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Revue Revue Européenne des Migrations Internationales Mir@bel
Numéro Vol. 26, no 2 ,2010
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Migrants dans l'ombre. Causes, dynamiques, politiques de l'immigration irrégulière - Maurizio Ambrosini p. 7-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article tente de répondre à trois questions : 1) Qu'est-ce que l'immigration irrégulière et comment la définit-on ? 2) Pourquoi persiste-t-elle, se reproduit-elle et se révèle-t-elle si difficile à éradiquer ? 3) Pourquoi les mesures de régularisation s'avèrent-elles à leur tour récurrentes et difficilement évitables ? Dans les vingt-sept pays de l'Union européenne, dans les dix dernières années, entre 5 et 6 millions de personnes ont été régularisées. L'article essaie de montrer, sur un plan théorique, comment une explication adéquate du phénomène se doit de combiner des facteurs structuraux, principalement économiques, ainsi que des facteurs liés à l'agency des protagonistes directes, à savoir les migrants et leurs réseaux, et des facteurs qui ont à voir avec la construction sociale (et politique) du thème de l'immigration irrégulière dans le cadre des sociétés d'accueil.
      ‪The article aims to answer three questions: 1) What the irregular immigration is and how is it defined? 2) Why does it persist, reproduce itself and is it so difficult to eradicate? 3) Why are regularization measures so recurrent and do they seem to be inevitable? In EU-27, in the last ten years, around 5 and 6 millions of migrants have been regularized. At the same time, the article aims to show, from a theoretical point of view, the necessity to combine several factors in order to explain adequately the phenomenon: structural factors, mainly the economic ones; individual factors, in relation with the agency of the direct protagonists, migrants and their networks; social factors, related to the social (and political) construction of the irregular migration issue in the welcome countries context.‪
    • (Re)penser le transnationalisme et l'intégration à l'ère du numérique. Vers un tournant cosmopolitique dans l'étude des migrations internationales ? - Mihaela Nedelcu p. 33-55 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En proposant de revisiter le nexus national-transnational dans une perspective cosmopolitique, cet article montre que les théories migratoires ne peuvent pas être dissociées des grands débats épistémologiques et des théories sociales générales. Tout d'abord, à partir d'un bref état des lieux des études transnationales, nous soulignerons quelques limites du nationalisme méthodologique ; pour suggérer ensuite qu'on peut les dépasser en adoptant une nouvelle perspective de recherche, inspirée par la « vision cosmopolitique » d'Ulrich Beck. Ce type d'approche, doublement inclusive, permettra d'aborder différemment les dichotomies mobile/sédentaire, autochtone/étranger, inclus/exclus, etc. L'exemple des technologies d'information et de communication comme nouvelle clé de décodage des processus transnationaux actuels éclairera les défis d'une lecture cosmopolitique de l'intégration et du trans-nationalisme migrant à l'ère du numérique. Nous esquissons finalement quelques directions à prendre dans les années à venir des recherches sur les migrations internationales.
      While proposing to revisit the national-transnational nexus from a cosmopolitan point of view, this article shows that the migratory theories cannot be dissociated from the larger epistemological debates and the general social theories. First, a short state of the art in transnational studies provides a venue for a critic of methodological nationalism. The author suggests that this methodological shortage could be overtaken by adopting a new research perspective based on the “cosmopolitan vision” as developed by Ulrich Beck. Grounded on the “both here and there” condition of the modern mobile actors, this double-inclusive approach entitles social scientists to go past the dichotomy mobile/sedentary, native/stranger, insider/outsider. Then, the example of the information and communication technologies as a new decoding tool of the current transnational processes highlights the challenges of a cosmopolitan approach of migrant trans-nationalism and integration within the digital era. The paper will finally outline possible directions of development of a new research agenda in the field of migrations studies.
