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Titre La segmentation des systèmes d'enseignement. Les réformes de l'enseignement secondaire français et prussien, 1865-1920.
Auteur Fritz Ringer
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 149, septembre 2003 Les contradictions de la "démocratisation" scolaire
Rubrique / Thématique
Les contradictions de la "démocratisation" scolaire
Résumé La segmentation des systèmes d'enseignement. Les réformes de l'enseignement secondaire français et prussien, 1865-1920. La segmentation désigne la subdivision des systèmes d'enseignement en écoles et programmes parallèles se distinguant à la fois par les cursus et l'origine sociale de leurs élèves. Elle affecte de façon cruciale la définition des rôles sociaux liée aux différences d'éducation. La comparaison des transformations des systèmes d'enseignement prussien et français entre 1865 et 1920 permet d'étudier les implications sociales de la subdivision de l'enseignement secondaire européen au XIXe siècle en « voies » classiques et non classiques. En dépit des réformes introduites et, en particulier, d'un enseignement plus orienté vers la vie professionnelle, il n'y a pas eu d'augmentation du recrutement des classes populaires et de la petite bourgeoisie, contrairement à ce qu'escomptaient les réformateurs. En conséquence, la division sociale entre enseignement secondaire classique et moderne a surtout marqué une séparation entre la bourgeoisie bien établie et les classes moyennes composées de petits producteurs, commerçants et, de plus en plus, de cols blancs. Dans la France du XIXe siècle, l'enseignement secondaire a presque exclusivement servi à accentuer et à légitimer des positions sociales principalement assises sur la richesse. En Allemagne, les formes traditionnelles de l'enseignement secondaire ont contribué à entretenir une hiérarchie des « statuts » en désaccord partiel avec la structure de classes capitaliste qui commençait à se mettre en place. C'est pourquoi le développement de la segmentation dans l'enseignement secondaire en Allemagne comme en France au cours de cette période peut aussi être perçu comme la mise en place d'un système d'enseignement stratifié, capable de reproduire et de légitimer la société de classes moderne.
Résumé anglais Tracking in school systems. Secondary education reforms in France and Prussia, 1865-1920. « Tracking » designates the subdivision of school systems into parallel schools and programs distinguished both by their curricula and the social origins of their students. It has a crucial impact on the definition of the social roles associated with the different kinds of education. Comparison of the changes in the Prussian and French school systems between 1865 and 1920 makes it possible to study the social implications of the subdivision of European secondary education in the 19th century into classical and non-classical « tracks ». In spite of the reforms and in particular of more vocationally oriented schooling, there was no rise in recruitment from the working and lower-middle class, contrary to reformers' hopes. Consequently the social division between classical and modern secondary education marked primarily a separation between the well-established bourgeoisie and the middle classes comprised of small-scale producers, tradespeople and, increasingly, white-collar workers. In 19th-century France, secondary education served almost exclusively to accentuate and legitimize social positions founded mainly on wealth. In Germany, traditional secondary education helped maintain a « status » hierarchy partially at odds with the emerging capitalist class structure. That is why the development of « tracking » in secondary education during this period in both Germany and France can be seen as setting in place a stratified educational system capable of reproducing and legitimizing modern class society.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_2003_num_149_1_2776