Contenu du sommaire : Sociologies de la musique. Relectures et voies nouvelles

Revue L'Année sociologique Mir@bel
Numéro vol. 60, no 2, 2010
Titre du numéro Sociologies de la musique. Relectures et voies nouvelles
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Études réunies et présentées par Hyacinthe Ravet et Bruno Brévan

    • Présentation - Ravet Hyacinthe, Brévan Bruno p. 265-270 accès libre
    • Sociologies de la musique - Ravet Hyacinthe p. 271-303 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Qu'est-ce que « la sociologie de la musique » ? Et d'ailleurs, peut-on parler d'une sociologie de la musique ? En interrogeant la manière d'aborder le fait musical de plusieurs sociologues français (J.-L. Fabiani, A. Hennion, P.-M. Menger et E. Pedler), contributeurs à ce numéro spécial de L'Année sociologique et parmi les principaux auteurs à avoir insufflé un développement de ce champ disciplinaire dans les années 1980 en France, l'article montre la diversité des conceptions théoriques et empiriques en sociologie de la musique. Le rapport personnel et scientifique qu'entretient chacun des auteurs avec la musique n'y est pas étranger. Cette entreprise nécessite au préalable de questionner le caractère réputé « insaisissable » de la musique et de reconstituer les débuts de la discipline en France. Elle conduit à souligner comment, en retour, la musique et les sociologies de la musique interrogent la musicologie et la sociologie de manière générale.
      What is the sociology of music? And does one sociology of one music exist? The paper deals with the ways to construct a sociological approach of music but also the personal and scientific relation to music of four French sociologists (J.-L. Fabiani, A. Hennion, P.-M. Menger et E. Pedler) who have marked the discipline and who have contributed to this special issue of the review about socio-logy of music. To understand which are the main themes and problematics requieres before to question the indiscernability of music and to relate the beginnings of the sociology of music in France. In return, it sheds light on how music and sociology of music question musicology and sociology in general.
    • Les sociologies de la musique de Max Weber et Georg Simmel : une théorie relationnelle des pratiques musiciennes - Pedler Emmanuel p. 305-330 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Il a fallu attendre plus de trente ans pour que les rsgm (Die rationalen und soziologischen Grundlagen der Musik) commencent une carrière internationale. Trois décennies après la publication aux usa de la première traduction de ce texte énigmatique, le rythme de circulation du texte s'est accéléré pour dépasser, au tournant du XXIe siècle, un seuil significatif, celui des relectures constructives, dépassant les simples restaurations contextualisées. On se propose dans ce texte – qui constitue le premier volet d'une recherche en cours – d'entreprendre un réexamen de ces théories en s'attardant sur les travaux de Weber et Simmel (sa première sociologie de la musique de 1882) qui développent plusieurs consonances théoriques et se complètent de manière remarquable. Alors que les sociologies de la culture du XXe siècle peinent à renouveler leur pouvoir explicatif et à lever de nouveaux terrains empiriques, les premières sociologies de la musique semblent avoir été pensées pour résister à l'épreuve du temps. Leur relecture nous engage à ouvrir de nouveaux chantiers.
      Three decades pending to wait the international career of rsgm (Die rationalen und soziologischen Grundlagen der Musik). But the start of an inventive reading of the book – not only reconstructing the text and its intellectual background, but using it in order to elaborate new sociological empirical works – only began at the end of the xxist century. The purpose of this paper – which is the first step of an evolutive research – is to re-examine in a constructive way the contributions of Weber and Simmel (his first sociology of music of 1882) which converge and complement one another in a striking way. While the xxth century's sociology of culture struggles with renewing its relevance and its capacity to reveal new empirical fields, the first sociology of music seems to be resistant and well prepared to repress the expected decline of “old” sociologies. We must read them again in order to build a new sociology of music.
    • Y a-t-il une sociologie possible de l'œuvre musicale ? Adorno et au-delà - Menger Pierre-Michel p. 331-360 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Quelle contribution la sociologie peut-elle offrir à l'analyse des œuvres musicales ? J'examine d'abord le projet d'Adorno de déchiffrer la substance sociale des œuvres. Dans son programme systématique, sa sociologie est déterministe, normative et anti-empirique, et apparaît impraticable. Ses apports originaux viennent de ses monographies, et notamment de l'essai sur Mahler. La sociologie de l'œuvre proposée ici est celle de la variabilité de l'organisation du travail créateur. Et l'œuvre n'acquiert les caractères d'un bien durable qu'en étant conçue comme un bien intermédiaire indéfiniment transformé.
