Contenu de l'article

Titre Durabilité et extension du soupçon : Catégorisations et usages policiers du fichier d'empreintes génétiques en France
Auteur Joëlle Vailly, Gaëlle Krikorian
Mir@bel Revue Revue Française de Sociologie
Numéro vol. 59, no 4, 2018
Rubrique / Thématique
Varia
Page 707-733
Mots-clés (matière)biotechnologie délit enquête génétique infraction justice police
Mots-clés (géographie)France
Résumé L'usage des banques de données génétiques dans le monde de la police et de la justice connait un développement spectaculaire dans de nombreux pays, notamment en France avec le Fichier national automatisé des empreintes génétiques. Dans ce contexte, cet article analyse les relations entre catégories d'identification d'auteurs et de suspects d'infraction, formes de savoir et rapports de pouvoir inter- et intra-institutionnels liés à cet usage. Notre étude est fondée sur des entretiens semi-directifs approfondis (N = 24), principalement avec des policiers et des gendarmes directement impliqués dans ces pratiques, et sur l'analyse de documents (textes juridiques, rapports ministériels, articles de presse, etc.). Après avoir présenté le contexte technoscientifique et législatif qui préside à ces évolutions, nous montrons d'une part la porosité des catégories d'auteurs d'infraction, de suspects et d'auteurs potentiels, d'autre part la formation de bio-identités de suspects sous diverses formes. Nous montrons également que ces processus s'articulent à quatre logiques : 1) une logique de prévention supposée des infractions par repérage des auteurs le plus tôt possible ; 2) une logique inter-institutionnelle en faveur de la police par rapport à la justice ; 3) une logique intra-institutionnelle liée à la performance ; 4) une logique probabiliste d'élucidation visant à aider les enquêtes policières sur des bases parfois empathiques vis-à-vis des victimes. Ces différentes logiques sont imbriquées et convergent vers une durabilité du soupçon et une inclusion élargie au fichier.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Durability and extension of suspicion. Categorization and police use of the DNA database in France
The use of DNA databases in the world of the police and the legal justice system has been developing spectacularly in many countries, particularly in France with the Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) [National Automated DNA Database]. In this context, this article analyses the relationships between categories of identification of criminal perpetrators and suspects, forms of knowledge and the inter- and intra-institutional power relations related to this use. Our study is based on in-depth semi-structured interviews (N=24), mainly with police and gendarmes directly involved in these practices, and on the analysis of documents (legal texts, ministerial reports, press articles, etc.). After having presented the techno-scientific and legislative context that governs these evolutions, we show on the one hand the porosity of the categories of offenders, suspects and potential authors, on the other hand the formation of bio-identities of suspects in various forms. We also show that these processes are organised in terms of four logics: 1) a logic of supposed prevention of offences by identifying their perpetrators as soon as possible; 2) an inter-institutional logic in favour of the police in relation to justice; 3) an intra-institutional logic linked to performance; 4) a probabilistic logic of elucidation to help police investigations on sometimes empathic bases vis-à-vis the victims. These different logics are interconnected and converge on the lasting and extending character of suspicion and the wider range of evidence included in criminal records.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFS_594_0707