Contenu du sommaire : Le monde arabe dans la crise

Revue Maghreb-Machrek Mir@bel
Numéro no 206, hiver 2010-2011
Titre du numéro Le monde arabe dans la crise
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Editorial - Mohamed Haddar, Jean-Yves Moisseron p. 5 accès libre
  • Dossier : le monde arabe dans la crise

    • De la crise économique à la révolution politique ? - Jean-François Daguzan p. 9 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Un incroyable vent de liberté souffle sur le monde arabe. On ne peut qu'applaudir à cet appel à la démocratie et à la dignité. Les observateurs et les médias se sont largement focalisés sur ces aspects essentiels de la nouvelle « révolte arabe ». Cependant il est nécessaire de disposer de davantage d'éléments d'analyse pour tenter d'appréhender ce phénomène. Notre thèse est que la crise économique et financière mondiale a été le catalyseur de facteurs d'insatisfaction profonds et a brisé le pacte social pervers entre développement économique et régimes autoritaires. Face à cette lame de fonds, le soutien au changement politique ne suffit pas. Il est nécessaire d'envisager la mise en œuvre d'un véritable plan Marshall pour les pays non rentiers du monde arabe et la réorientation des politiques économiques avec les autres (car, comme le montre l'exemple libyen, personne ne sera épargné). Il en va de la sécurité de l'Europe d'être la porteuse d'une initiative à la hauteur d'un enjeu qui se jouera sur cinquante ans.
      From the Economic Crisis to the Political Revolution?
      An incredible wind of freedom blows over the Arab World. This huge call for democracy and dignity has to be applause. Observers and medias essentially put the hinge on this aspects of the new “Arab Revolt”. Nevertheless it is necessary to develop new and widest analytical topics in order to embrace globally this phenomenon. Our purpose aims to demonstrate the economic and financial crisis was the catalyst of the deepest factors of dissatisfaction and broke the unwritten social pact between economic development and authoritarian regimes. Regarding this wave, to support the political change is not enough. It appears crucial to launch urgently an true Marshall Plan for the no-Rentiers States and to rebuild the economic policy of Rentier States (as shown by Libyia nobody will escape). It's a European security challenge to assume such an long term initiative.
    • La crise ou la fin du mythe de l'émergence de l'Egypte - Emma Gana-Oueslati, Jean-Yves Moisseron p. 17 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Durant ces dernières années, l'Égypte a pu donner l'illusion d'être un pays émergent avec des taux de croissance atteignant 7 %. En réalité, ces taux de croissance ont été largement surestimés. La croissance, loin de s'expliquer par le succès des réformes mises en place par le gouvernement d'Ahmed Nazif en 2004, tient à l'exceptionnelle augmentation des rentes traditionnelles auxquelles s'est ajouté le programme de privatisation. Ce sont la contradiction entre cette croissance et l'incapacité à résoudre le problème de la pauvreté qui expliquent en partie la chute d'Hosni Moubarak.
      The Crisis or the End of the Myth of the Emergence in Egypt
      In recent years Egypt has given the illusion of being an “emerging” country with its rate of growth reaching 7 %. These figures have been largely overestimated and have little correlation with the reforms of Ahmed Nazif's government in 2004, rather the growth is based on the exceptional increase of traditional income, and the addition of foreign direct investment, boosted by the privatization program. The contrast between growth and the remaining poverty rate goes someway to explain the downfall of Hosni Moubarak.
    • Les effets de la crise dans les pays du sud de la méditerranée : cas de la Tunisie - Claude Berthomieu, Zied Essid p. 41 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La crise économique mondiale résulte de l'effet conjugué de plusieurs facteurs dont certains ont déjà été observés lors de crises précédentes, alors que d'autres sont nouveaux. Cette crise a entraîné un ralentissement économique mondial que les pays en développement ont subi de plein fouet mais elle semble avoir affecté différemment les pays du Sud de la Méditerranée. Dans cette étude, on se propose, dès lors, d'identifier, sur le plan analytique, les canaux de transmission de la crise vers ces pays méditerranéens, et, sur le plan empirique, de mettre en évidence leurs effets dans le cas de l'économie de la Tunisie.
