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Titre Où placer la ligne rouge ? La qualification du harcèlement sexuel dans les restaurants
Auteur Patti A. Giuffre, Christine L. Williams
Mir@bel Revue Sociologie du travail
Numéro vol. 61, no 3, juillet-septembre 2019 Genre et classes populaires au travail
Rubrique / Thématique
Genre et classes populaires au travail
Résumé Comme plusieurs travaux l'ont montré, les salariées sont majoritairement exposées au harcèlement sexuel et souffrent des répercussions négatives qu'il engendre ; pourtant, seule une minorité de ces femmes qualifie ces expériences vécues de « harcèlement sexuel ». Dans le cadre d'une enquête sur l'identification du harcèlement sexuel, des entretiens approfondis avec dix-huit serveuses et serveurs ont été menés dans des restaurants d'Austin, au Texas. Les personnes interrogées n'ont qualifié certaines avances sexuelles de « harcèlement sexuel » que dans quatre contextes spécifiques : (1) lorsqu'elles sont le fait d'une personne tirant profit de sa position de pouvoir pour obtenir des faveurs sexuelles personnelles ; (2) lorsque l'agression a été commise par une personne d'une race/ethnicité différente de celle de la victime — typiquement, un homme issu d'une minorité harcelant une femme blanche ; (3) lorsque l'agression a été commise par une personne d'une orientation sexuelle différente de celle de la victime — typiquement, un homosexuel harcelant un hétérosexuel ; (4) en cas d'usage de la violence ou de menace de violences. La thèse défendue par les autrices est la suivante : les normes hégémoniques de ce qui est acceptable en termes d'activité sexuelle favorisent les relations hétérosexuelles, légitiment les formes institutionnalisées d'exploitation sexuelle sur le lieu de travail, et peuvent protéger contre les accusations de harcèlement sexuel les agresseurs appartenant à la même race et ayant la même orientation sexuelle que leurs victimes.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Research has shown that a majority of employed women experience sexual harassment and suffer negative repercussions because of it yet only a minority of these women label their experiences “sexual harassment.” To investigate how people identify sexual harassment, in-depth interviews were conducted with 18 waitpeople in restaurants in Austin, Texas. Most respondents worked in highly sexualized work environments. Respondents labeled sexual advances as sexual harassment only in four specific contexts: (1) when perpetrated by someone who exploited their powerful position for personal sexual gain; (2) when the perpetrator was of a different race/ethnicity than the victim — typically a minority man harassing a white woman; (3) when the perpetrator was of a different sexual orientation than the victim — typically a gay man harassing a straight man; or (4) when violence or the threat of violence was used. The authors argue that the hegemonic norms of acceptable sexual activity privilege heterosexual relationships, legitimize institutionalized forms of sexual exploitation in the workplace, and may protect assailants of the same race and sexual orientation as their victims from charges of sexual harassment.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/sdt/21206