Contenu du sommaire : Faut-il continuer à étudier l'Union européenne ?

Revue Politique européenne Mir@bel
Numéro no 50, 2015/4
Titre du numéro Faut-il continuer à étudier l'Union européenne ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Faut-il continuer à étudier l'Union européenne ? : Introduction - Olivier Rozenberg p. 6-15 accès libre
  • I. Retour sur une revue

    • Pourquoi continuer Politique européenne ? - Céline Belot, Antoine Mégie, Sabine Saurugger p. 18-37 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pourquoi continuer à publier une revue d'études européennes ? Pourquoi continuer à publier en français ? Comment allier la croyance au nécessaire libre accès des résultats de la recherche publique et la quête d'un modèle économique permettant la production des revues qui rendent visibles et accessibles cette recherche ? Comment répondre à l'objectif nécessaire de professionnalisation du monde de l'édition scientifique dans un secteur où les ressources humaines d'aide à l'éditing sont de plus en plus rares au sein des établissements de recherche ? Telles sont les questions auxquelles les trois directeurs successifs de la revue répondent dans cette introduction du 50ème numéro de Politique européenne, l'occasion également d'un retour à grands traits sur leur histoire et leurs pratiques éditoriales.
      Why should we continue publishing a journal dealing with European policies and politics? Why, in particular, should we do so in French? How to combine a belief in open access to research results with a sustainable economic model that allows for producing the journal? How to respond to the crucial objective of the professionalisatisation of scientific editing in an area where human resources in universities are increasingly scarce? These are the questions raised in this introduction to the 50th anniversary special issue of Politique européenne, which offers the occasion for revisiting the journals history as well as its editorial practices.
    • Si les numéros de Politique européenne pouvaient parler… - Sophie Jacquot, Frédéric Mérand, Olivier Rozenberg p. 38-53 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette contribution propose une analyse du sommaire des 47 numéros thématiques de Politique européenne au regard des sous-disciplines qui y sont mobilisées. La place dominante de la sociologie politique, l'importance des politiques publiques, de l'analyse institutionnelle et de l'épistémologie, ainsi que la place réduite des relations internationales, de la pensée politique et des approches faisant appel aux méthodes quantitatives sont restituées dans le contexte de la science politique française et de la communauté internationale des études européennes.
      This contribution analyzes 47 special issues of Politique européenne in terms of the sub-disciplines covered. We observe the dominant position of political sociology, the significant space occupied by public policies analysis, institutional approaches and epistemology, but a limited interest for international relations, political theory and quantitative approaches. These findings are put in the context of French political science and the international community of European studies.
  • II. Les études européennes à l'heure de la crise. État des lieux interdisciplinaire

    • Rich, vivid, and ignored : History in European studies - Emmanuel Mourlon-Druol p. 56-69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse la place de l'histoire en tant que discipline au sein du champ des études européennes en 2015. Il observe d'abord que l'histoire est largement marginalisée dans les débats aussi bien publics qu'universitaires à propos de la situation actuelle de l'Europe, et explore les raisons qui peuvent expliquer cette situation. Il rappelle ensuite l'émergence, au cours des dernières années, d'une historiographie riche et vivante, et soutient que ceci ne laisse aucune excuse aux autres disciplines pour ne pas s'intéresser aux travaux des historiens qui sont d'une pertinence intellectuelle immédiate à leur champ d'enquête.
      This article examines the place of history as a discipline in the wider field of European studies in 2015. It first observes that history is largely marginalised both in public and academic debates about Europe's current predicament, and explores the possible reasons for this state of affairs. It then brings to the fore the emergence of a rich and vivid historiography in the last decade, and argues that the latter leaves no excuse to colleagues from other disciplines for not engaging with historians' work of immediate intellectual relevance to their field of inquiry.
    • The Lessons of the Crisis for EU Policy Making - Francesco Saraceno p. 70-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article examine la vision dominante de la crise de l'UEM, souvent attribuée à Berlin, et exprimant un consensus économique qui émergea dans les années 1990. Ce consensus se fonde sur le refus des politiques discrétionnaires, particulièrement en matière fiscale, laissant au jeu du marché le soin de répondre aux choses macro-économiques. Ce consensus constitua non seulement la réponse à la crise mais il fut à la base de la fondation de certaines institutions par le traité de Maastricht (mandat de la BCE et règles fiscales). Le papier met en avant les limites de cette approche. Des institutions s'inspirant du fonctionnement d'une fédération seraient nécessaires pour réduire les disparités et répondre aux crises économiques à venir.
