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Titre La métropolisation contre la métropole ? Réflexion sur la gouvernance « stratégique » du Grand Londres à partir du cas des zones d'opportunité
Auteur Martine Drozdz
Mir@bel Revue Métropoles
Numéro no 19, 2016
Résumé L'ouverture des systèmes d'acteurs qui accompagne la construction de la gouvernance métropolitaine se produit dans une situation paradoxale (Lefèvre, 2009). Chargés de coordonner l'action des collectivités pour réduire la fragmentation sociale et institutionnelle, les gouvernements métropolitains semblent manquer d'une capacité d'action suffisante pour mener à bien ces missions. Le Grand Londres (GLA – Greater London Authority), institution responsable de l'aménagement stratégique de la capitale britannique depuis une quinzaine d'années, illustre en partie cette situation. Chargée d'assurer la cohésion sociospatiale et la compétitivité de la capitale, le maire et l'assemblée de Londres souffrent néanmoins d'une autonomie limitée vis-à-vis des collectivités locales qui composent la région urbaine, du gouvernement central et des acteurs privés. Face à l'impossibilité de mobiliser les collectivités limitrophes, l'action de la GLA dans le champ de l'aménagement urbain s'est concentrée sur le cœur de la capitale où elle prend part au pilotage des périmètres prioritaires de la régénération, les zones d'opportunité. Initialement conçus comme le moteur de politiques progressistes, ces grands projets ont suscité une vague de critiques lors des débats publics du London Plan. En nous appuyant sur une analyse originale des résultats du recensement de 2011 et sur une enquête menée auprès des acteurs publics locaux et métropolitains, nous montrons que cette politique a permis de catalyser les flux d'investissements immobiliers vers des espaces peu valorisés dans les décennies précédentes, mais qu'elle a également eu pour effet d'exclure les groupes sociaux les moins bien lotis et de renforcer la fragmentation socio-spatiale dans le centre de la capitale. Nous soutenons que cette réorientation s'explique moins par l'alternance politique à la tête de la mairie depuis 2008 que par la configuration institutionnelle qui préside à la gouvernance des grands projets. Finalement, il semble que ce soit l'agenda de la métropolisation entendue au sens de la concentration des investissements les plus rentables pour la promotion immobilière qui a finalement dominé dans les projets d'intérêt métropolitain, aux dépens de celui de la construction d'une entité politique capable de lutter contre la fragmentation socio-spatiale de la capitale.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The expansion of actors networks during the construction of metropolitan governance occurs in a paradoxical situation (Lefevre, 2009). Responsible for coordinating the action of local authorities in order to reduce social and institutional fragmentation, metropolitan governments seem to lack sufficient capacity for action to carry out these missions. The case of the Greater London Authority (GLA), responsible for strategic development in the British capital for the last fifteen years, partly illustrates this situation. In charge of ensuring the socio-spatial cohesion and competitiveness of the capital, the Mayor and the London Assembly nevertheless suffer from limited autonomy vis-à-vis local authorities that make up the functional urban region, central government and private actors. Unable to coerce the communities adjacent to the territory of Greater London to realise its policies, the GLA focuses its planning efforts on the heart of the capital where the majority of large urban projects are produced, inside designated ‘opportunity areas'. Originally designed as engines of progressive policies, these major projects have sparked a wave of criticism during the Examination in Public of the London Plan, the reference document which describes the regional planning strategy of the GLA. Drawing on an original analysis of the results of the 2011 census and a survey conducted among key actors in local and metropolitan authorities, we show that this policy has helped to catalyze flows of investment into areas that were undervalued in previous decades but it also had the effect of excluding the less well-off social groups and strengthened the socio-spatial fragmentation in the centre of the capital. We argue that this shift can be explained by the institutional configuration which governs the implementation of large urban projects more than by the political changeover at the head of the mayoral office since 2008. In total, it seems to be the agenda promoting the concentration of the most profitable real estate investments that has eventually dominated in projects of metropolitan interest, at the expense of the construction of a political entity capable of alleviating the socio-spatial fragmentation of the capital.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)