      To what extent is sociology able to offer a significant contribution to the study of musical works? I first review Adorno's attempt to decipher the very social substance of music. His systematic program advocates a deterministic, normative and antiempirical approach, which dead-ends. By contrast, his monographs (e.g. his essay on Mahler) stand on a quite different level, and some of their insights may suggest how to overcome the limits of his critical sociology. The sociological approach to music gains substance when works are seen as the output of a creative and interpretive process subject to high variability and then as intermediate goods that owe their long-lasting value to endless intervention and transformation.
    • La question de la tonalité : retour sur le partage nature-culture. relire Lévi-Strauss avec des lunettes pragmatistes ? - Hennion Antoine p. 361-386 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'auteur propose de relire la fameuse digression de Lévi-Strauss sur la musique qui ouvre les Mythologiques. L'intérêt de ce retour n'est pas de critiquer ou défendre ce texte provocant, mais de profiter de ses analyses, des critiques qu'il a essuyées, des incompréhensions qu'il a provoquées, et même de ses manques, pour poser à nouveaux frais la question de la tonalité, et se demander quelles remises en cause implique une telle entreprise : penser l'articulation entre les propriétés physiques du son et le langage musical. Lévi-Strauss lui-même ne cherchait pas à appliquer son modèle à la musique. L'articulation nature-culture que cet art réalise, réussite pour lui très mystérieuse, lui servait au contraire à pousser ses conceptions à leurs limites. En mettant en évidence une série de paradoxes, l'auteur revient notamment sur l'héritage du structuralisme, et en détache la position de Lévi-Strauss, qu'il éclaire depuis les apports des Science & Technology Studies (sts) et de la sociologie pragmatiste.
      The author suggests to read again Lévi-Strauss's famous digression on music, which opens his Mythologiques. The interest of getting back to this provocative text is not to criticize or defend it, but to draw some benefit from the analyses it provides, from the criticism it got, from the misunderstandings it raised, and even from its shortcomings, in order to address from scratch the issue of tonality. The text presents it as a performance, articulating physical properties of sound and musical language. Lévi-Strauss didn't try to apply his own model to music. On the contrary, finding the way by which music provides such an articulation between nature and culture quite mysterious, he exploited this unlikely success of music to push his conceptions to their limits. Underlining a series of paradoxes, the author shows in particular how remote from the heritage of structuralism stands Lévi-Strauss, whose position he tries to reassess in the light of contributions brought by Science & Technology Studies and pragmatist sociology.
    • Live at the village Vanguard. Le paradoxe de l'écoute enregistrée du jazz - Fabiani Jean-Louis p. 387-402 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le paradoxe de la musique de jazz tient tout entier dans le rapport complexe entre la revendication de la présence réelle et l'accès à l'altérité musicale par le biais du disque, sous ses formes successives. Il convient de décrire précisément les présupposés de l'appréciation du jazz comme musique improvisée et produite localement (1. Les sons et les lieux). Il est alors possible de rendre compte de l'importance que le jazz a eue dans la constitution d'une ambivalence fonctionnelle concernant le rapport à l'écoute dans les sociétés contemporaines (II. La vie capturée et le rêve de l'amateur). Dans un troisième moment, on développera une problématique de la présence réelle du jazz qui pourrait être susceptible de subir, sous certaines conditions, l'épreuve de la généralisation (III. La présence désincarnée du jazz).Le jazz a été l'un des mondes sociaux au sein desquels le disque a été le plus fétichisé, non pas comme un substitut imparfait à la singularité du concert, mais comme un univers autonome. Ainsi l'ambivalence du jazz finit-elle par être inscrite dans la définition même de cet objet indécis.
      The paradox of jazz music lies entirely in the complex relationship between the claim for real musical presence and the claim for a musical otherness by means of records, whatever their form. To begin with, the presuppositions that make jazz an improvised and locally produced music are analyzed. In the second part, we try to show how jazz is the matrix of a functionally ambivalent relationship to listening in contemporary societies. In the third part we develop the theme of the « real presence » of jazz. In jazz defined as a social world, the record has been a very important fetish, not as an imperfect substitute for live music, but as an autonomous universe. The former founded and guaranteed the latter in the long term. Thus the ambivalence of jazz ends up inscribed in the very definition of such an undecided object.
