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Titre Quand le cafard fait son cinéma : la mise en scène du cafard colonial dans les films français des années 1930
Auteur Jean-François Staszak
Mir@bel Revue Carnets de géographes
Numéro no 9, 2016 Géographies des émotions
Rubrique / Thématique
Carnets de recherches
Résumé Le cinéma colonial des années 1930 présente de nombreuses scènes de cafard. Selon qu'il s'agit d'un personnage féminin, incarné par exemple par les chanteuses réalistes, ou masculin, incarné par Jean Gabin, ce sentiment nostalgique s'accompagne d'émotions différentes : tristesse dans le premier cas, colère dans le second. La musique du film est un support important à la mise en scène du cafard : à l'instar d'autres objets pronostalgiques, elle permet au spectateur de partager les souvenirs du personnage et son expérience émotionnelle, si ce n'est la catharsis sur laquelle celle-ci débouche. La figuration du cafard s'effectue sur un registre esthétique qui l'institue en spectacle. Sans que les scènes de cafard ne constituent vraiment des critiques de la colonisation, elles montrent les difficultés de sa mise en pratique et paradoxalement confortent le spectateur dans son plaisir exotique. Ces scènes, en établissant le cafard comme une émotion légitime, ont probablement participé à sa diffusion parmi les colons, et peut-être détourné certains spectateurs de « l'aventure coloniale », que ce cinéma ne présentait pas sous le meilleur jour.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais During the 1930s, colonial movies often included a cafard (blues) scene. The cafard colonial affected female characters, played at times by realistic singers, as well as male roles, such as those played by the French star Jean Gabin. But this nostalgic feeling corresponded to different emotions according to gender : sadness for women, anger for men. Film music was a key element for staging the cafard. Just as with other pro-nostalgic props, music allowed the audience to share the character's memories and emotional experience, if not the catharsis, which concluded these experiences. Aestheticized in and by these movies, the cafard became a performance. Staging the cafard did not necessarily imply criticizing colonization, and may paradoxically have comforted the audience in its exoticism. Nevertheless, the cafard scenes presented this emotion as legitimate, and may have helped spread it among French colonists. At the same time, these scenes testified that life in the Empire was not easy, and may have lured some spectators away from colonial aspirations.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/cdg/700