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Titre Orphée blessé. L'expérience de la douleur dans le monde professionel du piano.
Auteur R. Alford et A. Szanto.
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 110, décembre 1995 Musique et musiciens
Rubrique / Thématique
Musique et musiciens
Résumé Orphée blessé L'univers académique du piano se compose de trois mondes : celui des virtuoses, des enseignants, et le monde médical. Chacun d'eux à sa manière produit, gère et dénie la douleur physique des pianistes. Un certain nombre de facteurs de risque se combinent pour accroître la production de la douleur parmi un nombre significatif de pianistes professionnels : l'augmentation du marché de la compétition, une technique erronée (et un mauvais enseignement), l'étendue du répertoire standard des virtuoses. Historiquement, aucun des univers sociaux du piano n'a eu à affronter le problème de la souffrance. Le monde médical attribuait la douleur au mauvais usage ; les virtuoses au manque de « génie » ou au « travail très dur », les professeurs au « mauvais enseignement » ou au « manque de talent ». Le problème est probablement exacerbé par l'investissement affectif que portent les jeunes prodiges à leur mère et à leur professeur, ce qui conduit à la dénégation de la douleur ou à l'autoaccusation. L'article s'appuie sur une enquête auprès de 268 professeurs de piano de l'État de New York, sur des interviews de médecins, de pianistes et de professeurs de piano ainsi que sur l'observation de l'enseignement du piano, de conférences de pédagogie et sur une recherche historique sur les manuels de technique du piano.
Résumé anglais Orpheus wounded The institutional field of the piano contains three social worlds -the virtuoso, pedagogical and medical worlds - each of which in its distinctive way produces, manages, or denies physical pain in piano playing. A number of "risk factors" combine to increase the production of pain among a signiftcant number of professional pianists : increasing market competition, faulty technique (and inadequate teaching), expansion of the standard virtuoso repertoire. None of the social worlds of the piano have historically had to confront the problem of pain. The medical world blames pain on "misuse" ; the virtuoso world on lack of "genius" or "hard work", the pedagogical world on "bad teaching" or "lack of talent". The problem is probably exacerbated by the emotional commitment of young piano prodigies to their mother and their teacher, which leads to denial of pain or self-blame. The argument is based upon a survey of 268 New York State piano teachers, on interviews with doctors, piano teachers and pianists, on observation of piano pedagogy clinics and pedagogical conferences, and on a historical survey of hand-books on piano technique.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1995_num_110_1_3162