorité. Fonctionnant métaphoriquement comme un laboratoire dans lequel se fabrique un « travailleur nouveau », miroir et reflet de « l'individu nouveau », autonome, mobile et instable, la start-up se donne à voir comme l'organisation « post-disciplinaire » par excellence, horizontale, réticulaire et déterritorialisée. Les principes d'autonomie et de responsabilité participent à la mise au travail des salariés et assurent leur bon gouvernement. A l'ère des start-up, les technologies diffuses de pouvoir dans l'entreprise font de l'autonomie concédée et exigée de l'individu, le pivot de la contrainte auto administrée. Sur ce plan là l'exemple des start-up continuera sans doute longtemps à être médité dans les cercles du pouvoir de l'entreprise en permanence à la recherche de formes efficaces de légitimation de la domination.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The words « start-up » and « new economy » were first synonymous with novelty and excitement, but they now seem anachronistic. Why, therefore, should we still talk about these phenomena ? I will here study the main mechanisms used by a supposedly « fun » management to stimulate the mobilisation of internet workers. I will try to show how the development of the « New Economy » revealed and emphasised new ways to think our relationship with authority, with work and with ourselves. A sort of laboratory where « new workers » are created, a mirror of the « new individuals », autonomous, mobile, unsettled, the start-up companies are perfect applications of a « post-disciplinary » organisation, that is to say, a horizontal, reticular, de-territorialized organisation. Autonomy and responsibility incite, constraint and control the workers. The governing principle of the start-up companies is a diffuse technological control/power within the companies, so that every employee is at the same time free and forced – free to decide and forced to plan and to work. This aspect of the start-up companies will probably be the one that will survive the longest : it furnishes efficient modes of domination – and of legitimating it – to those who hold the power in firms.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=EDC_028_0002