    • Note de synthèse bibliographique : les nouvelles perspectives en sociologie de la musique - Prévost-Thomas Cécile p. 403-417 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette note de synthèse bibliographique se propose d'examiner les travaux qui ont émergé en sociologie de la musique dans la dernière décennie pour en dégager les nouvelles problématiques et les perspectives prometteuses.
      This note of bibliographical synthesis suggests examining the works which appeared in sociology of music in the last decade to find the new issues of it and the promising perspectives.
  • Mécanismes sociaux et simulation. Éléments d'un débat

    • Sociologie analytique, mécanismes et causalité : histoire d'une relation complexe - Berger Nicolas p. 419-443 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La littérature contemporaine sur les mécanismes, en particulier la sociologie analytique, soutient l'idée selon laquelle le concept de mécanisme repose sur celui de cause. L'article se propose d'étudier l'origine de cette association en analysant les textes de quatre auteurs classiques de la sociologie mathématique des années 1950 et 1960 – Coleman, Fararo, Karlsson et Simon. La première partie montre que la littérature contemporaine sur les mécanismes adopte la conception « générative » de la causalité développée par certains philosophes des sciences réalistes dans les années 1960. La deuxième partie défend l'idée selon laquelle l'usage du concept de mécanisme suppose l'idée de causalité en sociologie mathématique ainsi que l'adhésion au principe de l'individualisme méthodologique. En guise de conclusion, l'article insiste sur la proximité entre le programme de recherche de la sociologie mathématique d'antan et celui la sociologie analytique contemporaine.
      Contemporary literature on mechanisms, particularly in analytical sociology, assumes that the concept of mechanism rests upon the idea of causality. The article investigates the origin of this association through the analysis of classical texts of four mathematical sociologists from the 50's and 60's – Coleman, Fararo, Karlsson, and Simon. The first part shows that the recent literature on mechanisms holds the « generative » view of causality as expressed by some realist philosophers of science in the 60's. The second part argues that the use of the concept of mechanism implies the idea of causality in mathematical sociology, as well as an adhesion to the principle of methodological individualism. By way of conclusion, the article emphasizes the similarities between early mathematical sociology and contemporary analytical sociology.
    • Low levels of ethnic intolerance do not create large ghettos a discussion about an interpretation of Schelling's model - Forsé Michel, Parodi Maxime p. 445-473 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les années 1970, Thomas C. Schelling a proposé un modèle pour expliquer le lien entre ségrégation spatiale et préférences individuelles concernant cette ségrégation. Au moyen de simulations, il cherche à montrer qu'un haut niveau de ségrégation globale peut être le résultat collectif de décisions individuelles qui sont loin de viser une telle ségrégation. Cet article montre cependant que les contraintes structurelles du modèle expliquent intégralement les niveaux de ségrégation atteints. Une faible exigence individuelle pour s'entourer de voisins identiques conduit à une ségrégation collective faible et une exigence forte conduit à une ségrégation forte. Les niveaux de ségrégation correspondant à un seuil donné de satisfaction individuelle n'ont rien de surprenant en regard du hasard et de ce que chaque individu souhaite réellement. Le modèle de Schelling ne permet pas de conclure que, de manière générale, de larges ghettos naissent d'innocentes décisions.
      In the 1970s, Thomas C. Schelling proposed a model which claimed to show that a high degree of spatial segregation can result from individual preferences which do not in themselves aim to achieve such a degree of collective segregation. However, the present paper demonstrates that this model contains several structural constraints which totally explain the obtained levels of segregation. A real weak individual demand for similar neighbours leads to low social segregation and a strong demand leads to high segregation. The levels of entropy that are globally achieved for a given threshold of individual satisfaction are not at all surprising in relation to the laws of chance and to what each individual actually wishes. The Schelling model does not allow to conclude that, in general, large ghettos are resulting from innocent decisions.
    • A comment on « low levels of ethnic intolerance do not create large ghettos » by Michel Forsé and Maxime Parodi - Kirman Alan p. 475-480 accès libre
    • A comment on « low levels of ethnic intolerance do not create large ghettos » by Michel Forsé and Maxime Parodi - Rolfe Meredith p. 481-492 accès libre
  • Analyses bibliographiques générales