Contenu du sommaire : Pour en finir avec les riches (et les pauvres)

Revue Mouvements Mir@bel
Numéro no 64, octobre-décembre 2010
Titre du numéro Pour en finir avec les riches (et les pauvres)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

  • État des lieux : des riches et des pauvres

    • Les inégalités mondiales : une réalité plurielle - Boutaud Aurélien p. 13-21 accès libre avec résumé
      Qu'entend-on par inégalités mondiales ? Les indicateurs traditionnels – PIB, indice de Gini – sont-ils pertinents pour mesurer ces dernières ? Aurélien Boutaud présente un état des lieux de ces inégalités, en montrant qu'on ne saurait les appréhender sans insuffler une dimension écologique et politique au regard que l'on peut porter sur elles. C'est en effet sous l'angle des inégalités écologiques que se donne à lire la persistance du rapport colonial que le Nord entretient avec le Sud.
    • Regard sociologique sur l'oligarchie. Entretien avec Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon - Bourdeau Vincent, Flory Julienne, Maric Michel p. 22-40 accès libre avec résumé
      À l'occasion de la sortie de leur dernier ouvrage Le président des riches (aux Éditions Zones/ La Découverte, 2010) Mouvements a rencontré les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon. Le parcours de ces deux chercheurs, anciennement rattachés au Centre de sociologie urbaine (CNRS), a été marqué par le choix d'un objet, au début des années 1980 : la haute bourgeoisie et l'aristocratie parisiennes. Au départ, comme ils nous l'indiquent dans l'entretien, il s'agissait d'étudier les stratégies spatiales de la bourgeoisie, comment certains quartiers se voyaient peu à peu dotés de murs symboliques (propreté, belles voitures et demeures, habitants soigneusement vêtus inhibent toute velléité de flânerie dans les beaux quartiers) et matériels (le prix du m2) au point de devenir de véritables « ghettos », même si réservés au « Gotha » (comme le suggérait le titre d'un de leurs ouvrages de 2007). Peu à peu c'est l'ensemble des habitus de la grande bourgeoisie qui ont été décortiqués au fil d'une œuvre qui ne compte pas moins de 10 ouvrages consacrés au sujet. Peut-être plus polémique dans son style que leurs précédents ouvrages, Le Président des riches permet de comprendre les rouages d'un système – l'oligarchie – qui s'est mis au service des classes les plus aisées de notre société. La haute bourgeoisie et l'aristocratie seraient ainsi le dernier groupe social à manifester un fonctionnement de classe, d'une classe consciente non seulement de ce qu'elle est, mais aussi des intérêts qu'elle doit défendre pour se maintenir comme telle.
    • Sauvons les riches ! - p. 41-42 accès libre
  • La fabrique des revenus : la redistribution en question

    • L'impôt, les riches, la crise et la justice fiscale? - Drezet Vincent p. 43-50 accès libre avec résumé
      Dans la lutte contre les inégalités, l'impôt est outil sous-utilisé. Vincent Drezet revient sur l'évolution néolibérale récente de la fiscalité en France, et propose quelques pistes pour réformer l'impôt pour plus d'égalité et de justice fiscale. Il est temps, suggère-t-il, de reconsidérer une approche fiscale qui prendrait mieux en compte les inégalités de patrimoine dans une perspective de réhabilitation des impôts directs.
    • Responsabilité individuelle et justice sociale - Spitz Jean-Fabien p. 51-61 accès libre avec résumé
      Qu'est-ce qui peut justifier la présence d'inégalités dans une société juste ? Le débat, en théorie politique ces dernières années, a mis en avant l'idée que les inégalités dues au hasard, relevant moins des choix des individus que du contexte dans lequel ces derniers se déterminent à agir, devaient être ciblées exclusivement afin de ne plus laisser s'exprimer que des formes d'inégalités méritées, dues aux efforts (ou non-efforts) des uns et des autres. Jean-Fabien Spitz plaide, au contraire, pour une approche de la responsabilité déconnectée de la question de l'auteur de l'action et rattachée à un point de vue moins individuel que social sur la justice, à partir duquel devraient se déterminer les manières dont nous voulons nous traiter les uns les autres lorsque nous agissons dans le cadre d'une société juste. L'égalité que l'on doit viser est ainsi moins une égalité des chances, qu'une égalité de traitement excluant toute forme de domination, dans tous les lieux et tous les temps de nos existences.
    • Deux manières de présenter le défi de la justice globale - Dietsch Peter, Ferretti Thomas p. 62-69 accès libre avec résumé
      L'aide au développement est la stratégie la plus couramment adoptée dans la réduction des inégalités Nord / Sud qui est le véritable défi de la justice globale. L'idéal redistributif sur lequel repose l'aide au développement est non seulement mal assuré au plan normatif, mais se révèle peu efficace sur le plan pratique. Peter Dietsch et Thomas Ferretti plaident, exemple à l'appui, pour une justice institutionnelle qui modifierait les rapports économiques entre pays en les plaçant sur un pied d'égalité.
  • Alternatives