      The article details the dominant narrative on the EMU crisis, the so-called “Berlin View”, centered around the macroeconomic Consensus that emerged in the 1990s. This Consensus rules out discretionary policy (in particular fiscal policy) as a tool for policy makers, that should let market adjustments take care of macroeconomic shocks. The Consensus not only shaped the response to the crisis, but it is also the foundation of the Maastricht institutions (ECB mandate and fiscal rule). The article contrasts this narrative with a more structural one, highlighting the non-optimality of the EMU. If this second narrative were correct, much more than austerity and fiscal consolidation were needed. Institutions mimicking the functioning of a federal state would be needed to avoid divergence and further crises.
    • Solitude, désœuvrement et conscience critique : Les ressorts d'une recomposition des études juridiques européennes - Loïc Azoulai p. 82-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les études juridiques européennes vivent un moment critique. Elles ont traditionnellement assumé un rôle de soutien et de consolidation du processus d'intégration. Il leur revenait de formuler, de porter et de protéger le programme d'intégration. Les juristes ont fait de l'Europe institutionnelle et de son droit « un tout structuré, organisé, finalisé ». Cette conception n'est plus soutenable et le rôle vertueux du droit est désormais contesté. L'Union n'a pas perdu son droit mais elle semble avoir perdu le droit comme facteur structurant, vecteur de dynamisme et de cohésion. Un tournant critique s'amorce dans les études juridiques européennes. Ce tournant devrait les plonger dans une interrogation fondamentale sur la forme à donner à l'expérience collective qu'est l'intégration.
      European legal studies are having a tough time. They traditionally found themselves in a role of support and consolidation of the integration process. They had the task of shaping a programme for Europe and of establishing a stable and resistant barrier against the risk of political disintegration. Accordingly, Europe and its law form a “structured, organized and finalized whole”. This conception is no longer tenable. It has exhausted its legal, political and social impetus. The Union has not lost its law but it seems to have lost law as a vector of dynamism and cohesion. We are witnessing a “critical turn” in contemporary EU legal studies. This should result in a worrying question for European lawyers today about the form that can be given to a collective experience such as European integration.
    • Le thème de la crise ou des chrysanthèmes pour l'Europe ? - Didier Chabanet, Nelson Filipe Anacleto, Maxime St-Arnault, Guillaume Freire, Xavier Skoczek p. 100-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Si les institutions européennes ont depuis leur origine connu des crises, qu'elles ont toujours su surmonter, les difficultés qu'elles rencontrent aujourd'hui semblent particulièrement sérieuses. Depuis la ratification du traité de Maastricht, trois problèmes majeurs se posent. D'une part la question du déficit démocratique européen. D'autre part, le rétrécissement de l'espace des choix politiques offerts aux citoyens, qui est de plus en plus soumis à des contraintes économiques. Enfin, la panne du modèle social européen. Ces différents facteurs, largement entrecroisés, constituent le terreau à partir duquel l'euroscepticisme prospère au sein de l'opinion publique.
      If the European institutions have always been able to overcome the crisis they face, the current difficulties seem particularly serious. Since the ratification of the Maastricht Treaty, three major problems arise. On the one hand, the question of the European democratic deficit. On the other, the narrowing of the space for political choices offer to citizens, which is increasingly subject to economic constraints. Finally, the failure of the European social model. These factors largely intertwined are the breeding ground from which Euro-skepticism spread among public opinion.
    • Les désillusions d'un Européen convaincu - Yves Mény, Didier Chabanet, Olivier Rozenberg p. 120-133 accès libre
  • III. Contre-études européennes et lieux communs

    • « Délégitimer l'Europe » : Et si l'Union européenne le faisait exprès ? - François Foret p. 136-149 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'UE est communément perçue comme développant des politiques qui contribuent explicitement à sa délégitimation. Une hypothèse novatrice est que cela relève d'une stratégie délibérée de polarisation en poussant à l'extrême les oppositions afin de pouvoir mieux les retourner en sa faveur, selon la théorie de l'« upside-down legitimacy ». Des données empiriques inédites éclairent le caractère fictionnel ou réaliste de ce scénario, et sont ensuite discutées à la lumière de l'état de l'art sur la nature et la justification de l'ordre politique européen. Cet article adopte un ton parodique dans le cadre du 50ème numéro anniversaire de Politique européenne.
      The EU is commonly perceived as fueling its lack of legitimacy by counter-productive policies. An innovative hypothesis is that, as a deliberate strategy following the theory of “upside-down legitimacy”, a search for polarization aims at pushing oppositions to the extremes in order to gain them back ultimately. Fresh empirical data test the fictional or realistic dimension of this scenario and are next discussed in relation to the state of the art about the nature and the justification of the European political order. This article is a parody for the commemorative 50th issue of Politique européenne.
