Contenu du sommaire : Altermondialisme saison 2

Revue Mouvements Mir@bel
Numéro no 63, juillet-septembre 2010
Titre du numéro Altermondialisme saison 2
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • Bilan du mouvement altermondialiste

    • Dix ans de Forum social mondial : quelques enseignements et quelques pistes pour repenser l'espace altermondialiste - Haeringer Nicolas p. 11-19 accès libre avec résumé
      Le Forum social mondial s'apprête à fêter ses dix ans. Au moment où la crise économique et financière vient valider leurs hypothèses et propositions, les militants altermondialistes multiplient les initiatives et les forums, tandis que se poursuivent les débats sur l'essoufflement de la dynamique alter. Dans cet article, Nicolas Haeringer analyse cet apparent paradoxe, en revenant sur les débats qui ont animé les acteurs du FSM au cours de la décennie passée et en analysant les innovations dans lesquelles ils se sont engagés, avant de dégager quelques perspectives sur l'avenir du Forum social mondial.
    • L'avenir du Forum social mondial : le travail de traduction - Santos Boaventura de Sousa p. 20-31 accès libre avec résumé
      Boaventura de Sousa Santos soutient l'idée que le FSM est le premier large mouvement progressiste qui fait suite à l'offensive réactionnaire néolibérale du début des années 1980. Le FSM porte l'espoir qu'un autre monde est possible, et s'il révèle la diversité des luttes sociales contre la globalisation néolibérale dans le monde entier, il appelle à un travail géant de traduction. D'un côté, les organisations et mouvements locaux sont très différents dans leurs pratiques et leurs objectifs, et évoluent dans des contextes très divers. De l'autre, les organisations transnationales, du Sud et du Nord, diffèrent grandement les unes des autres. Il se demande comment articuler, agréger et organiser des coalitions entre ces différents mouvements et organisations et propose la traduction comme alternative à la théorie générale.
    • Attac : un tournant écolo. Entretien avec Geneviève Azam - Haeringer Nicolas p. 32-46 accès libre avec résumé
      Fondée en 1998, Attac s'est donné pour objectif de « désarmer les marchés ». Plus de dix ans après, l'association, qui entend articuler éducation populaire et action n'a pas délaissé son travail des ressorts du néolibéralisme, et poursuit ses campagnes pour la taxation des transactions financières, contre les « plans de relance » et de soutien aux économies les plus touchées par la crise. Mais Attac s'est très largement ouverte aux questions environnementales et climatiques, qu'elle ne cesse de relier aux questions sociales et économiques. Dans cet entretien, Geneviève Azam revient sur ce « tournant écolo » dont elle est l'une des initiatrices.
  • Changer de pratiques ou changer le système

    • « Changer le système, pas le climat » : la construction du mouvement pour la justice climatique. Entretien avec Nicola Bullard - Haeringer Nicolas p. 47-57 accès libre avec résumé
      En décembre 2007, des mouvements sociaux et environnementaux, présents à Bali pour le sommet de l'Onu sur le changement climatique ont décidé de créer la coalition « Climate Justice Now ! » (CJN !). Deux ans après, ce réseau a été l'un des piliers des mobilisations organisés en marge du sommet de Copenhague - mobilisations que leurs organisateurs ont décrites comme marquant l'ouverture d'un « nouveau cycle de luttes ». Dans cet entretien, Nicola Bullard?** revient pour Mouvements sur la naissance de CJN ! et sur les liens que la coalition entretient avec la dynamique altermondialiste.
    • Retour sur l'émergence du mouvement pour la justice climatique. Entretien avec Michael Hardt - Haeringer Nicolas p. 58-63 accès libre avec résumé
      Pour Michael Hardt**, Copenhague pourrait bien être une étincelle qui débouche sur un nouveau cycle de luttes - des luttes plurielles, non dénuées de contradictions. Les penser, et éventuellement les dépasser, implique un travail de théorisation, autour, entre autres, de la question des « communs » : pour sauver le climat, sortir de la propriété1 ?
    • Quand la justice climatique remet en cause la modernité occidentale - Aguiton Christophe, Cabioc'h Hélène p. 64-70 accès libre avec résumé
      Les contours politiques de la « justice climatique » sont très largement issus des cadres d'interprétation altermondialistes, en même temps qu'ils contribuent à leur reconfiguration. Le passage (ou l'articulation) des approches altermondialistes à celles formulées en termes de justice climatique n'est pour autant ni naturel, ni évident. Il implique de faire place à de nouvelles thématiques, et de réinterroger les modalités de la transformation sociale. Christophe Aguiton et Hélène Cabioc'h s'attachent ici à analyser en quoi l'émergence du mouvement pour la justice climatique implique une remise en cause des fondements théoriques de la modernité occidentale - autrement dit d'approfondir et de radicaliser la « décolonisation » des imaginaires à laquelle les forums sociaux ambitionnent de contribuer.
    • De Copenhague à Cochabamba : nous cheminons en posant des questions renouvelées, ? - Müller Tadzio p. 71-81 accès libre avec résumé
      Les manifestations et le contre-sommet organisé autour du sommet de l'Onu sur le changement climatique de Copenhague (décembre 2009), puis le sommet des peuples de Cochabamba (Bolivie, avril 2010) ouvrent un nouveau cycle de mobilisations transnationales. Tadzio Müller, analyse ce en quoi ces deux conférences ont contribué à construire le « mouvement pour la justice climatique », entre enthousiasme et scepticisme. Il s'interroge sur l'espace politique et organisationnel que ces différents événements sur le climat ouvrent, sans omettre de proposer quelques éléments de réponses aux dilemmes et aux questions émergents?2.
    • La conférence mondiale des peuples sur le changement climatiques et les droits de la Terre-Mère - Houtart François p. 82-87 accès libre avec résumé
      Dix ans après la guerre de l'eau qui fut un moment important dans l'arrivée au pouvoir du Mas et de Morales, le gouvernement Bolivien accueillait à Cochabamba en avril 2010 la Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les Droits de la Mère Terre. Après le piteux résultat de la conférence de Copenhague, François Houtart considère que c'est étape une significative dans la construction d'un mouvement global pour la justice climatique. Tout en discutant les limites d'une initiative conviée par un chef d'État, l'auteur revient sur les propositions que comporte sa déclaration finale.
  • Perspectives de lutte