      Crisis' Effects in the Southern Countries of the Mediterranean: Tunisia's Case
      The international financial crisis has resulted in a global economic slowdown and seems to have affected differently the southern Mediterranean. The crisis in the southern Mediterranean countries in general follows process different from that observed in developed countries. Our contribution in this paper will identify the transmission channels of the crisis on the economies of these countries whose GDP growth rate can be affected by lower exports due to the fall of the foreign export demand, lower remittances from migrants (because of the crisis effects on the employment of these workers in Europe) and the decrease in tourism demand as well as in FDI. Finally, using a SVAR econometric approach, an empirical evidence of these mechanisms is given for the case of Tunisia.
    • L'économie tunisienne : état des lieux - Mohamed Haddar p. 63 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Jusqu'à décembre 2010, l'économie tunisienne a été présentée comme un modèle de réussite. Le gouvernement a fondé sa légitimité sur sa capacité à assurer une croissance économique forte malgré le recul relatif des disponibilités en ressources naturelles et un contexte international de plus en plus concurrentiel. Cependant, en janvier 2011, le système s'écroule sous le poids du chômage, particulièrement celui des jeunes, et des disparités régionales. Pourquoi la croissance en Tunisie n'a pas créé suffisamment d'emplois ? Quelles sont les principales contraintes à la création d'emplois, surtout, des jeunes diplômés ? Pourquoi est-il plus difficile de créer suffisamment d'emplois pour les jeunes dans les régions défavorisées et quels sont les facteurs qui expliquent cette difficulté ?
      The Tunisian Economy : Overview
      Until December 2010, the Tunisian economy has been presented as a successful model. The Government has based its legitimacy on its ability to ensure strong economic growth despite the relative decline of natural resources and an international context increasingly competitive. However, in January 2011, the system collapses under the weight of unemployment, particularly youth, and regional disparities. Why growth has not created in Tunisia enough jobs? What are the main constraints to job creation especially for young graduates? Why is it more difficult to create enough jobs for young people in regions disadvantaged?
    • L'impact sociale de la crise financière au Maroc - Maria Cristina Paciello p. 73 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le Maroc demeure relativement préservé sur le plan macroéconomique de la première série d'effets de la crise financière de 2008, principalement en raison de sa faible exposition au système financier international. À la fin de 2008 et au début de 2009, les effets de la crise financière se sont fait ressentir essentiellement sur l'économie réelle à travers quatre canaux de transmission : les investissements directs étrangers (IDE) ; le commerce international ; les revenus des travailleurs marocains à l'étranger (les remises) et les revenus du tourisme. Cet article a pour objectif de mesurer les conséquences sociales de la crise financière sur le Maroc. Cet article développera, en particulier, une analyse de l'impact social de la crise au Maroc, à partir d'une étude de l'impact sur le marché du travail et sur les conditions de vie des ménages, mettant en lumière les variables qui ont conditionné ses effets (canaux de transmission, intensité de la crise, politiques publiques ainsi que les politiques relatives au marché du travail avant la crise).
      The Social Impact of the Financial Crisis in Morocco
      Morocco remained relatively immune to first-round effects of the financial crisis for most of 2008, mainly due to its low exposure to the global financial system. Since the end of 2008-early 2009, the financial crisis has spread to the real economy of Morocco through four main transmission paths : foreign direct investment (FDI), trade, remittances and tourism revenues. The paper seeks to understand the social consequences of the financial crisis in Morocco. In particular, it will assess the effects of the financial crisis on both labour market and households' living standards, by looking at the variables which are likely to have shaped these effects (e.g. transmission channels, intensity of the impact of the crisis, the policy response to the crisis as well as existing social and labour market policies prior to the crisis).
    • L'économie algérienne d'une crise à l'autre - Fatha Talahite, Ahmed Hammadache p. 99 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Après la crise de la dette des années 1985 et l'ajustement structurel (1994-1998), la stabilité macroéconomique de l'économie algérienne est rétablie au prix d'une politique budgétaire et monétaire restrictive. À partir de 2001, l'amélioration de la position financière externe du pays et l'accumulation d'excédents autorisent une relance, tirée par la dépense publique, de la croissance, essentiellement dans les infrastructures. La persistance des problèmes majeurs – sous-emploi, non-diversification des exportations, déclin industriel – fait alors peser un doute sur le bien-fondé de la politique de libéralisation menée de manière chaotique depuis deux décennies. Si les premiers impacts du krach de 2007-2008 ont pu être maîtrisés – grâce aux réserves de change accumulées et à une importante épargne budgétaire, mais aussi à la faible intégration à la sphère financière internationale – l'économie reste vulnérable à l'instabilité des marchés d'hydrocarbures et de biens alimentaires dont elle est très dépendante. La crise renforce la tendance à une remise en cause de l'ouverture économique avec un penchant, de la part d'un régime autoritaire et isolé, à la réhabilitation des rouages de l'économie administrée, de l'interventionnisme étatique et d'un repli protectionniste.
