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Titre La blockchain est-elle bonne pour le climat ?
Auteur Paul Jolie
Mir@bel Revue Responsabilité et environnement
Numéro no 110, avril 2023 Transitions énergétique et numérique
Rubrique / Thématique
La décarbonation de l'économie dans le contexte de nouveaux modèles
Page 65-71
Résumé La blockchain publique est une technologie récente qui permet de créer de la confiance. Dépourvue d'une instance centralisée, la blockchain repose sur un réseau de pair-à-pair. L'endommagement ou la perte d'un nœud n'affectera pas le fonctionnement de l'ensemble du système. Avec ses propriétés d'inviolabilité, de traçabilité et de transparence, la blockchain permet de créer des services de notarisation dans le monde numérique, entre des acteurs qui ne se font pas a priori confiance.Comme applications récentes utilisant la technologie blockchain, on recense les cryptomonnaies, avec le succès que l'on connaît pour deux d'entre elles, le Bitcoin et Ethereum. Or, entre 2018 et 2022, la quantité annuelle d'électricité consommée provenant des crypto-actifs mondiaux a augmenté de façon importante. En août 2022, les estimations publiées de la consommation mondiale totale d'électricité liée aux actifs cryptographiques situaient celle-ci entre 120 et 240 milliards de kilowattheures par an, des volumes qui dépassent la consommation annuelle totale d'électricité de pays comme l'Argentine ou l'Australie. Cela représente de 0,4 à 0,9 % de la consommation d'électricité mondiale annuelle et est comparable à la consommation d'électricité annuelle de tous les data centers dans le monde. Cette consommation est principalement due aux activités de minage (qui servent à établir un consensus entre les acteurs) recourant à la méthode dit de « Preuve de travail » (PoW), celle utilisée en particulier pour le Bitcoin.En ce sens, la blockchain, technologie cœur du Bitcoin, est très contributrice aux émissions de gaz à effet de serre. Heureusement, il existe d'autres mécanismes de consensus bien moins consommateurs d'énergie, comme le mécanisme de « Preuve de participation » (PoS), qui est utilisé par Ethereum.D'un autre côté, les nouveaux services qu'offre la blockchain sont particulièrement attractifs pour combattre le réchauffement climatique.Ainsi, la blockchain peut faciliter les échanges entre les producteurs des énergies qui sont difficiles à stocker. Elle est également très adaptée pour aider à la création d'infrastructures décentralisées et distribuées, tout en garantissant l'origine de l'énergie grâce à ses propriétés de traçabilité, et renforçant ainsi la confiance des consommateurs dans la provenance réelle de l'énergie qu'ils consomment.Ainsi, grâce à la blockchain, un processus de collaboration entre les États devrait devenir possible pour élaborer des normes de performance environnementale efficaces et fondées sur des preuves.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The public blockchain is a recent technology that allows trust to be created without a centralized body. Blockchain is based on a peer-to-peer network. The damage or loss of one node will not affect the functioning of the whole system. With its properties of tamper-proofness, traceability and transparency, the blockchain enables the creation of notarisation services in a digital world between actors who do not a priori trust each other. Recent applications using blockchain technology include crypto-currencies, two of which have been very successful: bitcoin and Ethereum. Yet, between 2018 and 2022, the annual amount of electricity from global crypto-assets has increased significantly. As of August 2022, published estimates of total global electricity consumption for crypto assets ranged from 120 to 240 billion kilowatt hours per year, a range that exceeds the total annual electricity consumption of countries like Argentina or Australia. This is equivalent to 0.4% to 0.9% of the world's annual electricity consumption and is comparable to the annual electricity consumption of all data centres in the world. This consumption is mainly due to mining activities (which are used to establish a consensus between players) using the so-called ‟Proof of Work” (PoW) method, used in particular by bitcoin. In this sense, the blockchain, the core technology of bitcoin, is a major contributor to greenhouse gas emissions. Fortunately, there are other consensus mechanisms that consume less energy, such as the ‟Proof of Participation” (PoS) mechanism used by Ethereum. On the other hand, the new services offered by blockchain are particularly attractive for combating global warming. For example, blockchain can facilitate exchanges between energy producers that are difficult to store. It is also very suitable for helping to create decentralised and distributed infrastructures, while guaranteeing the origin of energy thanks to its traceability properties, reinforcing consumers' confidence in the real origin of the energy they consume. Thus, through blockchain, a collaborative process between states should become possible to develop effective and evidence-based environmental performance standards.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RE1_110_0065 (accès réservé)