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Titre ‪Traces liquides : enquête sur la mort de migrants dans la zone-frontière maritime de l'Union européenne‪
Auteur Charles Heller, Lorenzo Pezzani
Mir@bel Revue Revue Européenne des Migrations Internationales
Numéro vol. 30, no 3, 2014 Les traces de la dispersion
Rubrique / Thématique
Articles
Page 71-107
Résumé Parce que toute trace sur l'eau semble être immédiatement dissoute par les courants, les mers ont été maintenues dans une sorte de présent permanent qui résiste à toute écriture de l'histoire. L'étendue de liquide infini a également représenté un défi pour la gouvernance : l'impossibilité de dresser des frontières stables dans des eaux en constant mouvement a conduit à considérer les mers comme un espace de liberté absolue – les « mers libres ». Dans cet article, nous démontrons qu'au contraire, les mers sont de plus en plus documentées et divisées, et ceci de manière inextricable. Un appareil de détection complexe est fondamental pour une forme de gouvernance qui associe la division des espaces maritimes et le contrôle du mouvement et qui instrumentalise le chevauchement partiel et la nature élastique des juridictions maritimes et du droit international. C'est dans ces conditions que les régimes de migration imposés par l'UE fonctionnent, en étendant sélectivement les droits souverains des États par des patrouilles en haute mer, tout en leur permettant de se rétracter de leurs responsabilités, comme dans les nombreux cas de non-assistance aux migrants en mer. À travers les politiques et les conditions de la gouvernance maritime de l'UE, la mer se transforme en un liquide mortel – la cause directe de plus de 14 000 décès documentés au cours des quinze dernières années. Cependant, en utilisant les mêmes appareils de télédétection que ceux déployés en Méditerranée et en spatialisant les violations des droits des migrants en mer, il est possible de ré-inscrire la notion de responsabilité dans une mer d'impunité.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Because any trace on water seems to be immediately dissolved by currents, the seas have long been associated with a permanent present that resists any writing of history. The infinite liquid expanse has equally represented a challenge for governance: the impossibility of drawing stable boundaries in ever changing waters has led to consider the seas as a space of absolute freedom and flow – the “free seas”. In this article, we demonstrate that on the contrary, the seas are increasingly documented and divided, and inextricably so. A complex sensing apparatus is fundamental to a form of governance that combines the division of maritime spaces and the control of movement, and that instrumentalises the partial, overlapping, and “elastic” nature of maritime jurisdictions and international law. It is in these conditions that the EU imposed migration regime operates, selectively expanding sovereign rights through patrols in the high seas but also retracting from responsibility, as in the many instances of non-assistance to migrants at sea. Through the policies and the conditions of maritime governance organized by the EU the sea is turned into a deadly liquid – the direct cause of over 13.000 documented deaths over the last fifteen years. However, by using the Mediterranean's remote sensing apparatus against the grain and spatialising violations of migrants' rights at sea, it is possible to re-inscribe responsibility into a sea of impunity.‪
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=REMI_303_0071