Contenu du sommaire : Nouvelles recherches

Revue Relations internationales Mir@bel
Numéro no 158, juillet-août 2014
Titre du numéro Nouvelles recherches
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Catherine Nicault p. 3-8 accès libre
  • L'article 231 du traité de Versailles, les faits et les représentations. Retour sur un mythe - Vincent Laniol p. 9-25 accès libre avec résumé
    L'article 231, lieu de toutes les hostilités au traité de Versailles, n'a pas été rédigé dans le but d'obtenir un aveu de culpabilité morale par l'Allemagne. Il a pour seule origine la volonté américaine de s'opposer à la revendication franco-britannique d'un droit à réparation intégrale de la part des Allemands. Ce faisant, les rédacteurs du traité tentèrent de fonder juridiquement les réparations et déclinèrent une responsabilité théorique (civile) de l'Allemagne pour les dommages causés ce qui n'excluait pas une certaine ambiguïté quant à son aspect moral. C'est en réalité la délégation allemande et plus particulièrement son chef, Brockdorff-Rantzau, qui lui donnèrent la signification morale qu'ils s'attendaient à trouver dans les clauses de la paix. Les « cultures de guerre » et leurs représentations héritées du conflit empêchèrent tant que les Allemands que les Alliés de revenir à la signification originelle de l'article 231.
  • Le Centre universitaire méditerranéen de Nice et les stratégies d'influence de l'Italie fasciste. Entre légitimations croisées et suspicions mutuelles - Jérémie Dubois p. 27-43 accès libre avec résumé
    Le Centre universitaire méditerranéen de Nice (CUM), créé en 1933 sous l'égide de l'université d'Aix-Marseille a entretenu des liens ambivalents avec l'Italie fasciste. Son administrateur, l'écrivain Paul Valéry, et son directeur, Maurice Mignon, n'ont cessé de solliciter de Rome l'envoi de spécialistes de la langue et de la culture italiennes. Le ministère des Affaires étrangères italien a d'abord préféré charger le comité niçois de la Société Dante Alighieri de représenter l'Italie et l'italien au CUM. Mais alors que les relations franco-italiennes se détériorent, la « chaire d'italien » longtemps réclamée devint stratégique pour l'Italie. Rome accepte de financer à partir de 1938 un « lecteur d'italien » au CUM, moins dans un but universitaire que dans une stratégie d'irrédentisme.
  • La politique fasciste de revendications territoriales à l'égard de la France et ses enjeux (1938-1943) - Diane Grillère-Lacroix p. 45-58 accès libre avec résumé
    Partie intégrante de la relation franco-italienne, la politique fasciste de revendications territoriales sur la France, qu'elles soient irrédentistes ou coloniales, s'exprime pleinement de la veille du second conflit mondial à la fin de l'occupation, celle, longtemps négligée par l'historiographie d'une partie du territoire métropolitain français, de 1940 à 1943, par l'Italie. Alors qu'elles ne sont jamais exposées officiellement ni définies clairement, ces revendications sont relayées essentiellement par la propagande fasciste. Elles n'en prennent pas moins une dimension politique, diplomatique et même économique pour les gouvernements italien, français mais également allemand. Ainsi se trouvent-elles au c?ur du triangle italo-franco-allemand durant ces cinq années.
  • Pechkoff et le Japon, 1946-1949 - Yuichiro Miyashita p. 59-74 accès libre avec résumé
    Entre 1946 et 1949, le général Zinovi Pechkoff est envoyé à Tokyo en tant que chef de la mission française de liaison auprès du commandant supérieur allié au Japon. Il représente la France dans le Japon sous occupation alliée, laquelle est en réalité une occupation américaine. La France, en raison de sa présence en Indochine, se considère comme une puissance majeure en Asie. Elle souhaite donc faire entendre sa voix auprès des Américains sur divers problèmes liés au sort du Japon. Mais les Américains ne se soucient guère des intérêts français. À Tokyo, Pechkoff doit faire face à cette réalité alors que des projets grandioses sont élaborés à Paris. Des malentendus existent non seulement entre Paris et Washington mais aussi entre Paris et Pechkoff. Le but de cet article est de rendre compte de ceux-ci à travers les actions de ce dernier.
