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Titre L'électron, la modernité et les ingénieurs d'état : Des imaginaires et des réseaux pour rationaliser les savoirs et la société
Auteur Benoît Lelong
Mir@bel Revue Réseaux (communication - technologie - société)
Numéro vol. 35, no 205, septembre-octobre 2017 Modèles économiques, usages et pluralisme de l'information en ligne
Rubrique / Thématique
Varia
Page 177-201
Résumé Apparaissant au milieu des années 1890 dans les travaux de certains physiciens, redéfinissant complètement la nature de l'électricité, l'électron devient l'emblème d'une science dite « moderne », se séparant d'approches désormais qualifiées de « classiques ». Pour une part, les personnages et les collectifs portant ces dernières en France rassemblaient des anciens élèves des écoles d'ingénieurs. Cet article voudrait examiner leurs réactions à la critique intellectuelle et politique que leur adressèrent les partisans de l'électron. Loin de le rejeter, ils le réinterprétèrent pour l'incorporer à leur propre univers symbolique et institutionnel centré sur les théories mathématiques et les instruments de mesure. Ces attitudes prenaient sens dans le paysage plus général de l'électrotechnique telle que les ingénieurs d'État la réorganisaient dans ses savoirs et ses équipements. Mobilisant des imaginaires rationalisateurs, le déploiement des réseaux électriques promettait un futur socialement pacifié et économiquement stabilisé grâce au contrôle exercé par des élites techniciennes garantes du bien commun. Une nouvelle version de l'ancien projet technocratique et industrialiste fut finalement envisagée pour l'électricité. Ni radicale ni conservatrice, mais plutôt progressiste et continuiste, elle marginalisa la portée subversive de l'électron, confinant ses bouleversements éventuels à un avenir lointain et improbable.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The electron, which first appeared in the mid-1890s in some physicists' work, completely redefined the nature of electricity and became the emblem of “modern” science that departed from “classical” science approaches. The individuals and collectives that held onto these approaches in France were mostly trained in engineering schools. This article examines their reactions to the intellectual and political critique addressed to them by advocates of the electron. Rather than refusing the electron, they reinterpreted it to incorporate it into their own symbolic and institutional world revolving around mathematical theories and measuring instruments. These attitudes made sense in the more general context of electro-technology as reorganized by state engineers in its knowledge and equipment. By playing on rationalizing imaginaries, the spread of electrical networks promised a socially pacified and economically stabilized future, thanks to the control exercised by the technical elites safeguarding the common good. A new version of the old technocratic and industrialist project was finally envisaged for electricity. Neither radical nor conservative, but rather progressive and continuist, it marginalized the subversive impact of the electron, confining its possible upheavals to a distant and improbable future.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RES_205_0177