Contenu de l'article

Titre Mobilisations foncières et logiques d'autonomie des communautés paysannes de l'Urabá colombien (1997-2010)
Auteur Stellio Rolland
Mir@bel Revue Cahiers des Amériques Latines
Numéro no 81, 2016 Gouverner les hommes et les ressources : légitimités et citoyennetés
Rubrique / Thématique
Dossier. Gouverner les hommes et les ressources : légitimités et citoyennetés
Page 113-132
Résumé Sur la longue période, l'Urabá colombien s'est constitué en tant qu'espace de colonisation agricole et d'exploitation des ressources naturelles : la réserve de terres disponibles (« baldíos de la Nación ») semblait illimitée. Depuis la fin des années 1950, l'État central a été absent de toute forme de régulation socio-politique et économique dans cette région de marge touchée par un contexte de forte conflictualité sociale et guerrière et par une présence considérable du trafic de drogue et de la criminalité organisée. L'Urabá était avant tout perçu comme un espace dévalorisé, voué à la relégation et à la stigmatisation des communautés paysannes locales, souvent accusées de soutenir la guérilla.Au cours des deux dernières décennies, la tendance à la dévalorisation symbolique de la région s'est progressivement inversée et l'État central a multiplié les tentatives d'ancrage social et de légitimation à l'échelon local. Peu à peu, l'Urabá a émergé en tant qu'espace de développement, de modernisation socio-économique et de protection de l'environnement. L'identité ethnique et culturelle des communautés afro-colombiennes locales s'est progressivement construite avant d'être finalement reconnue par la législation étatique (loi 70 de 1993).À partir de 1997, dans un contexte d'intensification du conflit armé, plusieurs initiatives locales de résistance à la violence et de regroupement communautaire de petits paysans déplacés ont été soutenues par l'Église et par des ONG. Ces stratégies de survie et de retour collectif sur les terres d'origine ont abouti à la mise en place de projets territoriaux et politiques alternatifs dans des espaces interstitiels. Certaines communautés paysannes ont accédé à la propriété de leurs terres en nom collectif, tout en valorisant la polyculture de subsistance et en contestant l'emprise territoriale détenue par de puissantes entreprises agro-industrielles (plantations de palmier à huile, élevage bovin extensif). À l'échelon local, une société civile s'est peu à peu constituée et plusieurs organisations communautaires ont réussi à exercer des formes d'autonomie tant vis-à-vis des groupes armés irréguliers (guérillas, paramilitaires) que de l'État central.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Historically, the Colombian region of Urabá had been considered an area of agricultural colonization and exploitation of natural resources: the reserve of land seemed unlimited (“baldíos de la Nación”). Since the late 1950s, the central State has been absent from all forms of socio-political and economic regulation in this marginal area, affected by an intense armed and social conflict and a considerable presence of drug trafficking and organized crime. Moreover, Urabá was perceived as a devalued space, doomed to social relegation, while the local peasant population was often stigmatized and accused of supporting guerrillas and drug mafias.Over the past two decades, however, the trend towards the symbolic devaluation of the region was gradually reversed as the central government increased its social anchoring strategies in order to consolidate its legitimacy at the local level. Gradually, Urabá emerged as an area of development, socio-economic modernization and environmental protection. The ethnic and cultural identity of local Afro-Colombian communities has also been gradually rebuilt before being officially recognized in 1993 by the State legislation with the Law 70.From 1997, when the armed conflict went through a particular intense period, several initiatives of resistance to violence emerged. Small farmers who had been internally displaced settled in several protected areas, an initiative thoroughly supported by the Church and by different NGOs. These local strategies of survival and attempts of collective return to the original land led to the development of territorial and political projects located in interstitial spaces. As a result, some local communities have accessed the collective ownership of their land while enhancing traditional methods of agriculture based on mixed-farming and self-sufficiency. They thoroughly challenged the territorial expansion of powerful agribusiness companies (mostly oil palm plantations and cattle-ranching). At the local level, civil society has been gradually constituted and several local community organizations have exercised forms of autonomy, away from local irregular armed groups (guerrillas and paramilitaries) and from the central State.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://cal.revues.org/4286