    • La fin de « l'Europe des régions » ? - Romain Pasquier p. 150-159 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Lorsque l'on s'intéresse au sens des interactions entre intégration européenne et mobilisations régionales, on peut repérer dans la littérature deux interprétations quelque peu contradictoires du fait régional : un récit qui met en exergue les logiques de décentralisation du pouvoir générées par l'intégration et, de l'autre, un récit qui met au contraire en évidence la force centripète des politiques européennes. Bien que très utiles, ces approches ont pour principale limite de polariser l'analyse autour d'un jeu à somme nulle entre Union européenne, régions et gouvernements centraux laissant supposer que ce que les uns perdraient, les autres acteurs le gagneraient nécessairement. Il importe donc de dépasser ce débat binaire si l'on veut saisir les conditions de construction d'une gouvernance régionale pro-active autour des politiques de l'Union européenne.
      When we examine the interaction between European integration and regional mobilisation, two somewhat contradictory interpretations of the region within a multi-level playing-field become apparent: one school of thought that emphasises the shift towards the decentralisation of power brought about by integration, and another that, conversely, highlights the centripetal force of European policies. Although useful, the main limitation of these approaches is that they polarise the analysis around a zero-sum game between the European Union (EU), the regions and national governments, on the assumption that what one actor loses the others necessarily gain. However, we need to move beyond this binary debate if we are to fully grasp the proactive regional governance strategies around EU policies.
    • « Les études européennes, quel ennui ! » : Quelques mots sur une illusion bien fondée… - Antoine Vauchez p. 160-169 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Malgré les nombreux défis et les questions nouvelles qu'elle pose à la science politique, « l'Europe » reste un objet de recherche à part auquel est attachée une certaine réputation d'ennui. La difficulté tient sans aucun doute pour beaucoup à la « mauvaise réputation » de l'Union européenne elle-même qu'un solide « cercle de la croyance » tient pour « incompréhensible » et « baroque ». Mais, ce court article saisit l'occasion du numéro-anniversaire de la revue Politique européenne pour s'interroger aussi sur le rôle que jouent les « études européennes » elles-mêmes dans le maintien de ce « cercle de la croyance » et sur quelques leviers possibles pour en casser les effets, notamment en dessinant les contours de « sciences sociales de l'Europe ».
      Despite the many challenges and questions that European integration raises to political science, this research topic still maintains a strong reputation of boredom. The difficulty certainly relates to the « bad reputation » of the European Union itself, most often thought of as baroque and incomprehensible. This brief article takes the opportunity of the anniversary of Politique européenne to question the part that the scholarly field of « European studies » itself may have in such reputation, delineating possible ways out through the development of « social sciences of Europe ».
    • Sur le « normativisme intempérant » dans les études européennes : Lettre au comité de rédaction de Politique européenne - Jean Leca p. 170-199 accès libre
    • Normalisation ou dilution de l'analyse des politiques publiques européennes ? - Patrick Hassenteufel, Yves Surel p. 200-227 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article nous pointons deux types de tensions qui conduisent à une forme de dilution de l'analyse de l'action publique européenne : dans la littérature anglo-saxonne on peut constater un décalage entre des travaux empiriques renvoyant aux préoccupations et aux découpages institutionnels existants et ceux cherchant à appliquer des cadres théoriques généraux dans une logique de normalisation ; dans les travaux français la place prise par des travaux de sociologie politique permettant une meilleure connaissance des acteurs présent dans les arènes européennes a conduit à faire passer au second plan la question de leur action sur les enjeux de politiques publiques. C'est pourquoi nous plaidons ici pour un double décloisonnement : d'une part, entre différents modèles théoriques, d'autre part entre les perspectives dominantes de la littérature internationale (meso et macro) et celles des recherches françaises (plus micro).
      Two kind of tensions lead to a kind of dilution of policy analysis in European studies: in English speaking publications between analytical perspectives highly related to European institutions and more abstract theoretical reflexions intending to normalize European policy analysis; in French speaking publications sociological analysis of European leading actors tend to neglect the way they act on policy issues. Therefore we propose to integrate, on the one side, different theoretical frames; on the other side micro, meso and macro level analysis in order to bridge the different gaps we identified.
  • IV. La fin des études européennes ? Perspectives internationales

    • La crise des études européennes vue des États-Unis : « Élargissement » et « approfondissement » de la recherche sur fond de crise des théories de l'élargissement et de l'approfondissement de l'Union européenne - Vivien A. Schmidt p. 230-245 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les études européennes sont en crise aux États-Unis où l'attention des universitaires s'est tournée vers d'autres régions du monde quand elle ne s'est pas détournée de l'étude des aires géographiques en général. Une sortie de crise, déjà amorcée, passe par la normalisation des études européennes, par l'approfondissement de l'étude empirique et théorique de l'UE et par la comparaison avec un grand nombre de régions et d'États nations – que l'Europe soit analysée comme une sorte d'État, comme un acteur régulateur, politique, économique ou judiciaire. L'article illustre ce propos en passant rapidement en revue des ouvrages récents et porteurs d'un rapprochement transatlantique.
