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Titre « On n'est pas un bon légionnaire quand on n'a pas le cafard »1 : enjeux médicaux, culturels et politiques d'un sentiment géographique (1880-1930)
Auteur Jean-François Staszak
Mir@bel Revue Carnets de géographes
Numéro no 9, 2016 Géographies des émotions
Rubrique / Thématique
Carnets de débats
Résumé Au croisement de la géographie médicale, politique et culturelle, l'article porte sur le cafard colonial. Le cafard est un mal du pays qui apparaît dans les années 1880 au sein la Légion étrangère et des Bataillons d'Afrique, qui tirent pour partie leur identité de cette forme de nostalgie. Identifié comme pathologie coloniale par les médecins dans les années 1910, il affecte ensuite les Poilus dans les tranchées, avant de se banaliser pour constituer un sentiment qui diffuse ensuite dans toute la société française. Dans les colonies, les coups de cafards débouchent souvent sur des excès de violence, que la médicalisation de cet état d'âme permet d'excuser. En fait, le cafard semble consubstantiel au projet colonial, dont les contradictions font qu'il est impossible au colon de trouver une juste place. L'article plaide par l'exemple pour une approche critique des affects géographiques.Mots-clés : affect, colonisation, exotisme, médicalisation, nostalgie
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais At the intersection of medical, political and cultural geography, this paper investigates colonial blues (cafard colonial), a kind of homesickness, which appeared among the French Foreign Legion and African colonial army during the 1880s. At first, the cafard colonial was considered specific to these troops and claimed as one of their identifying characteristics. Then, in the 1910s, physicians defined this form of nostalgia as a colonial pathology. During Word War I, the cafard affected as well French soldiers in the trenches and in the 1920s eventually became nothing but a kind of blues that may be experienced by anyone in French Society. In French colonies, cafard crises often resulted in explosive violence, easy to excuse because of its medicalization. The cafard is indeed consubstantial with colonization and its contradictions, which make finding a rightful place impossible for the colonizers. This paper calls for a critical analysis of geographical affects.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/cdg/680