Contenu du sommaire : Les incidences biographiques de l'engagement

Revue Sociétés contemporaines Mir@bel
Numéro no 84, 2011
Titre du numéro Les incidences biographiques de l'engagement
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Les incidences biographiques de l'engagement

    • Les incidences biographiques de l'engagement : Socialisations militantes et mobilité sociale. Introduction - Catherine Leclercq, Julie Pagis p. 5-23 accès libre
    • Incidences biographiques du militantisme en Mai 68 - Julie Pagis p. 25-51 accès libre avec résumé
      À partir d'une enquête menée auprès de cent-soixante-dix familles dans lesquelles l'un des parents ? au moins ? a participé aux événements de mai-juin 68, cet article pose la question des incidences biographiques du militantisme en Mai 68. Les travaux sur la formation de générations politiques attribuent aux événements fondateurs une dynamique de déstabilisation (Mannheim). Mais à quel point les différents participants aux événements de mai-juin 68 ont-ils été déstabilisés, et comment rendre compte de l'infléchissement éventuel de leurs trajectoires ? Dans un va-et-vient entre effort d'objectivation (par l'analyse statistique de questionnaires) et effort de compréhension (par le recours aux récits de vie), cet article tente de dresser un espace social des incidences politiques et professionnelles du militantisme en Mai 68. Les résultats obtenus permettent de montrer que les formes de déstabilisation engendrées par le militantisme en Mai 68 sont socialement et politiquement situées, et de déconstruire ainsi la catégorie de « génération de 68 ».
    • Gérer la distance à la « base ». Les permanents CGT d'un atelier SNCF - Julian Mischi p. 53-77 accès libre avec résumé
      À partir de l'ethnographie d'un syndicat de cheminots situé en milieu rural, cet article explore les liens que des responsables CGT entretiennent avec l'entreprise (un atelier de la SNCF) où ils sont de moins en moins présents. Appréhender les logiques de la professionnalisation syndicale « par en bas » fait apparaître le rôle déterminant du contexte local et du groupe des pairs : les permanents sont confrontés à de multiples rappels à l'ordre de la part des salariés. L'article analyse comment ces permanents définissent leur rôle et font face à la pression de leurs collègues, comment ils sont amenés à envisager des stratégies de sortie de poste afin d'échapper à une situation (de distance au terrain mêlée de proximité) qui, à un certain moment de leur trajectoire, devient trop coûteuse.
    • S'attacher à la politique. Carrières de jeunes socialistes professionnels - Lucie Bargel p. 79-102 accès libre avec résumé
      Cet article analyse les carrières de membres du Mouvement des jeunes socialistes au milieu des années 2000, avec les outils de la sociologie interactionniste de la socialisation. À travers le détail de quelques cas, il montre d'abord comment, pour les plus investis, l'engagement politique en vient progressivement à unifier l'ensemble des pratiques. C'est ce qui permet de comprendre leur attachement, au sens à la fois affectif, moral et contraignant, à la politique comme activité professionnelle, tout en en restituant les ambiguïtés. L'article détaille ainsi dans un second temps les rapports complexes des enquêtés à leur professionnalisation dans la sphère politique.
    • « Ne pas perdre la foi dans l'imamat ». Comment se maintiennent les « vocations » d'imams bénévoles en France - Solenne Jouanneau p. 103-125 accès libre avec résumé
      En France, l'imamat permet d'exercer une autorité morale donnant accès à certaines gratifications symboliques et/ou financières. Mais ceux qui occupent ce rôle expérimentent aussi des situations difficiles : menaces d'expulsion, surveillance policière, surveillance communautaire, etc. Dans le cas des imams bénévoles se surajoutent aussi potentiellement les tensions familiales et professionnelles. Un tel constat invite à s'interroger sur la manière dont se maintient l'engagement dans l'imamat, en se demandant comment certains individus, surtout lorsqu'ils agissent bénévolement, parviennent à entretenir, pour eux-mêmes comme pour les autres, la croyance dans le bien fondé d'être et de rester imam (i.e. d'agir et de se définir durablement comme tel). Après avoir présenté, d'une part, les différentes catégories d'incidences biographiques que génère ce type de militantisme et, d'autre part, les possibles rétributions symboliques qui y sont attachées, cet article tentera donc de comprendre comment rétributions et désagréments attachés à cet engagement prennent sens en fonction des trajectoires et des socialisations militantes.
    • Engagement et construction de soi. La carrière d'émancipation d'un permanent communiste - Catherine Leclercq p. 127-149 accès libre avec résumé
      L'analyse de la construction identitaire des individus dans les organisations offre un prolongement à la recherche sur les rétributions du militantisme, laquelle s'est encore peu intéressée aux transformations de l'image de soi et aux logiques d'émancipation qui sont à l'oeuvre dans les carrières militantes. S'il est vrai que l'engagement agit en permanence sur la perception de soi, ce « travail de l'identité » conditionne en retour le rapport au rôle militant, parfois dans le sens d'une réflexivité critique génératrice de défection. L'étude des « carrières du désengagement » permet de cerner les mécanismes de ce processus et d'éclairer la question des incidences biographiques du militantisme sous l'angle de la modification, dans et par l'engagement, des déterminants objectifs et subjectifs qui l'avaient initialement rendu possible. Cette réflexion, qui s'appuie sur le cas d'un ancien permanent du Parti communiste français, montre comment les ressources accumulées pendant une phase d'investissement total peuvent « se retourner » contre l'engagement en produisant les conditions d'un accomplissement individuel hors l'institution.
  • Hors dossier

    • Genre, classe, nationalité et accès des femmes aux espaces publics à Riyad - Amélie Le Renard p. 151-172 accès libre avec résumé
      La capitale de l'Arabie Saoudite, Riyad, est caractérisée par une ségrégation de genre très poussée et qui s'applique plus strictement aux Saoudiens qu'aux non-Saoudiens. L'article montre comment l'accès de certaines Saoudiennes à des espaces publics contribue à renforcer et/ou à recomposer des hiérarchies sociales qui articulent genre, classe et nationalité. Si des attentes fort contraignantes pèsent sur leurs conduites en tant que Saoudiennes par opposition aux résidentes étrangères, elles parviennent en exerçant une activité rémunérée à adopter des styles de vie mobiles et consuméristes, ce qui renforce et renouvelle les clivages.