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Titre Sur la formation des prix dans l'économie du haut Moyen Âge
Auteur Laurent Feller
Mir@bel Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales
Numéro vol. 66, no 3, juin 2011 Économie médiévale - Algérie coloniale - Qu'est-ce qu'un collectif ? - Halbwachs
Rubrique / Thématique
Économie médiévale
Page 627-661
Résumé Durant le haut Moyen Âge, l'échange marchand coexiste avec l'échange non marchand. Le but de cet article est d'examiner la présence de ces deux grandes modalités de l'échange au sein de la vie économique durant une période où l'existence même de surplus fait question. Les déficiences supposées des moyens de production, leur éventuelle inadéquation avec le développement, l'incompétence – elle aussi postulée – des élites font que l'échange par le marché et la possibilité qu'il existe un secteur de profit sont le plus souvent sous-évalués, voire niés. Les élites sociales tout comme les agriculteurs ou les commerçants ont à l'égard de la production, de la consommation et de l'échange des attitudes très nuancées et complexes. Les moines savent, au VIe siècle, comment se forment les prix et comment il faut jouer avec les règles pour assurer son salut, tout comme au IXe siècle et la comparaison entre les pratiques d'Adalhard de Corbie et la règle de saint Benoît (ou celle du maître) livre l'explication de leur attitude à l'égard des prix : pour eux, les choses ont une valeur qu'il est possible de mesurer et de modifier. L'attitude des élites carolingiennes et post-carolingiennes lors des famines permet d'établir comment les autorités ont compris les règles de l'échange marchand à l'intérieur d'un monde chrétien. Il y a, au bout du compte, un savoir partagé mais tacite sur le fonctionnement des échanges et une conscience de ce que, en fonction des buts poursuivis, ceux-ci peuvent prendre plusieurs formes.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais On price formation in the early medieval economy During the Early Middle Ages, market exchange coexists alongside non market exchange. The aim of this paper is to examine how these two great modalities of exchange could be present at the same time in economic life, as the existence of marketeable surplus is itself doubtful. The presumed deficiencies of the means of production, their presumed unsuitability for economic development, the postulated incompetence of the elites, all combine to undervalue, even deny that a profit sector might be possible. Yet social elites as well as farmers or shopkeepers had sophisticated attitudes towards production, consumption and exchange. Sixth-century monks knew how prices were formed, and how to tinker with rules to ensure one's salvation. This knowledge also existed, within a very different framework, in the ninth century, and the comparison between the practice of such men as Adalhard of Corbie and saint Benedict, give an explanation of attitudes toward prices : for them, things had a value that could be measured and even modified. The attitude of the Carolingian and post-Carolingian elites during famines allows us to understand how social and political authorities understood market exchange rules within a Christian society. There was a shared but tacit knowledge about exchange and a clear awareness that they could take several forms.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_663_0627