  • Les communications aériennes entre l'Espagne et Cuba à l'épreuve de la crise des missiles (octobre 1962-février 1963) - Étienne Moralès p. 75-91 accès libre avec résumé
    Cet article vise à expliquer la suspension des vols d'Iberia à La Havane entre octobre 1962 et février 1963 et à décrire les effets de l'absence de transports entre l'Espagne et Cuba sur les relations entre ces deux pays. Nous montrons que si le gouvernement cubain ferma l'aéroport de La Havane puis le rouvrit dans le contexte de la crise des missiles, la décision fondamentale de suspension a été prise par Franco, pour satisfaire à une réclamation du Département d'État des États-Unis après le vol du 17 novembre 1962 à La Havane. La suspension de cette connexion aérienne entrava la sortie de la valise diplomatique espagnole de Cuba et restreignit le commerce hispano-cubain à l'époque de Noël, tandis que la reprise des vols entraîna une reconfiguration des réseaux d'émigration de Cuba : Madrid devint alors en une voie importante pour gagner les États-Unis.
  • Les relations personnelles entre Nixon, Pompidou et leurs entourages - Laurent Cesari p. 93-102 accès libre avec résumé
    Nixon et Kissinger ont multiplié les attentions personnelles envers Pompidou et ses ministres, à la fois par admiration envers de Gaulle, dont Pompidou était le successeur immédiat, et pour multiplier les interlocuteurs des États-Unis, par crainte qu'une Europe trop unie n'échappe à l'influence de Washington. Les notes prises par Jobert en conseil des Ministres montrent que Pompidou a tenté de mettre à profit ces avances pour obtenir une stabilité des changes permettant de maintenir à long terme une relative sous-évaluation du franc par rapport au mark, et une aide américaine à la construction de missiles nucléaires à têtes multiples. Son échec sur ces deux points explique la dégradation des relations franco-américaines pendant la dernière année de sa présidence.
  • De la volatilité comme paradigme : la politique étrangère américaine vis-à-vis de l'Inde et du Pakistan dans les années 1970 - Thomas Cavanna p. 103-116 accès libre avec résumé
    Cet article décrit les contours et l'influence de la politique étrangère américaine vis-à-vis de l'Inde et du Pakistan de 1971 à 1981. Il procède en quatre temps, correspondant aux grands tournants - supposés - de cette politique : troisième conflit indo-pakistanais (1971), premier essai nucléaire de l'Inde (1974), changements de régime et/ou de leader dans les trois pays (1977), invasion soviétique de l'Afghanistan (1979). La priorité paradigmatique accordée par Washington à sa rivalité contre l'URSS évacua toute prise en compte des réalités du sous-continent indien. De cette négligence découla une politique régionale volatile, en termes de degré d'implication, d'objectifs et de positionnement vis-à-vis de la rivalité indo-pakistanaise. Cette volatilité contribua à décrédibiliser les États-Unis et, surtout, à déstabiliser la région sur le long terme.
  • La « fabrique de l'ennemi » en système totalitaire. Le cas syrien (1946-2014) - Matthieu Cimino p. 117-135 accès libre avec résumé
    À travers l'étude de deux moments révolutionnaires de l'histoire syrienne (1979-1982 et 2011-2014), cet article propose une analyse comparative des processus de « construction de l'ennemi » en milieu autoritaire. Le « système Assad », depuis la prise de pouvoir par Hafez en 1970, fonde sa stratégie de survie sur l'invention et l'entretien systématiques d'une altérité concurrente, à combattre. Cette figure de l'ennemi, protéiforme et évolutive, constitue l'un des déterminants majeurs de la politique étrangère syrienne, et demeure aujourd'hui au c?ur de la répression contre-révolutionnaire engagée en mars 2011. En s'appuyant sur un corpus d'entretiens semi-directifs et sur la compilation systématique des archives des journaux Al Baath et Tishrin, cet article s'intéresse tout particulièrement aux exemples comparés des représentations syriennes de l'État d'Israël et des mouvements salafis-jihadis type Al-Qaïda.
  • Notes de lecture - p. 143-151 accès libre