Contenu de l'article

Titre Le Qatar et l'islam de France : vers une nouvelle idylle ?
Auteur Haoues Seniguer
Mir@bel Revue Confluences Méditerranée
Numéro no 84, hiver 2012-2013 Qatar : jusqu'où ?
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 101-115
Résumé Il n'existe pas beaucoup de sources scientifiques sur le Qatar, son régime et les dessous de sa politique étrangère en général, et moins encore sur le montant de ses financements de l'islam ou des projets qui tournent autour de la religion musulmane, que ce soit dans le monde arabe ou en Occident. La relation des mécènes qataris à l'islam de France ou européen, œuvrant dans les cercles plus ou moins proches des centres du pouvoir officiel, est tout sauf évidente. En tous les cas, elle mériterait un traitement sur le plus long terme. C'est pourquoi, en la matière, il s'est agi pour nous, au cours de cet article, de formuler une série d'hypothèses explicatives à partir de faits objectifs incontestables : la France est le pays européen qui compte le plus grand nombre de musulmans (entre cinq et six millions de personnes, pratiquantes ou non), dont certains sont victimes d'exclusion socio-économique ; l'absence de magistère centralisateur, ajoutée à l'émergence de nouvelles générations françaises musulmanes de plus en plus détachées des pays dont leurs parents sont originaires, décuplent les capacités d'ancrage et d'attrait d'une idéologie islamiste (dont le Qatar est l'un des hérauts), par essence « déterritorialisée », qui essaye d'articuler réaffirmation identitaire, y compris orthodoxe et orthopraxe, et citoyenneté. En misant sur des personnalités européennes musulmanes de premier plan, en particulier en raison de leur forte audience et médiatisation, tel le prédicateur suisse Tariq Ramadan, la seconde épouse de l'émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani, Mozah bint Nasser, tente de promouvoir la valorisation de l'image de son pays auprès des musulmans d'Europe, Français en particulier, entre autres pour faire pièce à ses concurrents salafistes, eux, financés et soutenus par l'Arabie saoudite. Le Qatar, du moins la ligne défendue par l'émir et sa deuxième femme, cherche à faire d'une pierre deux coups : d'une part, réduire, à l'interne et à l'externe, la part d'influence du wahhabisme, et d'autre part, bénéficier d'une bonne image de marque auprès des Européens de confession musulmane. Car, en effet, personne ne pourrait croire, réalistement, que le Qatar s'intéresse à tout, investisse partout, sauf dans l'islam !
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COME_084_0101