      The Algerian Economy, from one Crisis to another
      Following the debt crisis of the 1985s and the structural adjustment (1994-1998), the macro-economic stability of the Algerian economy was restored at the price of a restrictive budget and monetary policies. From 2001, the improvement of the external financial position of the country and the accumulation of surpluses allowed a revival of the growth supported by public expenditure, primarily in the infrastructures... The persistence of main issues – underemployment, non-diversification of exports, and industrial decline – has cast a doubt about the soundness of the policy of liberalization carried out in a chaotic way for two decades. If the first impacts of the crash of 2007-2008 could be controlled – thanks to accumulated monetary reserves and important budgetary saving, but also weak integration into the international financial sphere – the economy remains vulnerable to the instability of the markets of hydrocarbons and food goods on which it is very dependent. The crisis reinforced the tendency to question the economic opening but it strengthened the authoritarian and the isolated regime's leaning towards the rehabilitation of the mechanism of the managed economy, interventionism and protectionism.
    • Les fonds souverain du Moyen-Orient face à la crise financière : quelles stratégies d'investissement dans la région ? - Lamia Jaidane-Mazigh, Moez Labidi p. 125 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'envolée du prix du pétrole au début des années 2000 a encouragé les pays exportateurs de l'or noir à créer des fonds souverains pour gérer d'une façon moderne leurs excédents en devises. Parmi les fonds les plus riches et les plus dynamiques on trouve les fonds arabes qui ont volé au secours de plusieurs institutions internationales pendant la dernière crise financière. Mais au-delà du rôle de sauvetage des grandes entreprises et institutions financières, assuré à court terme, ces fonds souverains sont supposés jouer un rôle capital dans le développement des économies émergentes, notamment dans la région MENA.
      SWFs in the Middle East facing Financial Crisis: What Investment Strategies in the Region?
      The massive increase of the price of oil at the beginning of this decade encouraged the exporting countries of the black gold to create sovereign wealth funds to manage in a modern way their surpluses in currencies. Among the richest funds and most dynamic, we find the Arab funds which assisted international institutions during the last financial crisis. But beyond the role of rescue of Western companies and financial institutions, these sovereign funds are supposed to play a capital role in the development of the emergent countries, and in particular in the Middle East and North Africa area.
  • Varia

    • Chine - Israël : une relation ambiguë - François Lafargue p. 143 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Alliée des pays arabes pendant la Guerre froide, la république populaire de Chine (RPC) refusait alors d'établir des relations diplomatiques avec Israël. Cet ostracisme a pris fin au début des années 1990 et depuis les relations bilatérales se sont largement développées. Mais une méfiance réciproque subsiste à cause des liens étroits entretenus entre la Chine et l'Iran. Pour la Chine, Israël est un fournisseur de technologies militaires sophistiquées, lui permettant de poursuivre la modernisation de ses forces armées. La RPC constitue non seulement un marché prometteur pour l'industrie militaire et spatiale israélienne, mais elle peut également exercer une influence favorable aux intérêts de l'État hébreu dans la région du Moyen-Orient.
      China and Israel : An Ambiguous Relationship
      Allied of the Arab countries during the Cold war, People's Republic of China (PRC) then refused to establish diplomatic relations with Israel. This ostracism ended with the beginning of the year 1990 and since the bilateral relations largely developed. But a reciprocal mistrust remains because of close links maintained between China and Iran. For China, Israel is a supplier of sophisticated military technologies, enabling him to continue the deep modernization of its armed forces. The PRC constitutes not only one promising market for military and space industry Israeli, but it can also exert an influence favorable to the interests of the Hebrew state in the area of the Middle-East.