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Titre Loi morale, morale sans loi : genre, mort et éthique du service dans Anna Karénine
Auteur Guilhem Pousson
Mir@bel Revue Revue des Etudes Slaves
Numéro vol. 94, no 1-2, 2023 La slavistique française au premier quart du XXIe siècle
Rubrique / Thématique
Littérature
Page 97-111
Résumé La philosophie éthique de L. N. Tolstoj fait l'objet d'une recherche intense depuis un peu plus d'une décennie. Dans cet article, nous nous intéresserons à la représentation de l'intériorité dans le roman Anna Karénine, en étudiant un motif récurrent : la référence à la loi. Comme le pressentait Lev Šestov, quoique dans un sens différent, le recours ou la soumission à un opérateur légal lors des processus de délibération apparaît comme un discriminant majeur du système des personnages tolstoïens. Notre propos sera de souligner une partition entre personnages « légalistes » et « illégalistes » (capables d'agir sans rechercher l'approbation d'une norme). Nous verrons que cette partition recoupe partiellement des distinctions de genre et de classe. Nous montrerons – contre Šestov – que le refus de la loi par le personnage n'équivaut pas à une condamnation de celui-ci par l'auteur. Au contraire, Tolstoj met en regard les deux formes d'orientation éthique, dans une comparaison qui tourne souvent à la faveur de la « morale sans loi ». Nous proposerons enfin un parallèle entre cette seconde sorte de moralité et le paradigme du care, conçu comme une éthique affranchie de la référence à un sentiment de légalité.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais For over a decade, L. N. Tolstoy's ethical thought has been a popular subject in literary studies. By studying the role played by the Law in the decision-making process of the protagonists in Anna Karenina, this paper aims to highlight some aspects of Tolstoy's representation of moral consciousness. Lev Shestov noticed that the position of the subject towards the Law is a major feature in Tolstoj's character system. I try to expand Shestov's observation by underlining the opposition between “legalistic” and “illegalistic” characters (those who act without needing the approval of an external norm). I argue that this psychological feature partially overlaps with gender and class distinctions. Additionnally, I argue (against Shestov) that the rejection of the Law by a protagonist does not necessarily mean that the author condemns it. On the contrary, Tolstoy seems to carry out a comparative analysis of both ethical orientations, often favouring “lawless morality”. Finally, I draw parallels between the latter moral paradigm and the notion of care, which provides an ethics free from a sense of lawfulness.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne https://journals.openedition.org/res/6053