Contenu du sommaire : Qui est le patron des associations ?

Revue Mouvements Mir@bel
Numéro no 81, printemps 2015
Titre du numéro Qui est le patron des associations ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Qui est le patron des associations ?

    • Éditorial - Simon Cottin-Marx, Anahita Grisoni, Olivier Roueff p. 7-9 accès libre
    • « La rationalité économique et financière de l'État écrase tout intérêt pour le fait associatif » : Entretien avec Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade - Vincent Bourdeau, Simon Cottin-Marx p. 11-25 accès libre avec résumé
      La Cimade intervient auprès des déplacés et réfugiés depuis sa création en 1939-1940 pour venir en aide aux évacués d'Alsace-Lorraine. Depuis cette date, la Cimade est aux côtés des étrangers – immigrés et réfugiés – pour leur apporter un soutien juridique et une assistance administrative, ainsi que pour faciliter leur insertion sociale. Dans cet entretien, Jean-Claude Mas, secrétaire général de l'association depuis 2012, a accepté de revenir sur l'évolution récente du contexte politique d'intervention de la Cimade et sur les effets de cette évolution sur la mission de l'association. En 2008, la convention qui liait l'État et la Cimade depuis 1984 pour l'intervention dans les centres de rétention a été remise en question. Soumise à un marché public, les prestations d'assistance et d'accompagnement font désormais l'objet d'une mise en concurrence entre différentes associations qui se partagent un marché réparti en lots régionaux. Cette transformation est le point de départ d'une discussion plus générale sur le sens du fait associatif aujourd'hui, dans un monde soumis aux contraintes de la rationalité économique où les logiques politiques et juridiques ont de plus en plus de mal à faire entendre leurs voix.
    • Les mutations institutionnelles du monde associatif - Jean Bastide p. 26-37 accès libre avec résumé
      Au cours de l'histoire, le régime associatif a parfois été craint par les pouvoirs, mais ceux-ci ont aussi été tentés de l'utiliser à leurs fins. Issue d'initiatives privées, l'association est fréquemment aujourd'hui un instrument de mise en œuvre des politiques publiques. La grande diversité des associations, par la taille, par les objectifs et les projets et par les domaines dans lesquels elles interviennent, rend toute coordination difficile entre elles.
    • Le projet de l'économie sociale et solidaire : fonder une économie acapitaliste : Entretien avec Jean-François Draperi - Simon Cottin-Marx, Matthieu Hély p. 38-50 accès libre avec résumé
      Un grand nombre d'associations font partie du secteur de l'« économie sociale et solidaire » (ESS) par leurs objectifs et par leurs modes d'organisation. Dans cet entretien, Jean-François Draperi, rédacteur en chef de la Revue internationale d'économie sociale (Recma) et directeur du Centre d'économie sociale travail et société au Cnam, propose de clarifier ce qu'est et n'est pas l'ESS, en regard notamment de l'organisation capitaliste et de l'entrepreneuriat social. Il voit dans les formats associatifs et coopératifs de l'ESS des outils majeurs de la démocratisation d'une économie affranchie du capitalisme.
    • Les entrepreneurs sociaux à l'assaut du monde associatif - Clément Gérome p. 51-59 accès libre avec résumé
      Cet article entend fournir quelques éléments de compréhension au développement récent de l'entrepreneuriat social en France. L'auteur souhaite montrer que la mobilisation de la thématique de l'entrepreneuriat social par certains dirigeants associatifs vise à reformuler les discours et renouveler les pratiques au sein du monde associatif afin de rapprocher celui-ci des acteurs et des institutions de l'économie capitaliste, dans un contexte de concurrence accrue entre associations et de privatisation des financements publics.
    • Accompagner les associations. De l'éducation populaire aux politiques de l'emploi - Sylvère Angot, Simon Cottin-Marx p. 60-69 accès libre avec résumé
      À travers l'étude de deux politiques publiques d'accompagnement du monde associatif, le texte propose une lecture des mutations des logiques d'actions de l'État. Le déclin du soutien au projet d'émancipation des associations est mis en parallèle avec la montée en puissance d'une logique d'instrumentalisation des associations dans le cadre des politiques de l'emploi. Les auteurs exposent la nécessité d'une complémentarité entre ces deux dynamiques, dont le maintien est rendu difficile par la privatisation de l'action publique.
