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Titre Les langues de bois journalistique et politique se nourrissent l'une l'autre
Auteur Thomas Legrand
Mir@bel Revue Hermès (Cognition, Communication, Politique)
Numéro no 58, 2010 Les langues de bois
Rubrique / Thématique
III. Pratiques et limites du décodage
Page 151-155
Résumé Comment combattre la langue de bois ? Ce devrait être la première préoccupation des commentateurs politiques, chargés de commenter, d'analyser et d'éditorialiser. Mais, comme celle des hommes politiques, la langue de bois des commentateurs a pour objectif principal de ne pas tout dire. Elle est faite pour leur permettre de s'adresser au plus grand nombre, sans choquer, souvent même en délivrant à l'auditeur ou au lecteur une pensée dans laquelle il peut se reconnaître. Il existe aussi une autre sorte de langue de bois, plus problématique dans les métiers de commentateurs : une langue de bois réflexe, faite de formules creuses, de poncifs et de métaphores (guerrières, culinaires ou sportives).Par ailleurs, l'une des tendances les plus spectaculaires de ces dernières années est l'avènement de ce que l'on peut appeler le « parler cash », façon de rejeter la langue de bois. Une parole cash devient un acte politique en lui-même, un acte creux, et les journalistes en sont coresponsables puisque travaillant à jet continu avec Internet et les chaînes tout-info. En revanche, le numérique permet de conserver et de classer ce qui se dit. La mémoire politique s'est démocratisée et Internet met à la disposition de chacun l'ensemble des propos des hommes politiques. Cette évolution du rapport entre le discours et son commentaire est bienvenue après des décennies de consanguinité entre les politiques et les commentateurs.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais How Journalese and Political Doublespeak Feed on Each Other
How do you fight doublespeak? This ought to be the main concern of every political commentator, whose job is to comment on, analyse and editorialise what politicians say. But, like politicians, commentators use a language whose main purpose is to not say everything. It is made for them to address the widest possible audience, without giving offence and often by offering listeners or readers thoughts they can recognise as their own. This sort of language also exists in another more problematical form among commentators, as a kind of reflexive newspeak made up of clichés, commonplaces and metaphors involving warfare, sports or cookery. One of the more spectacular trends in the last few years is the advent of what the French call « parler cash », meaning « rude straight talk », as an antidote to doublespeak. « Talking rude and straight » then becomes a political – and hollow – act in itself, for which journalists are equally responsible since they are constantly working live with the Internet and 24-hour news channels. On the other hand, everything that is said can now be stored and classified on digital media. The archives of politics are becoming available to all and anyone can use the Internet to access anything a politician has ever said. This is a welcome development for the relationship between discourse and commentary, after decades of blood relationships between politicians and political commentators.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=HERM_058_0151