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Titre Des émeutes à une crise politique : les ressorts de la politisation des mobilisations en Algérie en 1988
Auteur Myriam Aït-Aoudia
Mir@bel Revue Politix
Numéro vol. 28, no 112, 2015 Protagonisme et crises politiques
Rubrique / Thématique
Dossier : Protagonisme et crises politiques
Page 59-82
Résumé Cet article analyse, à partir du cas algérien de 1988, la transformation d'émeutes en crise politique par la politisation de mobilisations multisectorielles. Cette crise produira ensuite une libéralisation inédite du régime autoritaire. Le propos est axé sur la dimension politique et contestataire de l'événement émeutes. Il montre, d'une part, que la qualification politique d'un événement, ici les émeutes, ne peut être imposée en surplomb par le chercheur – souvent à partir d'une analyse ex post. Il convient plutôt d'être attentif aux luttes pour la définition légitime de l'événement, en situation, et de restituer le processus par lequel une définition tend à s'imposer à tous les protagonistes, tandis que des catégorisations concurrentes sont écartées. Cet article montre, d'autre part, que la production d'une parole politique sur l'événement n'a rien d'évident, tout comme le succès de cette interprétation politique. Les émeutiers, multitude d'individus ordinaires tenus jusque-là à l'écart de la vie publique, ouvrent certes l'espace des possibles, mais ce sont des acteurs préalablement engagés qui médiatisent leur action et imposent un sens politique contestataire à l'événement en se fondant notamment sur des ressources et des réseaux antérieurs. Les caractéristiques mêmes de l'émeute – désorganisée, sans mots d'ordre, menée par de très jeunes gens qui n'articulent aucune parole politique – autorisent l'imposition, de l'extérieur, d'une parole politique consistante.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Based on the algerian case in 1988, this paper analyses the process by which riots develop into political crisis through the politicization of multi-sector rallies. This political crisis will produce an unprecedented liberalization of the authoritarian regime. The paper focuses on the political and contentious dimension of these events, showing first that such events, in this case riots, cannot be labeled as « political », as it were “from above”, by the researcher, often on the basis of an ex post analysis. Instead, one has to be attentive to the struggles for a legitimate definition of the event, in situ, and recreate the process by which a definition tends to impose itself on all the protagonists, sweeping all competing categorizations aside. Second, this article shows that articulating a political judgment about an event is not taken for granted, and neither is this political interpretation destined for success. The rioters, a multitude of individuals who, until now, have been outside of public life, certainly open up a realm of possibility ; but it is the previously committed actors who mediatize their action and impose an contentious and political meaning on the event by basing themselves on earlier skills and networks. The very characteristics of a riot—disorganized, without any leadersphip, led by very young people who do not articulate a political speach—authorize the voicing of a sound political judgment from outside.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_112_0059