      European Union studies has been in crisis in the US, as scholarly attention has shifted to other regions and US scholars have lost interest in “regional studies”. The way out of the crisis, already in progress, is through the “normalization” of EU studies, by the deepening of theoretical and empirical investigations of the EU in comparison with a widening range of regions and nation-states across issue areas, whether as a “state-like” actor, as a regulatory, judicial, or policy actor, as a political or a political economic actor. The article illustrates by briefly highlighting recent books that cross the Atlantic divide.
    • Normativité au Royaume-Uni : Lorsque les European Studies se confondent avec des projets politiques - Andy Smith p. 246-260 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au cours des années 1960-1990, les travaux de la plupart des spécialistes britanniques de l'intégration européenne ont comporté un biais normatif favorable à ce processus. Depuis lors cette tendance se poursuit, mais de manière moins explicite, voire insidieusement. Cet article explique la première période résultant d'une « correspondance fortuite » entre les champs scientifique et politique, tandis que la cause de la normativité de la deuxième période découle d'un rapprochement entre les logiques d'action des champs scientifique et bureaucratique. Plus généralement, cette lecture permet notamment de penser les relations inter-champ en termes d'évolution de la structuration profonde des professions concernées.
      From the 1960s to the 1990s, research conducted by most British specialists of European integration featured a normative bias in favour of this process. Since then, this trend has continued, but more implicitly or even insidiously. This article explains the first period as resulting from “accidental resonance” between the scientific and political fields, whereas the normativity of the second period has stemmed from greater proximity between the logics of action of the scientific and bureaucratic fields. More generally, the approach applied here grasps inter-field relations from the angle of evolutions in the deep structuration of the professions concerned.
    • Un point de vue global sur l'Europe : Les configurations successives de l'intégration régionale - Richard Balme p. 262-282 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Quels sont les éléments qui fondent la spécificité et la singularité de l'intégration européenne ? Son expérience éclaire-t-elle les dynamiques régionales observables ailleurs, et jusqu'à quel point ? Pour les appréhender en se gardant des contre-sens, les processus de régionalisation doivent être contextualisés, c'est-à-dire analysés en intégrant les dimensions spatiales, temporelles et culturelles qui façonnent les intérêts politiques, les significations et les types d'investissement dont ils sont le support. Les pages qui suivent tentent de préciser les implications de cet argument, en s'inscrivant dans la perspective formalisée par le courant de l'analyse contextuelle, tel qu'il a été développé en particulier par Charles Tilly et Robert Goodin. Si la régionalisation prend des formes aussi inégales, c'est que sa mise en forme est dépendante des circonstances. Quels sont ces effets contextuels et comment s'exercent-ils ? C'est ce que nous tentons de clarifier à partir du cas européen, qui est celui ou les dynamiques de l'intégration ont été jusqu'ici les plus significatives, pour en souligner la singularité et en discuter la portée. Ce sont les propriétés de situation et de temporalité qui expliquent, dans cette perspective, le caractère unique de l'intégration régionale en Europe.
      What are the factors founding the specificity and the singularity of European Integration? To what extent does the European experience shed light on regionalization patterns observed in other parts of the world, and vice-versa? In order to be properly assessed, regionalization processes need to be contextualized. By this we mean that the spatial, temporal and cultural dimensions shaping the political interests, meanings and behavioral investments in regionalization are at the core of their understanding. The following pages develop the implications of this claim in the perspective formalized in particular by Charles Tilly and Robert Goodin. Variations in regional institutions across continents largely stems from the impact of local circumstances. What are these contextual effects and how do they operate? This what we try to clarify in the European case. Effects of location and temporality jointly combine to explain in this perspective the unicity and singularity of regional integration in Europe.
    • Vive la crise ! - Renaud Dehousse p. 284-294 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À rebours d'une lecture assez répandue, selon laquelle les multiples crises que connaît l'Europe sont à la base d'une sorte de déclin structurel des études européennes, la présente contribution y voit au contraire une occasion bienvenue d'explorer des aspects sous-étudiés de la construction européenne et de réfléchir à la façon dont ils peuvent être utilement analysés, facilitant du même coup une prise de distance bienvenue par rapport aux phénomènes étudiés.
      According to a widespread view, the manifold crises the EU is going through have caused a structural decline of European studies. Instead, this article suggests an alternative reading of the situation, according to which the crisis represent a good opportunity to analyze under-explored facets of European integration and re-think the way it is researched. By the same token, the crisis also encourages analysts to distance themselves from their object of study.