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Titre « S'engager, c'est simplement assumer son propos et le traduire en actes conséquents »
Auteur , Alice Aterianus-Owanga
Mir@bel Revue Mouvements
Numéro no 96, novembre 2018 La battle du rap : genre, classe, race
Rubrique / Thématique
Dossier : la battle du rap : genre, classe, race
Page 65-72
Résumé Smockey est né à Ouagadougou en 1971, d'un père burkinabè et d'une mère française, tous deux impliqué·e·s dans des mouvements militants et politiques locaux. Alors que la vague hip-hop connaît ses premiers bourgeonnements au Burkina Faso, il part en 1991 étudier en France, où il se forme en programmation musicale et découvre progressivement le monde du hip-hop. Il y réalise un premier single produit par EMI productions, en featuring avec la chanteuse Laam. En 2001, à son retour au Burkina Faso, il crée son studio d'enregistrement à Ouagadougou, où il se distingue rapidement pour son style critique et engagé contre les modes de gouvernance de son pays. Son œuvre musicale et ses actions politiques seront ainsi très tôt nourries de l'influence des mouvements révolutionnaires, panafricanistes et anti-impérialistes qui ont égrené l'histoire du Burkina Faso, et particulièrement par la figure de Thomas Sankara1.Dès ses premiers albums, il développe un style musical alliant des éléments traditionnels locaux aux rythmes hip-hop, et développe une plume critique et cynique à l'égard du système politique, avec des titres comme Votez pour moi. Outre ses propres créations et productions, Smockey accompagne l'émergence de toute une génération d'artistes rap du Burkina Faso qui passent par son studio Abazon, comme les groupes Yeleen ou Faso Kombat. Tout en gagnant en reconnaissance grâce à différents prix dans son pays, il entame des collaborations avec des artistes africains investis dans des causes similaires, par exemple au sein du projet AURA (Artistes unis pour le rap africain), projet financé par l'ONG plan qui réunit des artistes de toute l'Afrique francophone autour d'une création pour la défense des droits des enfants. Il y collabore avec plusieurs artistes comme Didier Awadi 2, rappeur sénégalais avec qui il partagera par la suite de nombreux projets et engagements.En 2013, avec le chanteur de reggae Sams'K le Jah, il fonde le Balai citoyen, un mouvement protestataire qui entre en convergence avec différents syndicats et associations locales pour dénoncer les tentatives de détournement constitutionnel du président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 24 ans. Ce mouvement conduit à une vaste mobilisation populaire et pousse Blaise Compaoré à quitter le pouvoir en octobre 2014. Récipiendaires du prix « Ambassadeur de conscience » de l'organisation Amnesty International, Smockey et le Balai Citoyen ont accompagné la mise en place d'un gouvernement de transition, et ont poursuivi leurs actions de vigilance citoyenne durant la mise en place d'élections présidentielles en 2015 et depuis lors.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MOUV_096_0065