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Titre Le montage de l'information télévisée.
Auteur Jacques Siracusa.
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 131-132, mars 2000 Le journalisme et l'économie.
Rubrique / Thématique
Le journalisme et l'économie.
Résumé Le montage de l'information télévisée L'analyse du point de vue des monteurs d'actualité montre que la division technique du travail de fabrication des reportages et le contrôle que les journalistes ont progressivement exercé sur ce même travail ont des effets sur les modes de traitement des documents. Contrairement à l'idée commune selon laquelle les reportages télévisés dépendraient d'abord des images, on montre que plus les journalistes jugent un sujet important et plus son montage est guidé, dès le départ, par les paroles enregistrées. En effet, bien que les documents récoltés ou diffusés soient audiovisuels, l'organisation des actualités télévisées repose sur une division et une hiérarchisation des modes de traitement selon la nature, sonore ou visuelle, du matériel. Le montage d'actualité a longtemps consisté à assembler des séquences muettes. Le son a d'abord complété cet assemblage, puis des changements technologiques et la professionnalisation du journalisme télévisé ont eu pour conséquences de faire remonter son traitement dans la chaîne de production. Qui, du technicien ou du journaliste, prend en charge la manipulation du matériel, et selon quelle priorité, varie selon qu'il s'agit de sonores (interviews filmées) ou d'images muettes, cette différenciation reposant d'ailleurs sur un pré-découpage réalisé dès le tournage. Dans la logique dominante, le savoir-faire des monteurs est aujourd'hui au service d'une forme d'écriture audiovisuelle linéaire, définitive et rythmée par un mode de production rigide où la parole enregistrée (sonore et commentaire du journaliste) et l'angle prédéterminé (une définition professionnelle et a priori du phénomène à traiter) occupent un rôle central et directif. Par la standardisation de quelques opérations, des techniciens, absents des étapes précédentes, peuvent alors exécuter un travail rapide d'illustration. En ce sens, l'évolution des conditions de travail a permis aux journalistes, spécialistes de l'interview, de monopoliser la maîtrise du type d'information jugé le plus sérieux et qui est donc le plus contrôlé par la hiérarchie professionnelle. Mais, profitant de conditions plus souples ou sur des sujets jugés moins importants et donc moins contrôlés par les responsables de la rédaction, les monteurs peuvent aussi mettre en œuvre leur conception du « travail bien fait » et prendre en charge eux-mêmes une bonne part de la fabrication. Ainsi, la sélection des images muettes ou leur assemblage a posteriori sont parfois laissés au savoir-faire technico-artistique, à l'improvisation ou au bon sens des seuls techniciens.
Résumé anglais Editing television news Analysis of the videotape editor's viewpoint shows that the technical division of the tasks involved in putting together news reports and the increasing control that journalists have acquired over this process affect the way the documents are handled. Contrary to the widespread idea that television reporting is image driven, the author shows that the more important journalists feel a subject to be, the more the editing is guided by the words recorded. Although what is gathered or diffused are audiovisual documents, the organization of TV news is based on a division and a ranking of their handling determined by whether the document focuses on sound or on images. Videotape editing of the news long consisted of putting together silent sequences and then adding the sound ; with the advent of new technologies and the professionalization of journalism, the sound was added earlier and earlier in the production chain. The decision as to who, the technician or the journalist, is responsible for handling the material, and in what order, varies according to the material - sound (filmed interviews) or silent images - and this is in turn determined by a division of tasks agreed upon before actually filming. According to the dominant logic, the present-day videotape editor's know-how serves a linear audiovisual script, definitive and paced by a rigid production style in which the recorded word (sound and the journalists commentary) and the preset angle (a professional and a priori definition of the phenomenon to be dealt with) play a central, directive role. Using a few standardized operations absent from the previous stages, technicians can then quickly put together an illustration. In this sense, the evolution of working conditions has enabled journalists, who are interview specialists, to retain control of what is supposed to be the most important information and therefore the most closely monitored by the professional hierarchy. But videotape editors can also take advantage of more flexible conditions or what are seen to be less important subjects, and therefore less closely controlled by the news editors, to implement their own conception of "good work" and themselves take charge of assembling much of the report. For example, the choice of silent images or their a posteriori assembly are some times left to technical-artistic know-how to the improvisation improvisation or the good sense of the technicians .
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_2000_num_131_1_2668