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Titre Pompa Funebris
Auteur Egon Flaig
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 154, septembre 2004 Représentations du monde social
Rubrique / Thématique
Représentations du monde social
Page 74
Résumé La hiérarchisation de l'aristocratie sénatoriale romaine, fixée vers la fin du IIIe siècle av. J. C., représente un cas singulier pour la sociologie des types de noblesse. Elle reposait sur un consensus quant à la définition du degré de prestige des familles. L'atrium des demeures sénatoriales, ouvert aux clients des nobles, conservait les effigies de cire des ancêtres les plus prestigieux de la lignée (imagines), ainsi qu'un tableau chronologique retraçant la généalogie de leurs statuts, depuis le plus bas (préteur) jusqu'au plus élevé (triomphateur). Les ancêtres sans statut quittaient l'horizon de la mémoire noble. Lors des enterrements, ces effigies étaient déplacées en procession, selon un ordre de succession immuable, celui de la chronologie, et elles remplissaient à la fois une fonction d'exemple normatif pour les jeunes nobles, et d'exhibition du capital symbolique intangible des plus grandes familles pour la res publica tout entière. La plèbe romaine donnait le plus souvent la préférence aux rejetons des familles très illustres. Dans la culture romaine, l'instrumentalisation des morts au profit de la fonction de représentation de certaines familles nobles atteignit un degré peu commun d'explicitation, et contribua surtout fortement à préserver le pouvoir de la noblesse. Sans cesse remémorée, elle nourrissait la confiance dans la permanence de l'ordre romain et dans la stabilité de la hiérarchie sociale.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Fixed around the end of the 3rd century b.c., the hierarchy of the roman senatorial aristocracy stands out as a peculiar case within the sociology of the types of nobility. This hierarchy was based on a consensus regarding the definition and the measure of prestige among aristocratic families. Open to the landlord's clients, the atrium of the senatorial houses was adorned with wax figures representing the most prestigious ancestors of the family (imagines) and a chronological table tracing the genealogy of their status, from the lowest (praetor) to the highest one (triumphator). The ancestors without status thus disappeared from this noble memory. During funerals, these figures were arranged into a procession, according to an immutable chronological order. They represented both a normative example for the young nobles, and, for the entire res publica, a display of the intangible symbolic capital of the most important families. The roman populace often supported the youngest heirs of the most illustrious families. The subordination of the cult of the dead to the representational needs of some noble families was a very explicit feature of Roman culture, and it contributed to preserving the power of the nobility. Constantly remembered, the dead preserved the faith in the resilience of the Roman order and the stability of the social hierarchy.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ARSS_154_0074