    • Les associations, lieu de réinvention du travail ? - Nadia Bellaoui, Marie Lamy p. 71-76 accès libre avec résumé
      Le monde du travail associatif est marqué par la précarité et l'exploitation. Pourtant, malgré ce constat, les salariés semblent, plus qu'ailleurs, motivés et satisfaits de leurs emplois. Les co-auteures de cet article, membres du Mouvement associatif – fédération des fédérations associatives –, soulignent que les associations sont aussi un lieu de réinvention d'un travail non-instrumentalisé par la recherche du profit, motivé par la recherche de bénéfices sociaux.
    • Créer un syndicat pour défendre les salariés du secteur associatif : Entretien avec Nayla A. et Elsa M. du syndicat Asso - Simon Cottin-Marx p. 77-83 accès libre avec résumé
      Cet entretien présente la récente genèse du syndicat Asso. Deux de ses membres fondateurs reviennent sur les enjeux qui traversent la pluralité des secteurs associatifs et qui les ont poussées à s'organiser. Elles pointent la précarité de leurs conditions de travail, la spécificité de leurs relations à leurs employeurs et nous rapportent les propositions qui ont fait naître ce nouveau syndicat.
    • Des relations de travail sous tension : administrateur.e.s et salarié.e.s des centres sociaux - Catherine Neveu p. 84-89 accès libre avec résumé
      À partir d'une enquête sur les centres sociaux, l'auteure explore les tensions qui se créent autour de la fonction employeur qui incombe aux administrateurs bénévoles. Nécessité de formation des administrateurs, difficultés pour renouveler leurs conseils d'administration, confusion des rôles entre salariés et bénévoles, dérive gestionnaire, perte de sens... L'auteure invite à repenser la position et le rôle de chacun, que ce soit dans les associations, aussi bien que celles-ci face à leurs partenaires.
    • Travailler dans les associations est un sport de combat - Thierry Brulavoine, Lisann Marquis, Patricia Hanssens, Simon Cottin-Marx, Julien S. p. 90-106 accès libre avec résumé
      Les six contributions de salarié-e-s associatifs que nous avons regroupées témoignent, chacune à leur manière, des spécificités du travail associatif. Le premier texte montre comment la bureaucratie peut s'imposer aux associations et devenir chronophage. Les contributions suivantes donnent un regard sur l'intérieur des associations : des sociétés de personnes qui peuvent être traversées par des conflits, des mauvaises pratiques et entraîner de la souffrance au travail. Plusieurs « petites luttes », expérimentations, soulignent qu'il est possible de tendre vers une conciliation des valeurs et des pratiques, lutter pour garder l'envie de travailler dans ces organisations qui portent la transformation sociale.
    • De l'instruction militaire à l'éducation populaire, que reste-t-il de l'objection de conscience dans le service civique ? - Florence Ihaddadene p. 107-115 accès libre avec résumé
      Cet article propose une genèse du service civique. Ni emploi, ni bénévolat, ce statut dépend du Code du service national et trouve sa source en grande partie dans l'objection de conscience. L'article offre un parallèle historique, montre le glissement d'un statut donné aux contestataires à un dispositif destiné à revitaliser la citoyenneté et l'insertion des jeunes.
    • Figures de l'employeur et formes du « dialogue social » dans les entreprises de l'ESS - Matthieu Hély, Sophie Rétif, Maud Simonet p. 116-125 accès libre avec résumé
      À partir d'une enquête réalisée auprès d'organisations de l'économie sociale et solidaire, les auteurs nous proposent de découvrir qui est l'employeur dans ces structures. Selon le secteur, ce sera le dirigeant bénévole ou le dirigeant salarié. Une typologie éclairante des différents types de rapports salariaux est présentée ; loin de l'utopie du « travailler autrement », cet article nous permet de comprendre ce qui se joue réellement, quand et comment les salariés participent, ou non, à la vie démocratique de la structure.
