Contenu du sommaire : Varia

Revue A contrario Mir@bel
Numéro no 17, 2012/1
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Culture numérique et auctorialité : réflexions sur un bouleversement - Elsa Neeman, Jérôme Meizoz, Claire Clivaz p. 3-36 accès libre avec résumé
      Cet article se propose de prendre acte de l'événement que constitue l'entrée dans le numérique pour la littérature. Pour ce faire, c'est la notion d'« auctorialité » qui sera examinée: le changement au niveau du support du texte (on passe du livre à l'écran) a des conséquences sur le statut de l'auteur, le lien qu'il entretient avec sa production ou encore l'autorité qu'il possède sur celle-ci. Un large panorama de la notion de l'Antiquité à l'époque moderne, en passant par la critique française des années 1960 permettra de mesurer ces conséquences.
    • Les paroles de l'exclusion. Étude historique de l'œuvre autobiographique de Jorge Semprún - Raphaël Delarge p. 37-52 accès libre avec résumé
      Jorge Semprún affirme avoir cessé d'écrire de 1944 à 1964. On trouve pourtant différents écrits de sa main datant de cette période. Cet article s'attache à expliquer cette contradiction en analysant les discussions à la suite desquelles il fut exclu de la direction du Parti communiste espagnol. On y assiste à la transformation du dialogue en un simulacre de procès stalinien. Ce procès, jamais décrit comme tel, est le lieu d'une parole particulièrement aliénée, ce qui peut expliquer la contradiction que l'on trouve dans les ouvrages de Jorge Semprún. Son exclusion se révèle un tel traumatisme, notamment du point de vue du langage, qu'il trace a posteriori une frontière entre sa période communiste et sa carrière d'écrivain postérieure, rejetant les années 1944-1964 du côté du silence.
    • Que faire des dysfonctionnements ? Quelques observations sur l'écriture de l'histoire de l'Union soviétique - Grégory Dufaud p. 53-69 accès libre avec résumé
      Les archives soviétiques sont pleines de dysfonctionnements. Cet article entend évaluer leur signification en tant qu'ils étaient d'abord et avant tout une appréciation portée par les acteurs sur les situations. En suivant la théorie de l'enquête de John Dewey, le jugement est en effet envisagé comme un critère de connaissance mobilisé lors d'une situation trouble qui, ouverte par une rupture de l'expérience, rend toute action impossible. L'objectif est d'imaginer les modalités de production d'une histoire s'attachant à saisir le fonctionnement de la société soviétique à travers ce qui était identifié à des anomalies. C'est un déplacement de perspective qui est réalisé : le dysfonctionnement non pas en tant que fait à construire, mais en tant que résultat d'une activité pratique de saisie du monde. Pour ce faire, on s'appuiera sur quatre cas d'anomalie relatifs aux hôpitaux psychiatriques dans les années vingt.
    • Sentiment et écriture de l'autre en anthropologie - Silvana Borutti, Claude Welscher, Marco Motta p. 71-91 accès libre avec résumé
      Cet article fait le point sur certains enjeux épistémologiques de l'anthropologie contemporaine. L'auteure nous montre quelles sont aujourd'hui les vertus et les limites de l'approche interprétative et textualiste qui a prévalu depuis les années septante. Elle esquisse ainsi de nouveaux champs problématiques qui, bien que reconnus, sont peu et véritablement explorés. Elle nous invite, entre autres, à porter notre attention sur l'altération réciproque que suppose chaque nouvelle rencontre et à voir l'importance que joue, dans cette co-implication, les émotions, par ailleurs souvent occultées des comptes rendus ethnographiques finaux. L'accent mis sur ce qui fait la qualité de l'expérience pose le problème difficile de la textualisation. Qu'est-ce qui, de la rencontre, se dit et qu'est-ce qui, irréductiblement, ne se laisse pas dire ? Telle est la question phare à laquelle Silvana Borutti apporte quelques éclairages.
  • Document

    • Un concept scindé en quatre ? De la construction sociale de la réalité à la réalité des constructions sociales - Bastien Bosa p. 93-114 accès libre avec résumé
      Cet article s'interroge de façon critique sur la notion de « construction sociale », telle qu'elle est utilisée dans les sciences sociales. S'appuyant sur la distinction proposée par John Searle, puis Ian Hacking, entre le sens « épistémique » et le sens « ontologique » des notions d'objectivité et de subjectivité, il entend distinguer quatre niveaux d'analyse de la réalité. Le premier fait référence à tout ce qui ne dépend pas des sujets humains et de leurs institutions (les entités physiques, le substrat biologique universel commun à l'humanité, etc.). Le deuxième prétend rendre compte du caractère arbitraire des arrangements sociaux (ce que l'on pourrait appeler le caractère « construit » de la réalité sociale). Le troisième insiste au contraire sur les dimensions contraignantes des phénomènes sociaux (ce que l'on pourrait appeler la « réalité » des constructions sociales). Enfin, le dernier prétend rendre compte des multiples jeux possibles avec les forces structurelles (soulignant tout à la fois le caractère conflictuel et poreux des règles de la vie sociale ainsi que les formes de contournements et d'appropriations multiples que peuvent mettre en œuvre les personnes). Nous insisterons sur le fait que ces différents niveaux d'analyse ne renvoient pas nécessairement à quatre types d'objets différents mais davantage à quatre regards que l'on porte sur eux. Nous montrerons également que s'il nous paraît important de les distinguer conceptuellement, rien ne nous oblige à choisir entre ces différents niveaux.
  • Notes de lecture