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Titre Les enseignements de l'expérience soviétique d'agriculture collectiviste
Auteur Basile Kerblay
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro Vol. 10, 3, 1979
Rubrique / Thématique
Articles
Page 7-30
Résumé L'analyse de l'agriculture soviétique se heurte à des difficultés qui tiennent aux lacunes de l'information et à la diversité des cultures paysannes sur le territoire de l'Union. Ce territoire impose des contraintes climatiques sévères qui ont pu être surmontées dans d'autres pays où les rendements sont plus élevés. L'histoire a laissé des cicatrices profondes : retard des niveaux d'éducation, collectivisation forcée avant même que l'industrie et les esprits aient été préparés à cette transformation. Elle a creusé un fossé entre le pouvoir et la paysannerie. L'organisation de l'agriculture en grandes exploitations ne facilite pas le contrôle du travail et l'établissement d'un système de rémunération stimulant la productivité. Ceci explique la tolérance d'un secteur familial destiné à assurer la subsistance de la main-d'œuvre agricole mais introduit dans le système collectiviste un facteur perturbateur que les autorités s'efforcent de contrôler en freinant le développement du cheptel privé et des marchés libres. Les entreprises agricoles ont moins de liberté que les entreprises industrielles pour négocier les plans qui leur sont imposés et elles n'ont pas de relations directes avec leurs fournisseurs. Pour remédier à cette faible productivité ? comparée pour les rendements à l'hectare ou pour les heures travaillées aux résultats obtenus dans d'autres pays occidentaux ? les dirigeants ont mis en œuvre après la mort de Staline tour à tour une politique extensive dans les régions orientales puis ils ont opté pour une politique d'intensification axée sur l'accroissement de la production des engrais, la spécialisation des entreprises et leur intégration en complexes agro-alimentaires. Mais cela ne suffit pas à porter les disponibilités intérieures et la consommation aux niveaux voulus ; l'U.R.S.S. est devenue le premier pays importateur de céréales sur le marché mondial. Par ailleurs, les investissements dans le secteur agro-alimentaire ont été accrus considérablement. Les problèmes de cette agriculture ne sont pas seulement techniques ou économiques, les plus préoccupants sont d'ordre sociologique : exode rural de la jeunesse, mentalités paysannes rebelles aux vertus exigées par le socialisme.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Lessons Learned from the Soviet Experiment in Collectivist Agriculture. The analysis of soviet agriculture encounters difficulties which spring from incomplete information and from the diversity of peasant cultures to be found in the Union territory. This territory inflicts severe climatic hardships which have been overcome in other countries with greater efficiency. History has left deep scars: a lag in the educational levels, forced collectivization before industry and minds were prepared for such a transformation. This opened a breach between power and the peasantry. The organization of agriculture based on large farms does not lend itself easily to the control of work and the establishment of a system of remuneration to encourage productivity. This explains the tolerance of an individual sector, destined to assure the subsistance of the agricultural labor force, but introducing a factor of disturbance in the collectivist system which the authorities attempt to control by preventing an increase in the number of privately owned live stock and the free markets. Agricultural cooperatives have less freedom than industrial firms to negotiate the production plans forced upon them and they are not in direct contact with their suppliers. To remedy low productivity ? as compared with the yield per acre or time input in Western countries ? the men in command since Stalin's death, have alternatively implemented an extensive policy in the western regions and then reversed to an intensive policy based on increasing the production of fertilizers, specialization and integration in agricultural and food producing combines. But this does not suffice to bring the availability of internal produce and consumption to the desired levels; the USSR has become the largest grain importer on the world market. In addition, investments in the food and agriculture sector have been considerably magnified. The problems of this agriculture are not only technical and economic, the most preoccupying ones are sociological: the rural exodus of the youth, the peasant mentality, rebellious to the virtues demanded by socialism.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1979_num_10_3_2220