    • Repenser le salariat et le travail associatifs : Le Mouvement rural de jeunesse chrétienne aurait-il des enseignements à nous transmettre ? - Thierry Véclin p. 127-139 accès libre avec résumé
      Le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) explore des modes de gouvernance inédits qui pourraient servir de modèle aux associations de l'éducation populaire. Le MRJC se distingue notamment parce qu'il est composé de jeunes bénévoles, aux commandes de l'association. Ici, les salariés chargés de l'animation sont appelés « permanents » ou « militants salariés », ce qui ne laisse pas de doute sur la nature de leur engagement. Le « personnel ressource », quant à lui, s'occupe des tâches de gestion de l'association. Depuis 85 ans, les orientations de l'association tendent à s'inscrire dans les évolutions générales de la société.
    • Travailler là et pas ailleurs. Le sens de la démocratie dans le monde associatif - Christian Lamy p. 140-144 accès libre avec résumé
      Dans les associations, les pratiques importent au moins autant que les règlements, qu'il s'agisse du fonctionnement démocratique ou de la représentation des salariés au sein des instances de décision. Les relations entre bénévoles et salariés sont ainsi d'autant plus complexes qu'elles s'inventent au quotidien, que les rôles sont rarement fixes et que chacun doit veiller à ce que tous demeurent au service du projet associatif. Travailler dans une association n'est pas anodin, ce n'est pas un emploi salarié classique, c'est aussi un engagement.
    • Des salariés subordonnés à la transformation sociale - Patrice Weisheimer p. 145-151 accès libre avec résumé
      Au début des années 1980, les syndicats de l'éducation populaire ont fait majoritairement le choix de l'intégration à la fonction publique. Avec la décentralisation concomitante, le travail dans les associations du secteur s'est vu partagé entre fonctionnaires, salariés, bénévoles et parfois bénéficiaires. Patrice Weisheimer, secrétaire général du Syndicat de l'éducation populaire (SEP UNSA), expose la manière dont son organisation tente de renouveler l'horizon de la transformation sociale, issu à l'origine des idéaux de la Résistance, dans un contexte marqué par le new public management et le chômage des jeunes mais aussi par la montée des pratiques d'empowerment.
    • Le projet syndical en association : un outil d'émancipation - Frédéric Amiel p. 152-156 accès libre avec résumé
      Trop souvent, les syndicats sont perçus à travers leur seul rôle de « gardiens de droit du travail ». Ici, l'auteur met en exergue le projet de société porté par le syndicat Asso, au-delà des frontières du monde associatif. Pour que ce secteur ne soit plus un laboratoire de la domination, il est indispensable que des structures portent un message d'émancipation. La tâche est rendue difficile par la dépendance financière des associations aux bailleurs, mais aussi par les relations spécifiques entre employés et employeurs. La proposition de revenu universel et la dissolution de la frontière salariés/bénévoles semblent être des pistes pour garantir aux associations la capacité de porter un projet de transformation sociale.
    • S'organiser en coopérative plutôt qu'en association : Entretien avec David Eloy, rédacteur en chef de la revue Altermondes - Simon Cottin-Marx p. 157-164 accès libre avec résumé
      Le partage des rôles entre salariés et dirigeants bénévoles manque parfois de cohérence politique. Lorsque les associations vivent uniquement de leurs activités économiques et peinent à trouver un modèle salarial, se transformer en coopérative n'est-il pas une piste à suivre ? Dans cet entretien, le rédacteur en chef de la revue Altermondes explique ce qui a poussé l'association porteuse du projet à se transformer en société coopérative d'intérêt collectif (SCIC).
  • Itinéraire

    • L'éducation populaire ça cartonne ! : Entretien avec Luc Carton - Pierre-Jean Brasier p. 165-180 accès libre avec résumé
      Luc Carton est un philosophe belge dont l'apport théorique a été décisif pour l'éducation populaire. Son parcours reflète l'ouverture de sa pensée. Du Niger aux quartiers populaires de Bruxelles, de l'éducation populaire à l'évaluation des politiques publiques, du mouvement ouvrier aux hautes sphères de partis politiques en passant par la Fédération française des MJC, dans cet entretien, Luc Carton nous livre ses multiples vies, ses nombreuses expériences, qui ont contribué à l'évolution de sa pensée.