    • Misère, inégalités sociales et étatisme marchand. Un point de vue « décroissant » - Bayon Denis p. 71-78 accès libre avec résumé
      L'approche « décroissante », aussi multiple soit-elle dans ses formulations, a mauvaise presse. Denis Bayon revient sur la signification du terme et suggère qu'entre une option « décroissante » qui peut paraître utopique et l'ensemble des mesures de sortie de crise qui s'appuient sur les institutions de la croissance, tout simplement chimériques, nous n'avons guère d'options possibles pour assurer à tous un accès à une vie préservée des nuisances écologiques et des inégalités matérielles les plus criantes.
    • La « clause de Locke » au service de « l'égaliberté » - Flipo Fabrice p. 79-86 accès libre avec résumé
      La clause de Locke, formulée par le célèbre philosophe anglais du XVIIe siècle, stipule que l'appropriation privée des ressources naturelles n'est légitime qu'à condition de préserver un égal accès pour tous à ces mêmes ressources, en même quantité et même qualité. Fabrice Flipo s'appuie sur cette formulation pour redessiner les exigences morales et politiques d'une meilleure répartition des ressources. L'égalité entre Nord et Sud, mais aussi entre les différents citoyens de chacune de ces régions du monde, se trouverait ainsi adossée non plus seulement sur des formules de redistribution, mais plus directement de répartition.
    • Le revenu maximum, un levier pour le changement - Kempf Hervé p. 87-91 accès libre avec résumé
      En une trentaine d'années, les écarts de rémunérations ont explosé. Alors qu'un grand dirigeant d'entreprise, pendant les Trente glorieuses, gagnait environ 35 fois le salaire moyen de ses employés, le rapport peut aujourd'hui aller de 1 à 300. Face à un tel constat, l'idée d'un revenu maximum fait son chemin dans le débat public. Elle apparaît aussi comme un instrument essentiel d'une politique écologique.
    • L'impératif du salaire maximum : un point de vue outre-Atlantique - Blader Ruth Foxe, Castleton Edward p. 92-99 accès libre avec résumé
      La crise économique et financière a révélé les failles d'un système qui se nourrit, particulièrement aux États-Unis, des inégalités matérielles qu'il engendre. Edward Castleton et Ruth Foxe Blader reviennent sur une chronologie récente qui aurait dû mettre l'argument d'un salaire maximum sur le devant de la scène.
    • Revenu d'existence et promotion de la sociodiversité - Arnsperger Christian p. 100-106 accès libre avec résumé
      Christian Arnsperger propose ici une variante originale du revenu d'existence. Il voit en effet dans ce dernier le revenu que les sociétés démocratiques confrontées à la crise du capitalisme devraient offrir aux expérimentateurs sociaux, aux inventeurs de vies nouvelles ayant pour objectif d'explorer de nouveaux modes de vie compatibles avec les contraintes écologiques actuelles et la raréfaction des ressources.
  • Table ronde : Richesse, Égalité, Fiscalité

    • Richesse, égalité, fiscalité : de la justice sociale à la transformation de nos modes de vie. Table ronde avec Vincent Drezet, Marc Fleurbaey - Bourdeau Vincent, Flipo Fabrice, Maric Michel p. 107-128 accès libre avec résumé
      Mouvements a voulu réunir des chercheurs et militants qui partagent un même constat alarmiste à la fois sur l'état des inégalités en France et dans le monde et sur l'émergence d'une nouvelle caste de rentiers dont l'existence inattendue dans le contexte de crise économique et environnementale que nous connaissons. Des chercheurs et des militants qui tentent d'élaborer, chacun à leur manière, des outils pour mieux définir la richesse, l'égalité et une fiscalité juste. Jean Gadrey s'est longuement penché sur l'évolution de nos sociétés industrielles vers des économies de services, à partir d'une approche socio-économique. Il a par ailleurs été l'un des premiers en France à réfléchir sur les limites des indicateurs économiques classiques, suggérant d'autres pistes pour évaluer la richesse. À ce titre, il a été membre de la Commission Stiglitz, tout comme Marc Fleurbaey. Ce dernier a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages sur les questions de justice sociale et de redistribution. Vincent Drezet est l'auteur de nombreux écrits plaidant pour une plus grande justice fiscale, dont il y a quelques mois Pour un « Big Bang fiscal » (Éditions Le Bord de l'eau / Attac) et en octobre 2010, en collaboration avec Liêm Hoang-Ngoc, Il faut faire payer les riches ! (Éditions du Seuil). Ils ont tous les trois accepté de réagir aux questions soulevées dans notre dossier, au cours d'une discussion qui a cherché à dresser le plus précisément possible un tableau de la situation actuelle mais aussi à dessiner des pistes pour en sortir.
  • Livres

  • Itinéraire

    • La fragilité de la réalité. Entretien avec Luc Boltanski - Rennes Juliette, Susen Simon p. 149-164 accès libre avec résumé
      Luc Boltanski, sociologue, est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Né en 1940, il est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages qui, tout en s'appuyant sur des terrains d'enquête variés – de la puériculture à l'engendrement et l'avortement, en passant par le monde professionnel des cadres, l'humanitaire ou le management — n'en sont pas moins liés par des questions transversales. L'analyse des dispositifs normatifs mobilisés par les acteurs pour faire « tenir » la réalité sociale ou la mettre en cause fait partie des fils conducteurs de sa sociologie. Si les outils d'analyse qu'il a contribué à forger pour mener ces enquêtes ont profondément marqué la sociologie de ces vingt dernières années, ces outils évoluent plus vite que ce que l'on retient généralement du « tournant pragmatique ». Et c'est une trajectoire sociologique tissée de doutes, de remises en cause méthodologiques et de petits virages théoriques, que nous livre ici ce sociologue sensible aux bricolages et aux « incertitudes de la vie sociale ».
  • Thème

    • Le débat télévisé comme performance collective : l'exemple de Mots Croisés - Villeneuve Gaël p. 165-179 accès libre avec résumé
      Connaître et comprendre les émissions télévisuelles de débat de l'intérieur, c'est ce que nous propose de faire dans cet article Gaël Villeneuve. En analysant le fonctionnement interne de l'émission Mots Croisés, l'auteur nous donne à voir ce que le téléspectateur ne peut pas distinguer devant son écran. Qui sont les personnes invitées au débat ? Comment est organisée une émission « en directe » ? Voici l'envers du décor.