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Titre La politique étrangère et l'élection présidentielle de 1981
Auteur Sabine Jansen
Mir@bel Revue Revue historique
Numéro no 662, avril 2012
Page 445-475
Résumé Les Français ont la réputation de n'être guère préoccupés par la politique étrangère. S'il est vrai que les questions internationales sont peu présentes lors des campagnes des élections présidentielles de 1965, 1969 et 1974, celle de 1981 fait figure d'exception. Les affaires extérieures y tiennent une place toute particulière. Dès lors, il s'agit d'en comprendre les raisons, en soulignant, à partir de l'automne 1979, le caractère dramatique de la conjoncture internationale qui marque un regain de la guerre froide. Hommes politiques, observateurs, journalistes et citoyens se font l'écho, au travers de discours, d'articles ou de sondages, d'une inquiétude croissante qui pèse sur l'évolution du rapport de forces entre les candidats à l'élection présidentielle d'avril-mai 1981. Le président de la République sortant, Valéry Giscard d'Estaing, héritier et garant de la traditionnelle politique gaulliste de détente avec l'Est, apparaît progressivement en porte-à-faux avec une opinion de plus en plus méfiante à l'égard de l'URSS, d'autant que cette politique contredit les efforts parallèles du président en vue de renforcer la cohésion franco-allemande et la solidarité atlantique face au déploiement des fusées nucléaires en Europe de l'Est. D'atout, la politique étrangère, domaine réservé du chef de l'État, devient, pour le président, un handicap exploité par son principal adversaire François Mitterrand dont, pourtant, la crédibilité aurait pu être affectée par un statut d'éternel opposant et d'allié d'un parti inféodé à l'Union soviétique. Le candidat du Parti socialiste tire habilement profit de la campagne antigiscardienne et antisoviétique d'une partie de la droite, comme de la virulence des attaques communistes dirigées contre lui et qui ont pour effet de rassurer l'électorat modéré. Même si, au coeur de la campagne électorale, les sondages nous éclairent davantage sur les intentions que sur les motivations, discours, questionnaires et commentaires de presse nous permettent de saisir les mouvements de l'opinion au fur et à mesure que se précisent les positions des candidats. L'activisme agressif de l'URSS réveille les vieux démons de la guerre froide. L'hostilité croissante de l'opinion à l'égard de la superpuissance communiste, mais aussi de la politique africaine du président sortant, joue un rôle indiscutable dans la montée du désamour à l'égard de Valéry Giscard d'Estaing, dont la politique étrangère soucieuse d'apaisement et de compromis n'apparaît plus en phase avec les attentes des Français.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_122_0445