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Titre Droit international, eurocentrisme et colonialisme : de la hiérarchisation des civilisations et des peuples à travers des exemples de la théorie juridique allemande
Auteur Ingrid Rademacher
Mir@bel Revue Revue d'Allemagne
Numéro Tome 55, no 1, janvier-juin 2023 Mémoire du passé colonial et politique mémorielle allemande : la reconnaissance du génocide des Hereros et des Namas | Discours critiques sur la démocratie dans l'entre-deux-guerres
Rubrique / Thématique
Mémoire du passé colonial et politique mémorielle allemande : la reconnaissance du génocide des Hereros et des Namas
Page 25-40
Résumé Au cours du xixe siècle, le fondement jusnaturaliste de la doctrine du droit international est progressivement remplacé par un concept eurocentrique de civilisation se voulant porteur de valeurs universelles. Le droit international européen positif est présenté dans la seconde moitié du xixe siècle comme la conscience juridique du monde civilisé. Dans ce nouveau discours, il devient le garant du progrès historique, doté d'une mission civilisatrice en raison de son caractère universel. Cette construction de l'histoire intègre et justifie le colonialisme faisant de lui l'élément constitutif d'un processus de civilisation. Le discours établit un standard de civilisation européenne présumé permettant la hiérarchisation des civilisations et des peuples. La distinction discriminatoire entre civilisations supérieures et inférieures, peuples civilisés et non civilisés, sert notamment à légitimer la non-reconnaissance juridique des peuples colonisés, leur inexistence sur le plan du droit international positif dont ils sont délibérément exclus en tant que sujets de droit.À travers les contributions de juristes représentatifs de la doctrine du droit international européen en Allemagne, l'article présente dans un premier temps l'émergence de la conception eurocentrique qui réduit dès la première moitié du xixe siècle le droit international au droit des nations civilisées (Martens, Klüber, Heffter). Le second point présente deux positions juridiques différentes justifiant le colonialisme, avec l'approche fondée sur le droit naturel de Bluntschli d'une part et celle représentative du courant positiviste de Holtzendorff d'autre part.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais In the course of the 19th century, the natural law basis of the theory of international law is progressively replaced by a Eurocentric concept of civilization, which understands itself as the bearer of universal values. Prevailing European international law is presented in the second half of the 19th century as the legal consciousness of the civilized world. In this new discourse, it is understood as the guarantor of historical progress and, due to its universal character, is endowed with a civilizational mission. This construction of history integrates and defends colonialism as a constitutive element of a process of civilization. The discourse establishes an alleged european standard of civilization, leading to the hierarchization of cultures and peoples. The discriminatory distinction between superior and inferior cultures as well as between civilized and uncivilized peoples is used in particular in order to justify the refusal to recognize colonized peoples as subjects of international law and their exclusion from prevailing legal standards.Through an analysis of works that contributed to the formation of the European international law doctrine in Germany, the article first shows the emergence of the Eurocentric position, which already in the first half of the century increasingly reduced international law to the law of civilized nations (Martens, Klüber, Heffter). In the second part, the justification of colonialism by two different legal positions, the natural law-based approach of Bluntschli and the legal positivism of Holtzendorff, is presented.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/allemagne/3516