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Titre Máscaras sonoras y metamorfosis en el lenguaje ritual de los runas del Alto Pastaza (Amazonía, Perú)*
Auteur Andrea-Luz Gutiérrez Choquevilca
Mir@bel Revue Bulletin de l'Institut Français d'Etudes Andines
Numéro volume 45, no 1, 2016 En el río del Maíz (Madre de Dios)Homenaje a Bernard Lelong
Page 17-37
Résumé Cet article se fonde sur l'étude pragmatique de la tradition orale quechua du Haut-Pastaza. Il examine le concept de « masque acoustique » dans le cadre de l'énonciation rituelle et des pratiques de communication. L'accent mis sur les techniques narratives de traduction (code-switching) utilisées dans le mythe d'origine andoa-katsakati, et sur le processus de transmission des chants de chasse kayachina et d'amour llakichina, révèle que l'on attribue à la voix de certaines entités non-humaines un pouvoir central d'évocation dans les activités rituelles, aussi bien pour le chasseur initié que pour les amants quechua. Il devient évident que la transformation de la voix à travers les onomatopées spécifiques joue, dans le registre sonore, une fonction analogue à celle d'un « masque » : c'est-à-dire le pouvoir de montrer la face visible des acteurs invisibles des interactions rituelles, à des fins de prédation ou de séduction. L'étude de la fonction performative attribuée au son fournit les moyens indispensables à la compréhension de l'efficacité rituelle quechua. Ainsi, la « métamorphose » du chasseur ou de l'amant est directement reliée à une manipulation du processus de citation ou mimesis de la voix du locuteur invisible ou non-humain. L'analyse suggère que les techniques de communication acoustiques observées dans le langage rituel quechua jouent un rôle-clé, non seulement dans l'economie symbolique des relations entre humains et non-humains, mais aussi du point de vue cognitif et pragmatique, dans la transmission de certaines représentations animistes.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Based on a study of oral Quechua tradition in the Alto Pastaza (Peru), this article examines the concept of «acoustic masks» in the context of ritual enunciation and communication practices. A focus on code-switching techniques used in the andoa-katsaki origin myth, as well as on the transmission process of kayachina hunting songs and llakichina love songs, reveals that the voices of certain non-human entities are invested with power, which is central to ritual activities for the initiated hunter as well as for Quechua lovers. It becomes evident that voice transformation through the use of specific onomatopoeias holds a role similar to that of a «mask», in the field of sound: that is, the power to show the visible side of the invisible actors of ritual interaction, directed towards predation or seduction. The study of the performative role attributed to sound offers indispensable tools in order to understand the effectiveness of Quechua ritual. «Metamorphosis» of the hunter or the lover is directly linked to a manipulation of the process of citation or mimesis of the voice of an invisible or non-human speaker. This analysis suggests that the acoustical communication techniques observed in Quechua ritual language play a key role not only in the symbolic economy of the relationships between humans and non-humans, but also from a cognitive and pragmatic point of view in the transmission of certain animistic representations.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://bifea.revues.org/7779