    • De la cohésion de vie du migrant : déplacement migratoire et orientation existentielle - Marc Breviglieri p. 57-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le déplacement migratoire recèle schématiquement deux tendances prêtes à se dissocier : l'une qui cherche à déplacer intégralement le lieu d'origine, à l'« emmener » avec soi, et la nostalgie relève de cette tendance, et l'autre qui ignore ou abdique devant un tel effort, semblant fuir ce qui touche au passé, répondre d'un besoin de renaître ou de la tentation de l'oubli. Chacune de ces tendances place au cœur de l'espace existentiel le problème de l'orientation depuis lequel migrer pose les questions du vers-où et du pour-quoi de l'existence. Ce texte entend établir les enjeux du déplacement migratoire au niveau de la cohésion de vie du migrant. Ce niveau permet de revenir sur la grande diversité des blessures de la migration (mélancolie et sentiment du manque, culpabilité et remords, frustration et humiliation), de comprendre comment elles s'ouvrent, se referment et peuvent être dépassées dans une gestion qui, loin de ne renvoyer qu'au soi du migrant, met en jeu simultanément les communautés d'origine et d'accueil.
      Migration generates two distinct dispositions. The first one involves a nostalgic desire to take with oneself the place of origin in its entirety. The other disposition, seeming to escape all that pertains to the past, answers to the imperative of being reborn and to the temptation of forgetting. Each disposition places at the heart of the existential space a problematic of orientation, from which the migrant formulates the questions of the toward-where and for-what of existence. This article attempts to situate the stakes of migration at the level of the life-cohesion of the migrant. This level enables us to reconsider the full range of the wounds inflicted by migration (melancholia and loss, guilt and remorse, frustration and humiliation). It also allows us understand how these wounds open, heal up, and possibly put behind through a management which, far from only involving the self of the migrant, implicates simultaneously both the community of origin and the community of reception.
    • Rendre l'étranger familier. Modes d'appropriation et de catégorisation de l'espace par les migrants népalais en Inde - Tristan Bruslé p. 77-94 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse aux processus d'appropriation et de catégorisation de l'espace en situation de domination à travers le cas des migrants népalais en Inde. L'étude des rapports à l'espace des migrants est l'entrée privilégiée ici pour comprendre comment les Népalais, travailleurs temporaires au bas de l'échelle socio-économique, font passer l'espace indien de l'étrangeté à la familiarité. L'un des enjeux pour eux est en effet d'arriver à forger des niches, dans l'espace public et privé, où ils se sentent à l'aise et presque « chez eux » malgré l'exclusion sociale et spatiale qu'ils vivent au quotidien. En fonction de leurs ambitions et des possibilités qui s'offrent à eux, ils s'approprient l'espace indien de manière différentielle, en lui attribuant des valeurs qui dépendent largement de ce que la migration leur permet de réaliser.
      This article focuses on how space is appropriated and categorised in a context of domination through the case of Nepalese migrants in India. The study of the migrants' relationship to space is selected as the preferred approach to understanding how the Nepalese, temporary workers with the lowest socio-economic status, transform foreign space into a familiar one. One of the major challenges for them is to build niches in the public and private space, where they feel at ease and almost “at home”, despite the social and spatial exclusion they suffer daily. Depending on their personal ambitions and on the opportunities available to them, they appropriate the Indian space in a differential way, by attributing to it values that depend largely on what migration enables them to achieve.
    • Processus d'appropriation et luttes de représentation dans le « Little Jaffna » parisien - Gaëlle Dequirez p. 95-116 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article porte sur le quartier de la Chapelle, situé entre les 10e et 18e arrondissements de Paris, dans lequel un nombre croissant de commerces et d'associations tamoules se sont installés depuis une vingtaine d'années. Il détaille les différentes formes du processus d'appropriation de l'espace collectif du quartier engendré par cette présence tamoule, et la façon dont elles ont abouti à l'appropriation symbolique du quartier, désormais souvent désigné comme le « Little Jaffna » parisien. Il examine également les réactions des habitants face à cette appropriation symbolique, considérée par certains comme dévalorisante, en les rapportant aux perceptions de l'ordre social local et aux projections sociales et affectives sur le quartier.
      The article deals with the La Chapelle area, located between the 10th and 18th districts of Paris, where an increasing number of Tamil shops and associations have grown up over the past twenty or so years. It analyses the diverse forms taken by the appropriation process of the area's collective space engendered by this Tamil presence and how they have led to the symbolic appropriation of La Chapelle, now called the Parisian “Little Jaffna”. It also looks into the reactions of the inhabitants in the face of this symbolic appropriation, regarded disparagingly by some, in relation to perceptions of the local social order and to the social and emotional projections on the area.
