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Titre Culture de cour et science de l'Etat.
Auteur Etienne Anheim
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 133, juin 2000 Science de l'Etat
Rubrique / Thématique
Science de l'Etat
Résumé Culture de cour et science de l'État Cet article vise à proposer une hypothèse sur les liens entre savoir et pouvoir au XIVe siècle, à une époque où on observe conjointement les débuts de ce qui constituera la science politique occidentale, l'essor d'administrations étatiques appuyées sur des compétences intellectuelles, et l'émergence de l'humanisme. Il faut, pour comprendre les rapports entre ces évolutions, étudier leur lieu de naissance commun, la cour, considérée comme un espace social organisé autour du souverain. Dans les cours du XIVe siècle s'affrontent plusieurs groupes de lettrés détenteurs de compétences intellectuelles spécifiques, juristes, philosophes, mais aussi humanistes ou astrologues, chacun tentant d'imposer une conception légitime de la science de l'État. Or la rivalité n'est pas seulement théorique : ces hommes qui théorisent le pouvoir sont aussi au cœur de la pratique administrative, par conséquent on peut essayer de voir dans quelle mesure le discours de chaque groupe social est lié à sa place dans le système curial - et comment, en retour, il conditionne cette place. Au total, ces tensions ne sont pas des dysfonctionnements, elles sont à l'origine même de la science de l'État : du point de vue du prince, il n'y a pas à choisir, mais à intégrer les différents discours et compétences à la pratique du pouvoir. L'ensemble du champ du savoir est alors réorganisé en fonction de ses rapports avec le pouvoir, dont la curialisation représente sans doute une étape décisive dans l'histoire occidentale.
Résumé anglais Court culture and science of the State The present article proposes a hypothesis on the linkage between knowledge and power in the 14th century, a time that saw conjointly the beginnings of what would come to be Western political science, the rise of State administrations based on intellectual competences and the emergence of humanism. To understand the relationship between these evolutions, it is necessary to look at their common birthplace, the together several groups of learned holders of specific intellectual skills - jurists, philosophers, but also humanists or astrologers - each bent on imposing a legitimate conception of the science of the State. Their rivalry was not restricted to the theoretical level, however : these theoreticians of power also stood at the center of administrative practice. Consequently, one can try to see how the discourse of each social group is bound up with its place in the court system, and how it, in turn, conditions this place. In sum, these tensions are not dysfunctions, they lie at the very root of the science of the State : for the prince, it is not a matter of choosing but of integrating the different discourses and competences with the practice of power. The overall field of knowledge thus becomes reorganized as a function of these relationships with power, of which the advent of the court system is no doubt a decisive stage in Western history.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_2000_num_133_1_2677