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Titre Changement d'opinion sur l'intégration européenne : quand François Mitterrand essayait en vain de sortir du Système monétaire européen
Auteur Matus Halas
Mir@bel Revue Revue historique
Numéro no 705, janvier 2023
Page 61-89
Résumé L'ancien président français François Mitterrand a été à la fois critiqué et encensé pour sa gestion de la crise de mars 1983, qui a marqué le point culminant du « tournant de la rigueur » durant son premier mandat. Lui est reproché, d'une part, son indécision, car il lui a fallu plus d'une semaine pour décider quoi faire de la monnaie française et de son gouvernement après l'échec subi aux précédentes élections municipales. Et il a été, d'autre part, félicité pour avoir choisi une voie pro-européenne, en décidant de rester dans le Système monétaire européen (SME) et en acceptant la troisième dévaluation du franc en l'espace de deux ans. Cependant, aucune de ces appréciations sur le comportement de Mitterrand pendant la crise n'est justifiée. Le président n'a pas choisi de rester dans le SME en raison de son inclination à promouvoir l'intégration européenne. En réalité, il avait d'abord la ferme volonté de sortir du SME et ce ne sont que des frictions spécifiques, accompagnées d'éléments facilitateurs, tant aux niveaux individuel, national et international, qui l'ont fait revenir sur sa décision initiale. Son malaise fondamental face aux questions économiques, les profondes divergences au sein de son administration sur la bonne marche à suivre et les mauvaises performances de l'économie française vis-à-vis de ses principaux partenaires commerciaux ont constitué trois facteurs contextuels cruciaux. Ils ont été complétés par trois changements dynamiques : le refus du Premier ministre d'appliquer la volonté initiale de Mitterrand de quitter le SME, le changement d'équilibre entre les groupes opposés au sein de l'administration et, enfin, la volonté de l'Allemagne d'aider la France à faire face à la crise. Toutes les issues politiques de cette crise ont été sur la table jusqu'à la fin, et il était impossible pour le président de prendre une décision avant que toutes les pièces de ce puzzle ne soient mises en place le 21 mars.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The former French President, François Mitterrand, is both criticized and lauded for his handling of the crisis in March 1983 that marked the culmination of the turn to the rigor during his first term in office. He is criticized for indecisiveness because it took him more than a week to decide what to do with the French currency and his government after the lost municipal elections. And he is lauded for choosing a pro-European path by deciding to stay in the European Monetary System (EMS) and accepting the third devaluation of the franc in span of two years. Neither of these assessments of Mitterrand's conduct during the crisis is, however, justified. The President did not opt to stay in the EMS because of his inclination to promote the European integration. In fact, he wanted to exit the EMS in the first place and only specific frictions and enablers at the individual, domestic, and international level jointly made him reconsider his original decision. His fundamental uneasiness as regards economic issues, profound split in his administration on the best course of action, and poor performance of the French economy vis-à-vis its main trade partners provided three crucial contextual factors. They were supplemented by three dynamic shifts in form of the Prime Minister's refusal to implement Mitterrand's preferred policy, a changing balance between the opposing groups in the administration, and ultimate German willingness to help Paris deal with the crisis. All the options were on the table until the very end, and it was impossible for the President to take a decision before all pieces of the puzzle were put in place on March 21.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_231_0061 (accès réservé)