    • Face à la crise, récupérer les entreprises ? Retour sur l'expérience argentine. Entretien avec Emilio Taddei - Aguiton Christophe p. 89-98 accès libre avec résumé
      La crise argentine de 2001 et les mouvements sociaux qui en sont issus, ont profondément marqué l'imaginaire altermondialiste. Les mouvements de « piqueteros », les « assemblées populaires » ont ainsi largement influencé les militants alter et irrigué les premiers forums sociaux. Assez rapidement, cependant, ces mouvements se sont taris, en même temps que l'économie argentine se « redressait ». Certaines formes de lutte sont malgré tout parvenues à se pérenniser. Emilio Taddei analyse pour Mouvements l'apport de l'expérience usines récupérées puis autogérées par leurs ouvriers.
    • Réflexions sur le « capitalisme vert » - Combes Maxime p. 99-110 accès libre avec résumé
      Alors que les ouvrages et les enquêtes se sont multipliés sur la transition « verte » du capitalisme, Maxime Combes précise les limites de cette approche. Si le boom dans les secteurs des énergies renouvelables, de l'efficacité énergétique, ou dans l'automobile électrique ou hybride est réel, il reste difficile de percevoir en quoi il remodèle le néolibéralisme plus profondément que par une simple phase d'innovation créant de nouveaux biens et services profitables. Cette contribution permet de voir en quoi la Green Economy sert à structurer les positionnements internationaux des États et de la société civile dans et autour des négociations climatiques et environnementales. Pour l'auteur, ce n'est ni plus ni moins qu'un nouvel imaginaire de gauche, un nouveau paradigme d'émancipation comme ont pu l'être celui des Lumières puis du mouvement ouvrier, qui serait à préciser et expliciter.
    • Penser le passage du social au politique - Adamovsky Ezequiel p. 111-129 accès libre avec résumé
      L'un des débats les plus vifs dans lequel se sont engagés les militants altermondialistes porte sur leur rapport au politique - distance critique (et affirmation des forums sociaux comme espaces de la société civile) ou volonté d'appuyer les processus politiques proches pour tenter de construire des passerelles directes entre les revendications que portent les militants et leur mise en œuvre politique ? Entre les deux, les options et positionnements sont nombreux. Dans cet article, Ezequiel Adamosky plaide pour l'invention d'interfaces qui permettent le « passage du social au politique ». Il ne s'agit pas pour lui d'étudier un passage indispensable d'un stade de lutte à la prise de pouvoir. Adamosky propose en fait de renverser la perspective : les expériences sociales (les luttes) devraient venir irriguer le politique, et le « coloniser ». Pour cela, il est nécessaire de penser des formes d'organisations « anticipatrices ».
    • Villes en transition : imaginer des relocalisations en urgence - Semal Luc, Szuba Mathilde p. 130-136 accès libre avec résumé
      Changer le système ou changer les pratiques ? Selon Luc Semal et Mathilde Szuba, les promoteurs des Villes en transition renouvellent les réponses apportées à cette question en mêlant systématiquement à leur approche de la justice climatique l'échéance du pic pétrolier, peut-être déjà là. Ainsi, il ne suffirait pas de « revendiquer » mais il faudrait « s'y préparer » matériellement et psychologiquement. Mobilisant les concepts de résilience et de relocalisation, les « transitionneurs », souvent proches du mouvement altermondialiste, seraient porteurs d'un nouveau projet « d'émancipation sous contrainte ».
  • Thèmes

    • La tornade sécuritaire mondiale : néolibéralisme et châtiment à l'aube du xxie siècle - Wacquant Loïc p. 137-154 accès libre avec résumé
      A l'occasion des 10 ans de la parution de son ouvrage Les Prisons de la misère, Loïc Wacquant revient dans un exercice d'auto-sociologie sur la réception intellectuelle et militante du livre. Il revient également sur les analyses livrées alors et revisite le modèle d'articulation entre néolibéralisme et État pénal à lumière des développements récents.
    • Benchmarking : l'utilisation du chiffre dans la gestion de l'État. Entretien avec Emmanuel Didier - Simon Patrick p. 155-161 accès libre avec résumé
      Les méthodes de gestion incubées dans les entreprises ont inspiré largement les nouvelles formes de gestion de l'État. Que ce soit avec l'introduction du benchmarking, particulièrement visible dans la Révision générale des politiques publiques, ou la conception de politiques d'insertion fondée sur l'économie expérimentale, l'État nouveau style a un usage particulier des statistiques qui symbolise bien son inspiration néolibérale. Emmanuel Didier remet cette évolution en perspective dans l'histoire du chiffre dans la conduite des affaires publiques.
  • Livres