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Titre Et si la privatisation échouait ? Menaces sur la démocratie et la liberté en Europe centrale
Auteur Thomas Gale Moore
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro vol 22, no 2, juin 1991
Rubrique / Thématique
Articles
Page 85
Résumé En 1992, le Marché commun aura éliminé toutes les barrières à la libre circulation interne des hommes et des marchandises mais édifié dans le même temps un nouveau mur de Berlin pour tenir à distance les ex-pays de l'Est. La stagnation, la détérioration des économies et l'absence de perspectives en Europe centrale vont probablement provoquer une émigration illégale massive. Les anciens pays communistes vivent des heures difficiles. Leurs économies sont handicapées par des entreprises boursouflées et inefficaces. Les dirigeants tchécoslovaques, hongrois et polonais savent que le passage à l'économie de marché exige une réduction de la part du secteur étatique. La propriété privée des moyens de production est nécessaire pour motiver les agents et améliorer les performances de l'économie. Les problèmes qui se posent à des pays souhaitant passer d'une société communiste, où l'État possède encore 80 à 100% des richesses, à une économie de marché sont sans précédents. Les pays occidentaux, qui n'ont privatisé qu'une très faible proportion de leur secteur nationalisé, bénéficiaient de marchés dynamiques, d'un système boursier, d'un marché du travail et d'un grand nombre de citoyens dotés de gros moyens et donc capables d'acheter un pourcentage important des actions des entreprises mises en vente. Aucune de ces conditions n'est présente dans les pays cherchant à se débarrasser du communisme. Les trois pays concernés envisagent de privatiser les petites entreprises en les vendant aux enchères. Mais les employés de ces entreprises exigent qu'on reconnaisse leurs droits et qu'on leur accorde une priorité à l'achat. La privatisation des grandes entreprises est encore plus compliquée. Aucun de ces pays ne dispose d'un marché boursier mais, même s'il existait, cela ne changerait rien au problème de fond : les particuliers n'ont pas les ressources nécessaires pour acheter de grosses entreprises. Le gouvernement pourrait, bien sûr, les vendre - du moins celles qui sont rentables - aux investisseurs étrangers mais cette option éveille des réactions xénophobes. La Pologne et la Tchécoslovaquie ont eu l'idée de recourir à un système de coupons, distribués dans le grand public pour qu'il puisse accéder à la propriété. Les ministres échafaudent des plans, proposant de vendre des actions aux nationaux et aux étrangers, de vendre les entreprises dans le cadre de sociétés mixtes et d'appliquer des mesures d'intéressement du personnel sous forme de distribution d'actions. Les autorités savent pertinemment qu'il faudrait faire vite mais il y a fort à parier que la privatisation dure des années. Bien que les programmes de privatisation soient ambitieux dans les trois pays, seules la Hongrie et la Pologne ont commencé à vendre de grandes entreprises. En Hongrie, le mouvement de privatisation a été, pour l'essentiel, spontané. En Pologne, la première opération de privatisation a eu lieu au début de janvier 1991 avec la vente de cinq combinats à des investisseurs polonais privés, les actions ayant été réparties en petits lots. La Tchécoslovaquie n'a pas encore annoncé d'opération d'envergure bien qu'elle ait enfin adopté la législation adéquate en février 1991.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Privatization Now or Else. — The Impending Failure of Democracy and Freedom in Central Europe. By 1992, the Common Market may have removed all barriers to internal flow of people and goods, while raising a new Berlin Wall between it and the former East Bloc Countries. Stagnation, deteriorating economies, and lack of opportunities in Central Europe are likely to produce a massive illegal immigration. The former communist countries of central Europe are facing hard times. Their economies are saddled with bloated, inefficient enterprises. Officials in Czechoslovakia, Hungary, and Poland understand that moving to a market-based economy requires reducing the proportion of their economies owned and controlled by the state. Private ownership of the means of production is necessary in order to produce the appropriate incentives for good economic performance. The problems facing countries attempting to make the transition from a communist society, where the state owns 80 to 100 percent of all assets, to a private market economy are unprecedented. Western countries that have privatized a very small portion of their economy have had the benefit of widespread markets, stock exchanges, meaningful accounting records, labor markets, and a substantial number of individuals with extensive assets who could purchase a significant number of shares in new companies. None of these conditions exists in countries attempting to throw off Marxism. These countries envision privatizating small enterprises through an auction of such businesses. However, employees of these concerns have asserted their claim to the properties and demand that they be given priority in purchasing the assets. Privatization of large enterprises presents even more difficulties. In none of these countries does a working capital market exist. The underlying problem is that the public does not have the assets to purchase large firms. The government could sell these firms, at least the profitable ones, to foreign investors ; but this raises xenophobic feelings. Poland and Czechoslovakia have both proposed using voucher schemes to distribute ownership to their citizens. In addition government ministers plan on selling stock to locals and foreigners, selling the company in a joint venture, and using employee stock option plans. Although authorities in these countries assert the importance of moving fast in privatizing assets, these methods are likely to take years. Although all three countries project an ambitious program of privatization, only Hungary and Poland have actually begun to privatize any large firms. Most of the privatizations in Hungary has been of the spontaneous type. In Poland the first privatization took place in early January 1991 with the sale of stock in small lots of five concerns to individual Polish investors. Czechoslovakia has announced no major privatizations yet, although it finally passed legislation authorizing privatization in February 1991.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_1991_num_22_2_1503