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Titre La Banque centrale européenne ou le seigneur des euros.
Auteur Jérôme Creel et Jacky Fayolle
Mir@bel Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques)
Numéro no 83 bis, octobre 2002 La mondialisation et l'Europe
Rubrique / Thématique
La mondialisation et l'Europe
Page 175-210
Résumé Cet article se livre à un essai de bilan des trois premières années d'exercice de la Banque centrale européenne, désormais unique maîtresse de la politique monétaire au sein de la zone euro. Ce bilan n'échappe pas à une certaine ambivalence : appréciée par rapport à la précarité de l'expansion et à la fugacité des risques d'inflation au sein de la zone, l'action de la BCE paraît contrainte par une cible d'inflation trop basse et par un horizon d'action trop court. Elle n'a pas échappé à un certain suivisme à l'égard des autorités monétaires américaines et des marchés financiers internationaux, lorsque le caractère plus synchrone de l'expansion mondiale, jusqu'en 2000, faisait craindre des risques d'inflation généralisée. Ce faisant, elle n'a pas su adopter un timing contribuant à affermir une expansion européenne encore fragile et n'a pas contré le ralentissement engagé en Europe dès le milieu de l'année 2000. Comparativement au comportement de la FED, apprécié dans des circonstances analogues, la BCE semble cependant plus pêcher par inertie que par excès de prévention — que ce soit face aux risques d'inflation ou de récession. La FED sait être à la fois réactive et graduelle, si on entend par gradualisme la capacité à définir et mettre en œuvre en temps utile une orientation résolue, progressive et persévérante des taux d'intérêt à court terme. Celle-ci peut au départ surprendre les marchés, mais contribue à infléchir leurs anticipations et agit ainsi sur l'activité, en faisant partager par l'ensemble des acteurs économiques le diagnostic de la banque centrale. Au contraire, l'inertie désigne le retard et la discontinuité dans la prise de décisions monétaires adaptées à l'évolution conjoncturelle. L'inertie de la politique monétaire mise en œuvre par la BCE participe de l'ensemble des facteurs structurels et institutionnels qui handicapent en Europe la coopération des politiques économiques en direction du plein emploi. Si la BCE se veut l'héritière de la Bundesbank, les difficultés qu'elle rencontre pour susciter la confiance et consolider sa réputation la pousseront sans doute à prendre en compte les « bonnes pratiques » des banques centrales anglo-saxonnes et à dépasser la dualité de la stratégie dite des deux piliers, qui donne encore trop de poids au suivi des agrégats monétaires. Au demeurant, et quelles que soient les réserves que son action puisse susciter, il semble que la BCE ait été moins restrictive, durant les trois premières années de la zone euro, que ce qu'aurait été l'action de la Bundesbank dans des circonstances similaires.
Résumé anglais This article assesses the first three working years of the ECB. This assessment is ambivalent: related to the precariousness of the European expansion, the ECB's action appears too constrained by a very low inflation target. However, compared to the behaviour of the FED, the ECB seems show more inertia than excess of prevention. The FED is reactive and gradual: gradualism means the ability to implement at right time a clear and progressive orientation of the short-term rates. Inertia means lags and hesitations of the monetary policy. The ECB is the heiress of Bundesbank, but the difficulties to consolidate its reputation will push it to take into account the « good practices « of Anglo-Saxon central banks. Moreover, and whatever the critics its action can cause, it seems that the ECB was less restrictive than the action of Bundesbank would have been in similar circumstances.
Article en ligne http://www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2002-5-p-175.htm