Contenu du sommaire : La France en situation postcoloniale ?

Revue Mouvements Mir@bel
Numéro Hors-série, no 1, 2011
Titre du numéro La France en situation postcoloniale ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial : Censure, signe des temps - p. 7-8 accès libre
  • La France en situation postcoloniale ? - Esther Benbassa p. 9-12 accès libre
  • La brèche : Vers la radicalisation des discours publics ? - Nicolas Bancel p. 13-28 accès libre avec résumé
    Jusqu'au début des années 2000, l'héritage des dispositions juridiques et morales qui avaient suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale – telle la Déclaration universelle des droits de l'Homme en 1948 - explique une certaine retenue quant à la stigmatisation des populations minoritaires présentes en France, certaines d'entre elles ayant été décimées par le nazisme. Aujourd'hui, la mise en cause explicite de « groupe cibles » par le discours public peut être considérée comme une brèche.
  • Littérature et postcolonialismes - Jean-Marc Moura p. 29-35 accès libre avec résumé
    Boudée un temps par l'enseignement universitaire hexagonal, la perspective postcoloniale renouvelle la compréhension du champ littéraire contemporain. Elle vise autant l'étude des œuvres qui sont le produit d'une situation coloniale que celles qui, en palliant les béances de l'histoire, tentent de transmettre une mémoire qui excède les récits officiels. Face à une multiplicité de contextes historiques et linguistiques, l'approche postcoloniale est avant tout comparatiste et réflexive : elle dit toujours le lieu depuis lequel elle parle.
  • Traces littéraires des minorités postcoloniales en France - Alec G. Hargreaves p. 36-44 accès libre avec résumé
    Les écrivains français nés de parents immigrés des (ex)colonies souffrent d'un manque chronique de visibilité. Délaissés par les institutions universitaires et la critique littéraire françaises, ils sont victimes des maux qu'ils dénoncent et qui rongent la société française : assignation identitaire, inégalités de traitement. De la génération « beur » dans les années 1980 à celle des « banlieues » aujourd'hui, leur soif d'insertion s'est heurtée à la réalité des discriminations. Dans leurs œuvres, la désillusion côtoie une analyse lucide des préjugés postcoloniaux.
  • Mémoire retrouvée pour histoire oubliée : L'expression littéraire des Juifs originaires d'Afrique du Nord dans le contexte postcolonial - Ewa Maczka p. 45-54 accès libre avec résumé
    Depuis un demi-siècle, les écrivains français d'origine judéo-maghrébine ont cherché à sauvegarder une mémoire tissée entre les deux rives de la Méditerranée. En France, l'histoire des sépharades est marquée par la rupture avec la terre d'origine. L'expérience de la migration va déboucher sur celles de l'attente, de la déception, puis du métissage. La littérature se fait l'écho de ces vies en pointillés, de ces langues qui s'oublient, qui se réinventent en cherchant à construire une identité apaisée.
  • Noirs et Blancs en couleurs : Le passé colonial et le cinéma français contemporain - Caroline Eades p. 55-66 accès libre avec résumé
    Le cinéma français s'intéresse de manière régulière à la période coloniale depuis la fin de l'Empire français. Dès les années 1950, la référence à la colonisation dans un film est apparue comme un motif lourd de sens et de jeux de pouvoirs. La réactivation des traces de ce passé n'est jamais anodine. Cette mémoire reconstruite en images indique toujours sa nature : parcellaire, tronquée. Mais son rôle est ambigu. Elle peut renvoyer selon les cas à une volonté de perpétuer des stéréotypes ou au désir de témoigner d'une revanche sur l'histoire.
  • Mémoire et musique rap : L'indissociabilité de l'esclavage et de la colonisation - Laurent Béru p. 67-76 accès libre avec résumé
    Le rap venu des États-Unis émerge dans les banlieues françaises au début des années 1950. Les rappeurs français expriment une réalité sociale difficile. Leur musique cristallise les représentations et les jeux de pouvoir à l'œuvre dans la société française contemporaine. Si certains s'attirent les foudres des pouvoirs publics, la plupart mettent leur verve au service d'un engagement : en empruntant les clivages ethnoraciaux, ils entreprennent de réécrire l'histoire.
  • La mémoire du Cafi, dans le contexte de sa requalification urbaine (1956-2010) : De la tradition à l'accumulation - Sophie Wahnich p. 77-86 accès libre avec résumé
    L'aménagement du territoire pose des enjeux mémoriels. C'est le cas du projet de réhabilitation d'un camp de rapatriés originaires d'Indochine, installé depuis un demi-siècle dans une commune du Lot-et-Garonne. Le souhait des pouvoirs publics d'en normaliser l'habitat et de mieux l'intégrer à la vie communale se heurte à la volonté légitime des descendants de rapatriés de préserver la fonction symbolique d'un lieu de mémoire dans lequel ils ont grandi. Loin d'une simple revendication communautaire, il s'agit de maintenir une conscience historique locale.
  • L'émeute et le postcolonial à l'épreuve du politique dans les quartiers populaires - Michel Kokoreff p. 87-96 accès libre avec résumé
    Depuis une trentaine d'années des émeutes urbaines agitent régulièrement les quartiers populaires français. Une mémoire de la lutte s'est peu à peu construite dans les heurts avec les forces de l'ordre et l'odeur du caoutchouc brûlé. 1980, 1990, 1998, 2005... Au-delà de la violence qui bouleverse leur espace de vie, ces dates égrènent la montée des difficultés sociales, du racisme, de la relégation géographique et de l'assignation identitaire dont pâtissent les populations de ces quartiers. Quand la prise de parole demeure inaudible, l'émeute viserait à se faire entendre, envers et contre tous.
  • À la recherche d'une révolte postcoloniale : Socio-ethnographie d'une émeute de novembre 2005 - Thomas Sauvadet p. 97-105 accès libre avec résumé
    Novembre 2005, à l'instar de nombreux quartiers populaires de l'hexagone, une cité du Sud de Paris est agitée par les émeutes urbaines. Pour la plupart entre 15 et 20 ans, les émeutiers font partie de cette jeunesse « de rue » qui grandit à l'ombre des barres d'immeubles. Volonté de contester un ordre social qui les discrimine, désir de vengeance à l'encontre de certains voisins qui ne cachent pas leur racisme, les motivations de ces enfants de la cité sont diverses.