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Titre Après la nature : Le tournant du vivant et ses conséquences politiques
Auteur Krystel Wanneau, Éric Fabri, Virginie Arantes
Mir@bel Revue Politiques de communication
Numéro Hors série no 2, 2023 Politique des non‑humains
Page 147-176
Résumé Que se passe-t-il si nous prenons au sérieux le vivant comme concept politique ? En partant de l'abandon de l'ontologie moderne fondée sur la distinction entre nature et culture, cet article explore les perspectives ouvertes par le tournant du vivant et poursuit deux objectifs : distinguer les principaux objets conceptuels et débats qui constituent le champ de la recherche sur le vivant, et distinguer l'intérêt qu'il y a à investir le vivant comme sujet et/ou objet politique pour la pensée critique contemporaine. Pour faire du vivant un objet politique, nous partons du constat que ce dernier impose la reconnaissance d'une réalité hybride, où l'agentivité qui caractérise une multitude d'êtres leur permet de faire territoire sur un lieu où émerge une vie sociale interespèces organisant cet espace. Nous abordons ces trois débats en mobilisant des travaux qui réalisent par leur parti pris pour le vivant une avancée dans l'« art d'observer » les alliances entre humains et non-humains dans des endroits parfois inattendus. Cette démarche nous permet ensuite d'appréhender ce qui vient après la nature en discutant trois modèles de relation des humains au vivant : celui de la soustraction qui prend le contre-pied de l'actuelle domination sur la nature, celui de légation où la relation avec le vivant mène l'humain à composer son action et son territoire avec d'autres vivants, et celui de la coexistence qui tient compte de l'historique moderne et entend bien éviter de reconduire une telle tragédie en s'efforçant de sanctuariser des zones pour laisser libre cours au vivant. Nous complétons cette discussion ontologique par un questionnement du rôle des sciences, notamment pour ouvrir de nouvelles médiations. Nous concluons sur les luttes émancipatrices qui agissent pour le vivant, sans la nature.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais What happens if we take the concept of « the living » seriously in the realm of politics? Breaking away from the traditional ontology that distinguishes between nature and culture, this article explores the transformative potential that arises from the turn to the politics of the living. It aims to achieve two objectives: first, to identify the primary conceptual elements and debates within the field of research on the living, and second, to highlight the significance of considering the living as a subject and/or political object within contemporary critical thought. To establish the living as a political object, we begin by acknowledging the necessity of recognizing a hybrid reality. In this reality, the agency granted to a multitude of beings empowers them to create territories in a space (lieu) where interspecies social life emerges and organizes. We engage in three debates by drawing upon works that exemplify the « art of observing » alliances between humans and non human entities, often in unexpected locations. By employing this approach, we can contemplate what lies beyond the limitations of nature. We explore the relationship between humans and the living through three distinct models: subtraction, which challenges the prevailing domination of nature; legation, where humans collaborate with other living beings to shape their actions and territories; and coexistence, which takes into account the lessons of modern history and strives to prevent the recurrence of tragic events by establishing sanctuaries for the living. We conclude this ontological discussion by questioning the role of science, particularly its capacity to forge new mediations and by identifying emancipatory struggles that advocate for politics of the living that transcend the notion of nature.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=PDC_HS02_0147 (accès réservé)