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Titre The Conundrum of Economics: Uncompromising Empiricism alongside Blind Faith in the "Magic" of the "Invisible Hand"
Auteur Ivan Manokha
Mir@bel Revue Raisons Politiques
Numéro no 59, août 2015 Restorative Justice: The Institutional Turn
Rubrique / Thématique
Varia
Page 121-153
Résumé L'objet de cet article est de rendre compte d'un paradoxe manifeste qui a, ces dernières années, caractérisé le champs des études économiques, en particulier celui des études macroéconomiques : d'un côté, l'accent très fort mis sur l'observation et l'expérimentation empiriques d'hypothèses portant sur les fondements de la méthode scientifique et les critères de validation du savoir ; de l'autre, l'utilisation prépondérante de la notion d'Adam Smith de « main invisible » et de la manière dont celle-ci exercerait sa « magie ». Cet article situe l'usage du concept de Smith par les économistes contemporains dans le contexte du développement historique de la pensée économique, et plus précisément celui de la transformation de l'économie politique en une économie « pure », vidée de toute référence à des questions non-économiques, et construites dans la lignée de la physique (newtonienne) classique. L'argument qui y est développé consiste à montrer que l'emploi massif du terme de « main invisible » s'explique par l'incapacité de la discipline, contrainte par sa propre définition de la scientificité, à théoriser de façon adéquate les processus structurels autrement que dans des termes méthodologiquement individualistes ou réductionnistes, déniant de ce fait tout statut ontologique légitime à des phénomènes nonobservables. Aussi la « main invisible » d'Adam Smith jouerait-elle le même rôle dans le champs de la macroéconomie que le deus ex machine du « commissaire-priseur » imaginaire de Walras dans celui de la microéconomie : il s'agit d'une tentative pour conforter l'affirmation selon laquelle les marché libres conduiront nécessairement à une distribution des ressources équilibrée et optimale, dans le sens donné par Vilfredo Pareto, ce que la discipline, familière des phénomènes sociaux et non pas naturels, est visiblement incapable de prouver scientifiquement.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The objective of this paper is to account for an apparent paradox that has in recent years characterized the discipline of Economics, particularly the domain of Macroeconomics: on the one hand, a very strong emphasis on empirical observation and empirical testing of hypotheses as the foundations of scientific method and the criteria for knowledge validation; and a very extensive use of Smith's notion of “Invisible Hand' and the manner in which it “works its magic”, on the other. The paper places the construction of Smith by contemporary economists in the context of the historical development of economic thought, and particularly of the transformation of Political Economy into “pure” Economics, emptied of any reference to non-economic issues, and constructed along the lines of classical (Newtonian) physics. It is argued that such widespread use of the term “Invisible Hand” can be explained by the inability of the discipline, constrained by its definition of what it means to be scientific, to adequately theorize aggregate or structural processes in other than methodologically individualist and reductionist terms, denying any legitimate ontological status to non observable phenomena. It is suggested that the “Invisible Hand' of Smith performs for Macroeconomics the same role as the one played by the deus ex machine of imagined “auctioneer” of Walras for Microeconomics : it is an attempt to back up the claim that free markets will necessarily result in a market-clearing and Pareto-optimal allocation of resources, which the discipline, dealing with social and not natural phenomena, is obviously unable to prove in any “scientific” way.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_059_0121