    • L'état des recherches sur les associations de migrants internationaux - Antoine Dumont p. 117-137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se propose de retracer les évolutions de la recherche française sur les associations de migrants internationaux, à partir d'une revue critique des travaux réalisés ces vingt dernières années. Centrées au départ sur la notion d'intégration, ces recherches ont progressivement adopté le paradigme de l'ethnicité, puis celui du « trans-nationalisme », en s'inspirant des travaux anglo-saxons et européens. L'approche proposée ici se veut critique, au sens où ces trois paradigmes ne permettent pas toujours de saisir l'ensemble des significations que les migrants accordent à leur origine nationale, lorsque celle-ci est le moteur de leur engagement associatif. Désigner cet ensemble de significations par le terme de « nationalité associative » permet à l'inverse de combler quelques-unes des lacunes repérées, tout en maintenant ouvert le cadre interprétatif.
      This article suggests going back to the evolution of the French research on the international migrant associations, examining with a critical eye the works that have been carried out over these past twenty years. Focusing first on the notion of integration, these researches gradually adopted the ethnicity then the transnational paradigms, inspired by Anglo-Saxon and European works. The approach proposed here is critical, in the sense that these three paradigms do not always enable one to grasp all the meanings that the migrants grant to their national origin, when the latter is the mainspring of their associative commitment. Naming this set of meanings by the term of “associative nationness” allows to fill some of the gaps that have been noticed, while maintaining an interpretative frame open.
    • Taking Culture Seriously : The Unexplored Nexus between Migration, Incorporation and Development - Peggy Levitt p. 139-153 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La plupart des débats à propos de la relation entre la migration, l'insertion et le développement souffrent de deux hypothèses erronées. D'abord, ils se concentrent trop sur la dimension économique aux dépens de la dimension socioculturelle en faisant de l'accès au revenu la principale clef de lecture. Deuxièmement, ils supposent que la réduction de la pauvreté au sein des communautés d'immigrants et le développement des localités d'origine des migrants sont deux objectifs séparés quand, en fait, ils sont souvent les deux faces de la même pièce. L'insertion économique et politique dans un nouveau pays et les incidences socio-économiques dans le pays d'origine peuvent être fortement liées. Il n'est donc pas possible de chercher à saisir l'une de ces dimensions sans prendre l'autre en considération.Cet article essaye de parer ces faiblesses en proposant, d'une part, de privilégier un point de vue transnational pour mieux contrebalancer les positionnements méthodologiques stato-centrés qui imprègnent la recherche sur les migrations, plus particulièrement aux États-Unis. D'autre part, cet article explore une voie possible « en réincorporant la culture » au sein du débat relatif à l'équation entre migration et pauvreté et démontre que l'approche en termes de culture permet d'éclairer différemment certains aspects souvent mal compris de cette relation. Enfin, cet article se conclut par quelques éléments de réflexions sur les risques que comporte l'idée de faire reposer l'espoir de développement seulement sur les migrants.
      Most discussions about the relationship between migration, incorporation, and development suffer from two misguided assumptions. First, they focus too much on the economic at the expense of the socio-cultural. It's as if we just get the money right, all else will follow. Second, they assume that redressing poverty in immigrant communities and alleviating underdevelopment in the communities migrants come from are two separate goals when, in fact, they are often two sides of the same coin. Economic and political incorporation into a new country and economic and social outcomes in the homeland can be strongly linked. It is not possible to achieve one without taking the other into account. This article tries to redress these weaknesses. First, it proposes a transnational optic that redresses the methodological nationalist assumptions that pervades so much of migration scholarship, particularly in the United States. Second, it suggests a way of “bringing culture back in” to debates about the migration-poverty equation and shows how thinking culturally elucidates aspects of this nexus that are often obscured. Finally, it concludes with some reflections on the dangers of pinning development hopes solely on migrants.
  • Notes de recherche

  • Notes de lecture