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Revue Revue historique Mir@bel
Numéro no 661, janvier 2012
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • L'exercice de la rémission et la construction étatique (France, Pays-Bas) - Michel Nassiet, Aude Musin p. 3-26 accès libre avec résumé
    Pour approcher les homicides de l'époque préstatistique en France ou en Belgique, les chercheurs disposent de lettres de rémission, dont la production est liée à l'exercice du droit de grâce par le souverain. À partir de cette source, des courbes du nombre de rémissions ont pu être établies, et envisagées par certains comme représentatives de la violence réelle, interprétant une hausse du nombre de rémissions comme une hausse de la violence. Cet article se propose de démontrer que les variations d'une telle courbe sont tributaires de multiples facteurs (parmi lesquels la proximité de l'administration et du souverain) ne permettant pas de considérer les rémissions pour homicide comme représentatives de la violence réelle. Une approche comparée entre le royaume de France et les Pays-Bas a permis de dégager des rapprochements, mais aussi des facteurs propres à l'un ou l'autre espace.
  • Le solliciteur et le pétitionnaire : infortunes et succès d'une figure sociale et littéraire française (première moitié du xixe siècle) - Benoît Agnès p. 27-47 accès libre avec résumé
    Cet article entend examiner la teneur et la portée des représentations cristallisées autour d'une figure à la fois double et unique de la scène sociale française du premier xixe siècle, figure souvent négligée parce que considérée comme secondaire ou parasitaire : le solliciteur comme pétitionnaire, le pétitionnaire comme solliciteur. Alors que le mouvement pétitionnaire tend à s'étoffer et à se transformer, l'auteur de pétitions comme figure sociale finit par subir le même sort que le « solliciteur » avec lequel il se trouve confondu : tous deux sont entraînés dans un processus de dénigrement mené par divers littérateurs et publicistes. Cette dénonciation du « mal social » pétitionnaire, confondu avec la sollicitation, est particulièrement bien ancrée en France, comme tend à le montrer un aperçu comparatif avec le Royaume-Uni. Toutefois, ce « succès de mésestime » du pétitionnaire-solliciteur français connaît de nombreuses limites, des nuances et des contre-balancements qui font du rapport culturel au pouvoir dans la France de la monarchie constitutionnelle un enjeu fort complexe.
  • Le mouvement pétitionnaire pour la restauration d'Henri V (automne 1873-hiver 1874). Tactique politique et expression d'un légitimisme populaire - p. 49-99 accès libre avec résumé
    1873 marque le dernier temps du possible pour une éventuelle restauration monarchique dans la personne du comte de Chambord. Le mouvement pétitionnaire populaire qui naît à l'automne 1873 permet à un peuple royaliste de faire irruption sur la scène politique, en s'appropriant un des outils codifiés sous la Révolution : le droit de pétition. Au-delà du refus du prince exprimé dans sa lettre de Salzbourg (27 octobre 1873) d'abandonner son drapeau blanc et qui empêche la restauration monarchique, les milliers de pétitions royalistes tentèrent de faire entendre les voix habituellement muettes d'artisans et d'agriculteurs, de citadins et de ruraux, d'intellectuels et d'illettrés, d'hommes et de femmes du peuple de la diversité française. L'Ouest bocager et le Midi, le Nord et les pays riverains de la Garonne affirment leur foi « inséparatiste » suivant en cela celle du prince en exil : à la fois royaliste en politique et catholique en religion. Malgré son importance, ce mouvement pétitionnaire apparaît comme le dernier sursaut d'une époque révolue ; quelques pétitions seulement ont un écho à la Chambre des députés. Cela explique en partie son échec à faire pression sur des parlementaires qui sont davantage attentifs à tracer une voie médiane entre monarchie et république dans le dessein de préserver l'avenir du pays.
  • Funérailles nobiliaires et pouvoir seigneurial à la Renaissance - Anne-Valérie Solignat p. 101-130 accès libre avec résumé
    Désormais bien connu pour les rois et les princes de la fin du Moyen Âge et de la première modernité, les funérailles nobiliaires demeurent un terrain encore inexploré pour une noblesse plus modeste, pour qui l'essentiel de la distinction sociale reposait sur la propriété féodale. Les obsèques appartenaient aux rites sociaux destinés à manifester le rang et la qualité d'un individu et des siens. Seule cérémonie véritablement personnelle de la vie d'un gentilhomme, la mort noble se distinguait de la mort du vulgaire. Il s'agissait d'un événement central de la vie de la seigneurie, célébré par l'ensemble de la communauté, dans lequel chacun était mobilisé pour honorer le défunt, et à travers lui, l'ensemble de son lignage, vivants et morts. La ritualisation de la mort seigneuriale prenait la forme d'une pompe funèbre parfaitement normée à la Renaissance. Les élections de sépulture entraient également dans la représentation de la puissance nobiliaire. La constitution de nécropoles familiales témoignait d'une forme de reproduction sociale de la noblesse dans une configuration topolignagère. Véritables sanctuaires dynastiques, ils offraient un cadre fixe et permanent à la célébration de la memoria de la parenté aristocratique, dans laquelle chaque ancêtre était individualisé. Les fondations pieuses la plaçaient dans le domaine de l'immémorialité, tout comme elles reflétaient dans le même temps les attaches territoriales et le pouvoir local d'un lignage. L'attachement au tombeau familial est perceptible dans les fureurs iconoclastes qui touchèrent les sépultures nobiliaires pendant les guerres de religion. En détruisant la tombe de son ennemi, on le blessait durablement dans ce qu'il avait de plus cher : la mémoire des ancêtres, présents spirituellement et protecteurs sanctifiés du lignage sur terre et sur ses terres.
  • La promotion de l'animal sensible. Une révolution dans la Révolution - Éric Baratay p. 131-153 accès libre avec résumé
    Les débats contemporains sur la sensibilité de l'animal, le respect et la protection de celui-ci, l'extension du droit à son profit et son utilisation éthique sont pour la première fois, non pas évoqués, mais publiquement et politiquement débattus au moment de la Révolution française. Sous l'influence du rousseauisme, prônant la prééminence de la sensibilité sur la raison, et dans le contexte révolutionnaire de bouleversement des idées, des situations et des conditions, cette question des animaux est maintes fois posée dans des rapports, des mémoires et lors de discours officiels. Les thèses avancées et débattues sont étonnement modernes et encore d'actualité. Leur caractère révolutionnaire peut peut-être s'expliquer par la volonté débridée de repenser toutes les conditions, à commencer par les sujets et les esclaves, car penser l'autre c'est un jour penser l'animal.
  • La méthode prosopographique et l'histoire des élites dans l'Antiquité tardive - Vincent Puech p. 155-168 accès libre
  • Comptes rendus - p. 169-279 accès libre