Contenu de l'article

Titre Entre fantasmes, science et politique : L'entrée des Āryas en Inde
Auteur Gérard Fussman
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 58, no 4, septembre 2003 Culture de guerre
Rubrique / Thématique
L'histoire indienne en question
Page 781-813
Résumé Depuis la découverte de la lointaine origine commune des langues dites indo-européennes, les archéologues, les historiens et malheureusement aussi quelques idéologues ont essayé de localiser l'habitat originel de ceux qui parlaient ce Pré-Indo-Européen et de retracer les voies de leur dispersion. Les trente dernières années ont apporté beaucoup d'éléments nouveaux concernant le groupe des Indo-Iraniens dont les langues sont aujourd'hui dominantes en Iran, en Asie centrale et dans une grande partie de la péninsule indienne. L'étude du texte iranien le plus ancien, les Gathas de l'Avesta, a été renouvelée, et les fouilles conduites en Iran, au Turkménistan, en Ouzbékistan et en Afghanistan ont mis au jour des restes de civilisations très avancées dont le rapport aux Indo-Iraniens est fort discuté. Le présent article essaie de juger des mérites et des limitations des diverses hypothèses avancées en rappelant quelques principes fondamentaux de la linguistique historique et du raisonnement historique. La plupart des hypothèses postulent que le mouvement des peuples indo-iraniens s'est fait du sud de la Russie vers le nord de l'Inde. L'auteur de cet article partage ce point de vue, mais ne peut ignorer que ce postulat pour l'instant indémontrable est même aujourd'hui ouvertement contesté par une partie de l'intelligentsia hindoue nationaliste. Celle-ci affirme que l'Inde est la patrie d'origine des langues indoeuropéennes et explique l'actuelle dispersion des langues indo-européennes par des phases d'émigration hors de l'Inde tout à fait analogues à l'émigration et la dispersion des Tsiganes dont personne ne conteste la lointaine origine indienne. Cette théorie a des motivations ouvertement religieuses et nationalistes et des conséquences politiques graves. Elle ne s'appuie pas pour l'instant sur des travaux de haut niveau scientifique. Mais elle a le mérite de rappeler que l'origine européenne des langues indo-européennes ne doit pas être considérée comme allant de soi et reste à démontrer.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_584_0781